Le hidjab n’est pas obligatoire en islam

28032007

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Gamal Al-Bana, Le trouble-culte.

         Qui est Gamal Al-Bana ? Son nom peut paraître habituel ; effectivement, il a le même patronyme que le fondateur des Frères musulmans d’Egypte. Il écrit depuis les années quarante sur le renouveau religieux et il est redécouvert à l’orée d’un retour de la religion sur la scène publique.  Ce penseur égyptien n’est autre que frère cadet du célèbre Hassan Al-Banna, fondateur des Frères musulmans. Il est en train de bousculer de manière violente les “constantes” islamiques et dérange gravement une certaine idée que l’on se fait de l’avenir des sociétés musulmanes qui ne peuvent être qu’inéluctablement livrées au salafisme triomphant. Il semble qu’il n’en soit rien et, plus que jamais, la pensée islamique semble prise d’une dynamique inattendue.  Al-Banna ne dit rien de moins que le hidjab, voile islamique, n’est pas une obligation légale, que la femme musulmane peut se marier sans témoin et sans ouali (tuteur  légal). Le penseur a fait ces déclarations dans un contexte particulièrement tendu en Egypte, alors que le ministre égyptien de la Culture, Farouq Hosni, avait critiqué cette propension de  ses concitoyennes à porter le hidjab. Si les propos du ministre sont le fruit d’un démarche intellectuelle éloignée des considérations spirituelles, les conclusions de Al-Banna sont, elles, éminemment religieuses. Pour lui, le hidjab s’est imposé à l’islam puisqu’il était une manière de s’habiller. 

Gamal Al-Banna souligne que le Coran n’est pas une “marque déposée” pour la retrouver sur les vêtements dits légaux (chari’). Les recommandations contenues dans le verset : “Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines ; et qu’elles ne montrent leurs atours qu’à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs soeurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu’elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. Et qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l’on sache ce qu’elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Allah, ô croyants, afin que vous récoltiez le succès”(1) traitaient de la manière usuelle de s’habiller à cette époque. Les femmes portaient le voile, comme elles le faisaient depuis des siècles que ce soit en Mésopotamie ou en Grèce, et les hommes des turbans pour se protéger du soleil ou de la poussière. Sinon le seul verset qui évoque le hidjab étant : “ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux.”(2) Selon Al-Banna, il s’agit là d’une allégorie relative à une rideau ou quelque chose qui cache du regard des autres les femmes du Prophète. Mais Al-Banna ne s’arrête pas en si bon chemin, il indique qu’un hadith réputé vrai (sahih) évoque les ablutions que faisaient en commun hommes et femmes et, ainsi, ces femmes ne pouvaient rester couvertes pour accomplir ce rite. Se référant à l’histoire l’islam, il rappelle que le khalife Omar avait sermonné une servante, esclave musulmane, pour s’être accoutrée en mettant le voile, celui-ci permettant de distinguer les femmes libres (qui le portent) des esclaves (qui ne le portent pas). 

Un hidjab qui cache bien des misères 

Mais en fait, la question du hidjab soulevée par Al-Banna peut paraître accessoire malgré le bruit et la fureur qu’elle a suscitée. Le penseur va plus loin en évoquant les question des libertés individuelles, notamment celles des femmes qui peuvent, selon lui, se marier sans recours ni à un tuteur légal ni à des témoins, les questions de la vie des musulmans en Occident alors qu’ils sont en proie aux tentations, sexuelles notamment, le rapport du musulman à la prière et la question de la suppression de la mixité qu’il qualifie d’“opération barbare”.  Les audaces qu’il ose sont sans commune mesure avec tout ce qui a été écrit ou dit jusque-là. Mais Al-Banna n’est pas là uniquement pour jeter des pavés dans la mare. Pour lui, la lecture même du Coran doit évoluer et les musulmans qui, selon ses propos, “ont donné à l’esprit congé depuis mille ans”, doivent revoir les interprétations du Coran à la lumière des connaissances modernes, de la pensée universelle et de la révolution que le Coran a apporté au moment de sa révélation. Quant au hadith, il en appelle à l’esprit critique des musulmans pour savoir distinguer ce qui est en conformité avec l’esprit du Coran et ce qui ne l’est pas. Il souligne qu’à l’époque des khalifes qui ont succédé au Prophète, certaines des sanctions extrêmes relatives aux péchés capitaux, comme couper la main du voleur, avaient été levées dans des circonstances particulières. Mettant en avant que l’adaptation relative du message divin est inscrite dans l’histoire même de l’islam, il se demande pourquoi ces mêmes adaptations ne seraient plus possibles aujourd’hui.  Pour le frère cadet du fondateur des Frères musulmans d’Egypte, les débats aujourd’hui plus pressants que celui autour du hidjab concernent la citoyenneté, le respect des principes des droits de l’homme dans les pays musulmans. Dès lors, si Al-Banna ouvre un débat au sens le plus large, il reste qu’on ne peut le qualifier d’incroyant (zinbdiq) ou d’impie pour la simple raison qu’il revendique haute et fort son islam et présente des connaissances et une érudition religieuse implacable. Al-Banna n’a rien d’un Ali Sina(3) qui utilise le Coran et ses connaissances religieuses pour mieux critiquer l’islam ; malgré tout ce qui s’est dit sur les Frères musulmans d’Egypte, il défend corps et bien la mémoire de son frère, le Cheikh Hassan. 

Bien entendu, les critiques de certains conservateurs, notamment ceux d’Al-Azhar et d’autres, profondément salafistes, ne se sont pas fait attendre. Pour eux, Al-Banna suit le même chemin tortueux que certains intellectuels laïcisants égyptiens ou arabes et n’apporte rien de nouveau. Certes, Al-Banna rappelle des faits historiques et se réfère énormément au patrimoine historique islamique, alors qu’il tire ses conclusions de ses lectures du Coran et des hadiths. Dans le même temps, en allant toucher à un des signes religieux les plus significatifs quant à un retour massif en religion des sociétés musulmanes (les femmes voilées), sous la férule essentiellement des mouvements salafistes ou chiites rampants, il touche à un marquage politique essentiel du fondamentalisme musulman.  Dès lors, même ceux qui le critiquent ne répondent pas aux questions qu’il pose ni ne participent au débat qu’il propose. Ne  pouvant remettre en question les idées qu’il avance,  seule la censure(4) qui le frappe en Egypte est à même de taire ses propos, faute de pouvoir les réfuter. 

Amine Esseghir   

1- Sourate Annour (la lumière), 31. 

2- Sourate Al Ahzab (les coalisés), 59.  3- Ali Sina est un laïc qui se présente comme un musulman qui a quitté l’islam. Il a créé Faith Freedom International, une sorte d’ONG qui possède essentiellement un site Internet destiné à donner aux musulmans qui ont abandonné leur foi la possibilité de témoigner pour, dit-il, “démasquer l’islam et montrer qu’il est une idéologie impérialiste qui tient du  nazisme, déguisée en religion”.  

4- Entre autres livres interdits de Gamal Al-Banna, sur proposition de la commission de censure d’Al-Azhar, La responsabilité de l’échec de l’Etat islamique.  

Un grand nombre d’articles de Gamal Al-Banna sont disponibles en arabe sur http: //www.metransparent.com/authors/arabic/banna.html. 

Source : http://www.lesdebats.com/editionsdebats/140207/Actualite.htm 




A ceux qui dorment

28032007

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Victor HUGO 

 

Réveillez-vous, assez de honte ! 

Bravez boulets et biscayens. 

Il est temps qu’enfin le flot monte. 

Assez de honte, citoyens ! 

Troussez les manches de la blouse. 

Les hommes de quatrevingt-douze 

Affrontaient vingt rois combattants. 

Brisez vos fers, forcez vos geôles ! 

Quoi ! vous avez peur de ces drôles ! 

Vos pères bravaient les titans ! 

 

Levez-vous ! foudroyez et la horde et le maître ! 

Vous avez Dieu pour vous et contre vous le prêtre 

Dieu seul est souverain. 

Devant lui nul n’est fort et tous sont périssables. 

Il chasse comme un chien le grand tigre des sables 

Et le dragon marin ; 

Rien qu’en soufflant dessus, comme un oiseau d’un arbre, 

Il peut faire envoler de leur temple de marbre 

Les idoles d’airain. 

 

Vous n’êtes pas armés ? qu’importe ! 

Prends ta fourche, prends ton marteau ! 

Arrache le gond de ta porte, 

Emplis de pierres ton manteau ! 

Et poussez le cri d’espérance ! 

Redevenez la grande -France ! 

Redevenez le grand Paris ! 

Délivrez, frémissants de rage, 

Votre pays de l’esclavage, 

Votre mémoire du mépris ! 

 

Quoi ! faut-il vous citer les royalistes même ? 

On était grand aux jours de la lutte suprême. 

Alors, que voyait-on ? 

La bravoure, ajoutant à l’homme une coudée, 

Etait dans les deux camps. N’est-il pas vrai, Vendée, 

Ô dur pays breton ? 

Pour vaincre un bastion, pour rompre une muraille, 

Pour prendre cent canons vomissant la mitraille. 

Il suffit d’un bâton ! 

 

Si dans ce cloaque ou demeure, 

Si cela dure encore un jour, 

Si cela dure encore une heure, 

Je brise clairon et tambour, 

Je flétris ces pusillanimes, 

Ô vieux peuple des jours sublimes, 

Géants à qui nous les mêlions, 

Je les laisse trembler leurs fièvres, 

Et je déclare que ces lièvres 

Ne sont pas vos fils, ô lions !

 

 15 janvier 1853. 




Journée d’études

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Justice divine, institutions humaines :
permanence du théologico-politique

Date : Jeudi 12 avril 2007 

Lieu : Espace Culture – USTL (Lille 1) 

Problématique :  La loi, qu’elle soit révélée ou instituée, se donne toujours, même en démocratie, avec une dimension d’extériorité. Elle me concerne, j’en suis, en tant que citoyen, l’auteur, mais j’en suis aussi le sujet : j’obéis à la loi. Mais ce que signifie être sujet de la loi n’a pas le même sens dans la modernité depuis les Lumières du XVIIIème siècle que dans les Lumières médiévales (XIIème-XIIIème siècles). Différences tout à fait contemporaines : nous aurions tort de croire que le politique s’est une fois pour toutes affranchi du théologique. En effet : 1) les tentations théocratiques travaillent les sociétés orientales 

2) pour autant, les sociétés occidentales ne sont pas épargnées. Dans la pensée juridique et politique du XXème siècle ont émergé des problématiques du type « théologie politique » (Carl Schmitt).
Faut-il parler, avec Claude Lefort, d’une « permanence du théologico-politique » ? De vieilles représentations théocratiques ne travaillent-elles pas en sous-main les institutions les plus justes ? Il ne s’agit pas de rendre à César et à Dieu ce qui les concerne respectivement. Il s’agit d’éclairer le défi que nous posent des courants qui s’autorisent d’une justice transcendante et eschatologique pour disqualifier et rompre avec la justice rendue dans des institutions laïques. 

Comment s’articulaient, dans les sociétés antiques puis médiévales, le Tribunal céleste et la loi civile ? Quel était le pouvoir des Docteurs de la Loi (Judaïsme, Islam) ? Pour répondre à ces questions, il faut faire appel à des sources précises, documentées, d’un accès pas toujours aisé. Mais, il faut aussi montrer que ces questions ne visent pas seulement à satisfaire notre goût de l’érudition. Il y va aussi de nos comportements de citoyens ou d’éducateurs face aux menaces liées à la crise de civilisation que nous traversons. 

Jean-François Rey,
Philosophe 

Programme 

8h30 – Accueil des participants 

9h15 – Ouverture de la journée 

Nabil El-Haggar, Vice-président de l’USTL, chargé de la Culture et de la Communication et Jean-François Rey, Philosophe. 

 9h30/12h30 – Conférences 

1- Le théologico-politique à l’âge des réformes 

Bernard Cesla-Bourdin, Professeur d’histoire du christianisme à l’Institut Catholique de Lille, chargé d’enseignement en philosophie politique à l’Institut Catholique de Paris. 

Jacques VI d’Ecosse, Ier d’Angleterre, est le défenseur résolu d’une doctrine du droit divin des rois. Cette doctrine implique en outre une conception légitimiste-héréditaire du pouvoir royal. Dès lors est mise en cause l’interprétation cléricale de la doctrine presbytérienne des deux règnes et, du côté catholique-romain, la médiation pontificale comme instance régulatrice qui légitime les pouvoirs séculiers. Cette problématique nous place au cœur de la problématique théologico-politique de l’âge des Réformes. 

2- Spinoza et les instruments de la révélation 

Pierre-François Moreau, Professeur des Universités à l’École Normale Supérieure des Lettres et Sciences Humaines de Lyon. 

À l’âge classique (du XVIème au XVIIIème siècle) se sont mis en place la plupart des thèmes sur lesquels nous vivons encore aujourd’hui quand il s’agit du théologico-politique. Le schisme entre chrétiens, la meilleure connaissance des autres religions, la découverte d’autres cultures ont ébranlé un certain nombre de certitudes et conduit à repenser les traditions issues de la lecture de la Bible. Les deux questions essentielles ont été alors : 

- comment déterminer les frontières entre ce qui relève du religieux et ce qui relève du droit et de l’Etat ? et, à l’intérieur du domaine religieux, entre l’intervention divine (la révélation) et l’interprétation humaine ? 

- quels sont les instruments par lesquels Dieu fait connaître aux hommes sa volonté, sa justice et sa providence ? Théologiens, philosophes et historiens ont réfléchi sur ces questions : le signe, la prophétie, le miracle, la loi divine, l’Ecriture sainte. 

On peut se demander ce qui, dans cet ensemble complexe, est marqué par une époque historique, ce qui se transmet de cette époque à la nôtre, et ce qui relève d’un socle anthropologique plus durable. 

3- Le théologico-politique chez Hegel 

Jean-Louis Vieillard-Baron, Professeur à l’Université de Poitiers, directeur du Centre de Recherche sur Hegel et l’Idéalisme Allemand. 

Le § 360 et dernier des Principes de la philosophie du Droit montre que l’État hégélien est la volonté divine ; mais c’est à la condition d’être un État laïque, mondain, un État dans lequel la religion ne joue aucun rôle politique. Cet État est la réconciliation effective de la cité des hommes et de la cité de Dieu. Il suppose que la vérité ait abandonné sa violence, qui n’est pas seulement celle du dogmatisme ni celle du fanatisme, religieux ou politique, mais celle de la vérité même, la violence liée à la puissance de l’Idée, qui doit devenir pouvoir politique organisé au sein de l’État. C’est seulement dans l’Idée de l’État que la vérité a abandonné sa violence contingente (historique) mais aussi sa violence nécessaire (idéelle) grâce à l’organisation des pouvoirs. La réconciliation véritable suppose le dépassement de la négation religieuse du politique (l’État théocratique) et la négation politique de la religion (la société politique sans Dieu ni religions). Pour cela, l’État doit accomplir la Sittlichkeit et la spiritualité religieuse doit s’épanouir dans l’État. État et religion sont alors pour eux-mêmes des garanties mutuelles (Encyclopédie de 1830, § 552 R). 

  

14h30/18h00 – Table ronde  

1- La loi dans la turbulence 

Introduction par Jean-François Rey

2- La cité vertueuse d’Alfarabi (870-950) 

Avec Jean-Marie Breuvart, Philosophe. 

Dans ce livre, Alfarabi, philosophe de la fin du 1er millénaire chrétien, a voulu montrer, sur la base des grands écrits politiques de Platon et d’Aristote, comment la pensée politique de ces deux auteurs pouvait s’appliquer à l’Islam. Ce travail se fit à l’intersection entre plusieurs disciplines, notamment la philosophie, la jurisprudence et la théologie.
Cette application de la philosophie grecque à la compréhension des rapports que la nouvelle religion révélée entretenait avec le politique a été réalisée de façon très ouverte, de telle sorte que les penseurs juifs ou chrétiens se sont inspirés de ses enseignements dans leur propre réflexion sur l’articulation entre philosophie et transcendance. 

3- Regard d’un orthodoxe sur le théologico-politique 

Bertrand Vergely, Professeur de philosophie à Orléans et à l’Institut d’Études Politiques de Paris. 

Si égalité, mérite et punition sont nécessaires pour structurer la vie sociale, leur relation n’est pas suffisante pour la fonder. Une telle carence ne vient-elle pas de ce que la justice perd son sens, quand elle n’est plus ce qui règle la vie humaine en lui permettant de se verticaliser afin d’aller à la rencontre de sa droiture ? On fait naître la justice à l’extérieur de soi, quand on fait naître le juste à l’intérieur de soi. Cette pratique du juste en l’homme donne au discours théologique sur la justice une pertinence aussi féconde qu’inattendue. 

4- Une théologie politique chrétienne est-elle légitime ? 

Bernard Cesla Bourdin, Professeur d’histoire du christianisme à l’Institut Catholique de Lille, chargé d’enseignement en philosophie politique à l’Institut Catholique de Paris. 

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne traverse une grave crise religieuse et politique. Sur le plan religieux, cette crise est particulièrement manifeste dans l’Eglise protestante. C’est dans ce contexte que le théologien Eric Peterson développe, après sa conversion au catholicisme et l’arrivée au pouvoir des nazis, la thèse selon laquelle il ne saurait y avoir de justification à une théologie politique chrétienne. Cette thèse, qui s’oppose à celle du juriste Carl Schmitt, sera l’objet d’une nouvelle controverse en 1969 après la publication de la deuxième conférence de théologie politique de Schmitt. 

5- Du théologico-politique au service de l’exceptionnalité 

Gabriel Peries, Enseignant à l’Institut National des Télécommunications, Evry et chercheur à l’Institut d’Études Politiques de Toulouse. 

L’objet de cette communication est de signaler, eu égard à la théorie
juridique de l’exceptionnalité, les principales caractéristiques structurelles de la normativité issue du domaine théologico-politique schmittien. La discussion démontrera que penser avec Giorgio Agamben que l’exceptionnalité est un lieu normativement vide empêche d’aborder la question de l’organisation de la violence politique et de sa prétention à la souveraineté. 

18h30 – Cocktail 

Inscription : 

Pour y participer, il faut s’inscrire sur le lien suivant:

http://ustl1.univ-lille1.fr/culture/agenda/07/conf/justice/inscription.html 




Manifeste Russell-Einstein

27032007

publié à Londres le 9 Juillet 1955

« Dans la situation dramatique où se trouve l’humanité, nous estimons que les hommes de science devraient se réunir en conférence pour prendre la mesure des périls créés par le développement d’armes de destruction massive et examiner un projet de résolution dont l’esprit serait celui du projet ci-dessous.

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Ce n’est pas au nom d’une nation, d’un continent ou d’une foi en particulier que nous prenons aujourd’hui la parole, mais en tant qu’êtres humains, en tant que représentants de l’espèce humaine dont la survie est menacée. Les conflits abondent partout dans le monde…

Chacun d’entre nous, ou presque, pour peu qu’il soit politiquement conscient, a des opinions bien arrêtées sur l’une ou plusieurs des questions qui agitent le monde; nous vous demandons toutefois de faire si possible abstraction de vos sentiments et de vous considérer exclusivement comme les membres d’une espèce biologique qui a derrière elle une histoire exceptionnelle et dont aucun d’entre nous ne peut souhaiter la disparition.

Nous nous efforcerons de ne rien dire qui puisse constituer un appel à un groupe plutôt qu’à l’autre. Tous les hommes sont également en danger, et peut-être, s’ils en prennent conscience, parviendront-ils à s’y soustraire collectivement.

Il nous faut apprendre à penser d’une façon nouvelle. Il nous faut apprendre à nous demander non pas de quelle façon assurer la victoire militaire du groupe auquel vont nos préférences, car cela n’est plus possible, mais comment empêcher un affrontement militaire dont l’issue ne peut qu’être désastreuse pour tous les protagonistes.

Le grand public, et beaucoup parmi ceux qui exercent le pouvoir, n’ont pas pleinement saisi ce qu’impliquerait une guerre nucléaire. Le grand public raisonne encore en termes de villes anéanties. Il sait que les nouvelles bombes sont plus puissantes que les anciennes, et que si une bombe A a suffi à rayer Hiroshima de la carte, une seule bombe H pourrait en effacer les principales métropoles : Londres, New York ou Moscou. 

Il est certain que dans une guerre au cours de laquelle la bombe H serait utilisée, les grandes villes disparaîtraient de la surface de la terre. Mais ce n’est là qu’un des moindres désastres que subirait l’humanité. Même si la population entière de Londres, New York et Moscou était exterminée, l’univers pourrait, en quelques siècles, reprendre le dessus. Mais nous savons désormais, en particulier depuis l’essai de Bikini, que l’effet destructeur des bombes nucléaires peut s’étendre à une zone beaucoup plus vaste qu’on ne l’avait cru au départ.

On sait de source autorisée qu’il est désormais possible de fabriquer une bombe 2500 fois plus puissante que celle qui détruisit Hiroshima. Une telle bombe, explosant près du sol ou sous l’eau, projette des particules radio-actives jusque dans les couches supérieures de l’atmosphère. Ces particules retombent lentement sur la surface de la Terre sous forme de poussière ou de pluie mortelles. C’est cette poussière qui a contaminé les pêcheurs japonais et leurs prises.

Nul ne sait jusqu’où s’étendrait ce nuage mortel de particules radio-actives, mais les personnalités les plus autorisées sont unanimes à dire qu’une guerre au cours de laquelle seraient utilisées des bombes H pourrait fort bien marquer la fin de la race humaine. Ce que l’on redoute, c’est, si plusieurs bombes H sont utilisées, que tous les hommes trouvent la mort, mort soudaine pour une minorité seulement, mais la lente torture de la maladie et de la désintégration pour la majorité.

Les avertissements n’ont pas manqué de la part des plus grands savants et spécialistes de la stratégie militaire. Aucun d’entre eux ne va jusqu’à affirmer que le pire est certain. Ce qu’ils affirment, c’est que le pire est possible et que nul ne peut dire qu’il ne se produira pas. Nous n’avons jamais constaté que l’opinion des experts sur ce point dépende en aucune façon de leurs opinions politiques ou de leurs préjugés. Elle ne dépend, pour autant que nos recherches nous permettent de l’affirmer, que de ce que chaque expert sait. Ce que nous avons constaté, c’est que ceux qui en savent le plus sont les plus pessimistes.

Tel est donc, dans sa terrifiante simplicité, l’implacable dilemme que nous vous soumettons : allons-nous mettre fin à la race humaine, ou l’humanité renoncera-t-elle à la guerre? Si les hommes se refusent à envisager cette alternative, c’est qu’il est fort difficile d’abolir la guerre.

L’abolition de la guerre exigera des limitations déplaisantes de la souveraineté nationale. Mais ce qui plus que tout empêche peut-être une véritable prise de conscience de la situation, c’est que le terme « humanité » est ressenti comme quelque chose de vague et d’abstrait. Les gens ont du mal à s’imaginer que c’est eux-mêmes, leurs enfants et petits-enfants qui sont en danger, et non pas seulement une humanité confusément perçue. Ils ont du mal à appréhender qu’eux-mêmes et ceux qu’ils aiment sont en danger immédiat de mourir au terme d’une longue agonie. Et c’est pourquoi ils espèrent que la guerre pourra éventuellement continuer d’exister, pourvu que l’on interdise les armements modernes.

C’est là un espoir illusoire. Quels que soient les accords sur la non-utilisation de la bombe H qui auraient été conclu en temps de paix, ils ne seraient plus considérés comme contraignants en temps de guerre, et les deux protagonistes s’empresseraient de fabriquer des bombes H dès le début des hostilités; en effet, si l’un d’eux était seul à fabriquer des bombes et que l’autre s’en abstenait, la victoire irait nécessairement au premier.

Un accord par lequel les parties renonceraient aux armes nucléaires dans le cadre d’une réduction générale des armements ne résoudrait pas le problème, mais il n’en serait pas moins d’une grande utilité. En premier lieu, en effet, tout accord entre l’Est et l’Ouest est bénéfique dans la mesure où il concourt à la détente. En deuxième lieu, la suppression des armes thermonucléaires, dans la mesure où chacun des protagonistes serait convaincu de la bonne foi de l’autre, diminuerait la crainte d’une attaque soudaine dans le style de celle de Pearl Harbour, crainte qui maintient actuellement les deux protagonistes dans un état de constante appréhension nerveuse. Un tel accord doit donc être considéré comme souhaitable, bien qu’il ne représente qu’un premier pas.

Nous ne sommes pas pour la plupart neutres dans nos convictions, mais en tant qu’êtres humains, nous devons nous rappeler que, pour être réglées à la satisfaction de qui que ce soit, communistes ou anti-communistes, Asiatiques, Européens ou Américains, Blancs ou Noirs, les difficultés entre l’Est et l’Ouest ne doivent pas l’être par la guerre. Nous devons souhaiter que cela soit compris, tant à l’Est qu’à l’Ouest.

Il dépend de nous de progresser sans cesse sur la voie du bonheur, du savoir et de la sagesse. Allons-nous, au contraire, choisir la mort parce que nous sommes incapables d’oublier nos querelles? L’appel que nous lançons est celui d’êtres humains à d’autres êtres humains : rappelez-vous que vous êtes de la race des hommes et oubliez le reste. Si vous y parvenez, un nouveau paradis est ouvert; sinon, vous risquez l’anéantissement universel.

Résolution

Nous invitons le présent congrès et, par son intermédiaire, les hommes de science du monde entier et le grand public, à souscrire à la résolution suivante :

Compte tenu du fait qu’au cours de toute nouvelle guerre mondiale les armes nucléaires seront certainement employées et que ces armes mettent en péril la survie de l’humanité, nous invitons instamment les gouvernements du monde à comprendre et à admettre publiquement qu’ils ne sauraient atteindre leurs objectifs par une guerre mondiale et nous leur demandons instamment, en conséquence, de s’employer à régler par des moyens pacifiques tous leurs différends. »

Le 23 décembre 1954

Ce texte a été signé par :

Professeur Max Born (professeur de physique théorique à Berlin, Francfort et Göttingen, et professeur de philosophie de la nature à Édimbourg; Prix Nobel de physique)
Professeur P.W. Bridgman (professeur de physique, Harvard University; Prix Nobel de physique)
Professeur Albert Einstein
Professeur L. Infeld (professeur de physique théorique, Université de Varsovie)

Professeur J.F. Joliot-Curie (professeur de physique au Collège de France; Prix Nobel de chimie)
Professeur H.J. Muller (professeur de zoologie, University of Indiana; Prix Nobel de physiologie et de médecine)
Professeur Linus Pauling (professeur de chimie, California Institute of Technology; Prix Nobel de chimie) 

Professeur C.F. Powell (professeur de physique, Bristol University; Prix Nobel de physique)
Professeur J. Rotblat (professeur de physique, University of London; Medical College of St Bartholomew’s Hospital)
Bertrand Russell
Professeur Hideki Yukawa (professeur de physique théorique, Université de Kyoto; Prix Nobel de physique)




LE PLAISIR DE DOUTER

26032007

par Georges Krassovsky 

(Article paru dans le bulletin ESPRIT LIBRE no 8,

édité par l’auteur: B.P. 164, F-75664 PARIS Cedex 14)

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 J’ai vu l’autre jour à la devanture d’un kiosque à journaux l’affichette publicitaire d’une revue de vulgarisation scientifique sur laquelle on pouvait lire – en gros caractères – LE PLAISIR DE SAVOIR. Une affirmation qui m’a aussitôt paru gratuite et même fausse, du moins pour ce qui me concerne. Je n’ai en effet jamais éprouvé le moindre plaisir à emmagasiner « le savoir ».

Précisons toutefois de quel « savoir »  il s’agit. C’est qu’il y en a deux sortes:

Il y a les connaissances que l’on pourrait qualifier de « pratiques » et qui sont effectivement utiles et souvent même indispensables pour se comporter dans la vie d’une façon à peu près rationnelle. Voici un lot d’exemples qui me viennent à l’esprit: je sais que pour aller de Paris à Bordeaux il faut que je prenne un train, je sais que les T.G.V. sont plus rapides que les autres, je sais qu’il faut que j’achète un billet, je sais que je dois le composter, je sais que si j’oublie de le faire cela risque de me coûter fort cher, je sais que ma tendre amie m’attendra à la gare de Bordeaux, je sais que les hommes et les femmes sont faits pour s’aimer, je sais en quoi cela consiste, je sais que cela leur fait plaisir… Je m’arrête là car, selon toute évidence, ce n’est pas de ces « connaissances » ni de ces plaisirs qu’il s’agit dans la « pub » qui vante « le plaisir de savoir ».

Le savoir dont il est question est avant tout, et sans doute même exclusivement, le savoir scientifique, autrement dit l’ensemble des connaissances concernant les structures et le fonctionnement de tout ce qui existe: l’univers, les atomes, le système solaire, la planète Terre avec sa biosphère, le fonctionnement des organismes vivants, les particularités de l’homo sapiens et, notamment son psychisme. Tout cela fait l’objet de la « recherche scientifique » et des sciences correspondantes: la physique, la chimie, la biologie, la botanique, la zoologie, l’anthropologie, l’anatomie, la physiologie, la psychologie. Comme tout un chacun j’ai quelques notions au sujet de ces sciences et je conviens qu’elles ne sont pas dénuées d’intérêt, mais sans plus.

Lors de mes études, je saisissais assez vite les grandes lignes de toutes ces « disciplines » mais étais franchement agacé s’il fallait mémoriser les détails. Estimant sans doute que j’en avais assez, je n’avais nulle envie d’approfondir mes connaissances. Dans la plupart des cas, mon raisonnement était fort simple:
la Terre tourne autour du soleil. C’est grandiose! Qu’elle continue à tourner! – Les plantes se nourrissent par les racines et réalisent la photosynthèse. C’est prodigieux! Qu’elles continuent à pousser! – Le battement du cœur est une succession de systoles et de diastoles. C’est formidable! Qu’il continue à battre! – Il s’agit de connaissances pour ainsi dire élémentaires et indiscutables. Mais il y en a d’autres, beaucoup d’autres, sur lesquelles les scientifiques continuent à discuter et, notamment, sur « l’infiniment grand » (le cosmos) et sur « l’infiniment petit » (l’atome) car tout y est infiniment complexe.

 Une théorie scientifique est à peine érigée qu’un doute s’y glisse et elle est aussitôt battue en brèche par une autre. Et j’avoue que j’en suis fort aise car cela rabat le caquet aux technocrates qui se croient omniscients et omnipotents. Je m’en méfie d’ailleurs d’autant plus du fait (pour une fois indéniable !) que les applications inconsidérées des découvertes scientifiques ont, la plupart du temps, un effet désastreux: la chimie empoisonne la terre, les mers, l’air et nos humeurs; les armes atomiques sont – telle une épée de Damoclès – toujours suspendues au-dessus de nos têtes; les déchets atomiques s’amoncellent… Lorsqu’on a pris conscience de « revers de la médaille » on commence à douter des prétendus « bienfaits de la science » et il se pourrait que ce doute soit salutaire. Et – disons-le en passant – il y a de quoi être également circonspect pour ce qui concerne la médecine allopathique. 

Les scientifiques – que certains s’obstinent à appeler « savants », – alors qu’en fait ils ne savent pas grand chose – ont pour vocation de répondre à la question « Comment ? », mais il y a une autre interrogation qui surgit par rapport à tout ce qui existe, c’est la question « Pourquoi ? » Ce qui nous induit d’emblée dans les domaines de la philosophie et de la religion. Eh bien, je dois avouer que, là encore, les diverses réponses que les philosophes et les mystiques se sont ingéniés à donner à cette question ne m’émeuvent pas outre mesure et souvent même m’irritent. Les constructions mentales de tous ces « penseurs » sont, certes, curieuses mais m’apparaissent, en fin de compte, inconsistantes, le mystère de l’existence restant toujours entier. Il y a, effectivement, une sorte de piège qui consiste à substituer les mots à la réalité, ce qui revient à prendre des vessies (et des « messies ») pour des lanternes. (Mille excuses aux croyants pour ce jeu de mots, je conviens quelque peu iconoclaste).

 Toutes ces considérations m’ont rendu sceptique vis-à-vis du « plaisir de savoir » et m’ont donné envie d’évoquer « le plaisir du doute ». Oui, le doute procure un réel plaisir car, à partir du moment où l’on doute, on se libère de l’emprise de tout système abscons à caractère dogmatique. C’est si bon de vivre sans croire quoi que ce soit, se disant que « tout est possible, mais que rien n’est certain », bref en ayant l’esprit libre! 

Il y a certes une foule de gens qui prétendent être heureux de croire, de savoir ou, du moins, ils le disent. Il y en a même qui écrivent le mot « Connaissance » avec un grand C et le mot « Vérité » avec un grand V, sans toutefois préciser de quelle connaissance et de quelle vérité il s’agit. Si je me laissais aller, c’est le mot « doute » que j’écrirais avec un grand D et le mot « liberté » avec un grand L, mais je ne le ferai pas car j’ai des réserves à formuler même à propos du doute et j’ai fini par comprendre que la recherche systématique de la liberté peut empêcher, elle aussi, d’être… libre!

Je ne pense pas être le seul à éprouver cette sorte de méfiance vis-à-vis de tout ce qui est d’essence « purement » intellectuelle et je me fais un plaisir de citer, en guise de conclusion, ces vers du grand poète russe, Alexandre Pouchkine (1799-1837) qui, s’inspirant du Faust de Goethe, a écrit ces deux vers que je traduis à mon tour en français :

Connaissance profonde n’apporte pas le bonheur
J’ai fini par maudire sa fausse lueur.

 Mes alexandrins ne sont sans doute pas parfaits, mais le « témoignage » passe. 




De la caricature censurée (3)

25032007

La violence terroriste est-elle inhérente à l’islam ?

Ma réponse est OUI et NON. Tout dépend de quel « islam » on parle !

Premièrement, si on parle de l’islam tel qu’il se définit dans le Coran et dans les Livres révélés, ma réponse est NON. La violence n’est pas inhérente à cet islam. Puisque cet islam même se définit essentiellement comme antidote à toute forme de violence et donc comme solution pacifique dont bénéficie, et bénéficiera, tout un chacun. Et ce, quelque soit sa religion, son sexe, son statut social et son ethnie.

Le Coran, à l’image des autres Livres révélés et les sagesses philosophiques qui ont traversé le temps et l’espace, prêche le dialogue, le pardon, la miséricorde, la rencontre, la liberté de conscience, de pensée et d’expression, le partage, la solidarité, la fraternité, l’esprit de médiation et non pas celui du conflit,… (À suivre sur ce blog un article qui détaillera cela). Et pour prendre un exemple qui est celui de la liberté de conscience, de pensée et d’expression, le Coran nous dit :

Dieu dit : « Point de contrainte en religion maintenant que la vérité se distingue nettement de l’erreur » (sourate 2 – 256).

 

Dieu dit : « Et si ton Seigneur l’avait voulu, tout ceux et celles peuplant la Terre auraient sans exception embrassé Sa foi ! Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? » (Jonas – 99).

 

Dieu dit : « Quiconque choisit la bonne voie le fera à son propre avantage et quiconque préfère l’égarement le fera à son propre détriment car tu- en s’adressant au Prophète- n’es point pour eux un répondant » (Les groupes – 41).

 

Dieu dit : « Dis : la Vérité émane de votre Seigneur, Croira qui voudra et niera qui voudra ! » (La Caverne – 29).

 

Dieu dit : « Nous savons fort bien ce que disent les gens, mais tu n’as pas mission d’exercer sur eux une quelconque contrainte, contente-toi d’avertir, par ce Coran, ceux qui redoutent la menace de Mes rigueurs » (Qäf – 45).

 

Dieu dit : « Rappelle-leur tout cela ! Car ton rôle se limite à le leur rappeler et tu n’as sur eux aucune autorité » (L’Epreuve universelle – 21 et 22).

 

Deuxièmement, si on parle d’un autre islam qui est celui desdits Hadiths (qui sont l’ensemble des réflexions et citations écrites par des compilateurs après environ deux siècles de la mort du prophète ! Et qui sont attribués, souvent mensongèrement, au prophète puisque ces citations s’opposent et contredisent le texte coranique à plusieurs niveaux) Je dis OUI, la violence est, de ce point de vue, inhérente à cet islam. Qui a fait volte face sur l’ensemble des principes et valeurs que les révélations successives ont venu rétablir et promouvoir.

Je reprends le même exemple, à savoir celui de la liberté de conscience, de pensée et d’expression. A ce sujet « l’islam des Hadiths » nous dit :

- D’après Abdallah le fils de Omar, l’Envoyé de Dieu a dit: «Il m’a été ordonné de combattre les hommes jusqu’à ce qu’ils témoignent qu’il n’est d’autre divinité qu’Allah, et que Mohammed est Son Envoyé, qu’ils accomplissent la prière rituelle, qu’ils acquittent la Zakat. S’ils exécutent ces choses, ils seront, à mon égard, garantis quant à leurs personnes et à leurs richesses, à moins qu’ils ne transgressent la loi de l’Islâm, mais Dieu règlera le compte de leurs intentions vraies ».

- D’après Abdallah le fils de Abbâs, l’Envoyé de Dieu a dit : « Quiconque change sa religion, tuez-le (Rapporté par tous les compilateurs de hadiths sauf Mouslim).

- D’après Abdallah le fils de Massoud, l’Envoyé de Dieu a dit : « Le sang d’un Musulman qui atteste qu’il n’y a de dieu que Dieu et que je suis le Messager de Dieu est illicite sauf dans trois cas : l’homicide volontaire, le fornicateur qui a déjà connu le mariage et l’apostat qui abandonne la Communauté. » (Rapporté par l’ensemble des compilateurs de hadiths).

Cet « islam des Hadiths » traduit fidèlement, non seulement ce que dénoncent les caricatures en question, mais aussi ce que voulait dire le Pape Benoît XVI quand il a cité une partie du dialogue que le docte empereur byzantin Manuel II Paléologue entretint avec un Persan cultivé sur le christianisme et l’islam et sur la vérité de chacun d’eux, dans son fameux discours controversé à l’Université de Ratisbonne le 12 septembre 2006.

Pour le rappel, l’empereur byzantin avait dit en s’adressant à l’intellectuel persan : « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son mandat de diffuser par l’épée la foi qu’il prêchait ».

Les Hadiths cités ci-dessus traduisent fidèlement cet esprit. Mais ce que je trouve à la fois incompréhensible et inacceptable, c’est l’attitude d’un certain nombre de « musulmans » qui défendent corps et âme ces textes et qui les sacralisent sans vouloir pour autant, assumer leurs contenus violents, ou revoir ces contenus à la lumière du Coran !

En effet, ce ne sont ni les caricatures ni le Pape Benoît XVI qui créent l’amalgame entre le terrorisme et l’islam. Ce sont plutôt des textes de ce genre, qui alimentent des pratiques terroristes un peu partout dans le monde. Et l’amalgame restera toujours d’actualité, tant que les « musulmans » refusent de les remettre en question, continuent de les considérer comme deuxième source sacrée et fondamentale de l’islam, et ferment les yeux sur les contradictions qui opposent les Hadiths au texte coranique.

Troisièmement, si on parle maintenant des différentes représentations politiques de l’islam à travers l’histoire et la géographie. J’ose confirmer avec certitude et chiffres à l’appui, que les violences sont inhérentes à l’idéologie dite « islam politique » sous toutes ses variantes passées ou présentes, du régime des Talibans jusqu’aux régimes gouvernés totalement ou partiellement par « les frères musulmans » tout en passant par les politiques des Mollahs de l’Iran.

Ces régimes conjuguent parfaitement la volonté acharnée de s’accaparer de tous les pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires en maintenant sous la menace violente l’ensemble des bonnes volontés qui n’espèrent, et qui n’espéraient, qu’une chose : le changement profond, structurel et pacifique des modes de vie, des systèmes éducatifs et des institutions. Pour vivre enfin, un islam tolérant, humain, ouvert et égalitaire.

En prenant le même exemple de la liberté de conscience, de pensée et d’expression, les différentes représentations de « l’islam politique » témoignent, à des degrés similaires, d’une violence effrayante. En citant des exemples qui relèvent d’une réalité réelle, j’aimerai rendre hommage à toutes les victimes des régimes politico-religieux.

Un hommage qui ne signifie pas forcément mon adhésion aux différentes idées que ces personnes ont voulu exprimer mais plutôt mon indignation profonde d’utiliser le nom de Dieu pour justifier le totalitarisme islamiste et le terrorisme intellectuel dont voici quelques victimes:

On se rappelle de la pendaison à Khartoum de l’intellectuel soudanais Mahmoud Mohammed Taha, en Janvier 1985, à plus de 80 ans qui avait écrit un livre « Un islam à vocation libératrice » sur l’histoire de l’islam où il défendait l’idée de séparation du politique et du religieux. Et dans lequel disait que le message spirituel du prophète, tel qu’il fut révélé à La Mecque, est universel, mais que toute la construction juridique élaborée à côté, dans un contexte historique précis, n’était plus en phase avec la vie des musulmans aujourd’hui.

On se rappelle de l’assassinat de l’intellectuel Farag Foda par des islamistes en juin 1992, après avoir publié son livre « La vérité absente », et après que le cheikh de la mosquée d’Al-Azhar au Caire l’a déclaré quelques jours auparavant « apostat ». Al-Azhar, six mois après, a ordonné : « au nom de l’islam, religion de l’État », les œuvres de Foda, rééditées en hommage, sont interdites et saisies !

On se rappelle du grand romancier Nagib Mahfouz, Prix Nobel de littérature en 1988, qui a été poignardé au Caire par un membre de Al Djamaa Al-Islamiya. Et qui a subit, bien avant cet événement dramatique en 1959, puis en 1988, la censure de ses romans par l’université Al-Azhar. Aujourd’hui même l’Arabie Saoudite censurent toute sa littérature.

On se rappelle du poète saoudien Sadiq Melallah qui a été décapité au sabre le 3 septembre 1992 sur la grande place de la ville de Qatif. Son délit : blasphème et abjuration. D’autres saoudiens subissent la torture à cause de leurs opinions, comme l’enseignant Mohammed al-Harbi, qui a été condamné à 750 coups de fouet, trois ans et quatre mois de prison, pour « atteinte à l’intégrité de l’islam ». On peut citer aussi Mohammed Al-Souheimi qui a été condamné à 300 coups de fouet, trois ans de prison et l’interdiction d’exercer pour « apostasie ». Ou aussi l’exemple de Wajeha Huaider, active dans la lutte pour les droits des l’homme, qui s’est faite arrêté le 4 août 2006 en portant une banderole appelant à donner plus de droits à la femme saoudienne.

La liste est encore longue ! Mais l’objectif est simplement de montrer que ces violences faites au nom de Dieu en s’attaquant à des gens pacifiques pour leur faire taire, ne peuvent pas être inhérente à ce que j’appelle « l’islam coranique » ou « l’islam des prophètes » mais ils sont l’œuvre terroriste de « l’islam politique ».Conclusion : Le CFCM et ses composantes peuvent continuer dans cette logique victimaire qui ne fera qu’accentuer les violences faites au nom de Dieu. Ils peuvent aussi crier à chaque fois au complot et à « l’islamophobie ambiante ». Le CFCM deviendrait donc et avec le temps « Centre Français de la Censure Meurtrière » et cesserait d’être le  » Conseil Français du Culte Musulman ».Pour éviter cette dérive réelle et menaçante, il est temps de redéfinir ce que les uns et les autres appellent « l’islam » ou encore « l’islam de France ». Et si « l’islamophie » est condamnable sans appel, sont condamnables aussi toutes les « phobies » islamistes, qui veulent entretenir le statu quo et qui prennent comme cibles non seulement les femmes, les adolescents, les « non musulmans », les homosexuels mais aussi les intellectuels, les artistes, les cinéastes et les caricaturistes.

 




De la caricature censurée (2)

25032007

La vraie caricature !

Par Mohamed LOUIZI

             Le communiqué publié par le CFCM, le jeudi 22 mars 2007, en plus de son prétendu droit, exagéré voire non fondé, d’exprimer une certaine voix unanime des « musulmans de France », n’hésite pas à qualifier les publications en question de « violence délibérée », de « racistes », « traitant d’une manière indigne les musulmans dans le strict sillage de l’islamophobie ambiante » et « faisant l’amalgame entre terrorisme est Islam ». 

« Violence délibérée » et caractères « racistes » des publications ? 

 En qualifiant les publications de « violence délibérée » et de « racistes », le CFCM s’est intenté des procès d’intention  à l’égard de l’équipe éditorialiste du journal Charlie Hebdo. 

Un tel examen, en plus qu’il est religieusement incorrect, manque sérieusement de preuves matérielles et tangibles en l’absence des aveux explicites de la part de Monsieur VAL et de son équipe. 

L’islam interdit à ses fidèles ce genre d’attitudes car contre productives et suspicieuses. Les intentions inavouées des uns et des autres ne peuvent être sujet à des vérifications aléatoires ou tentaculaires par nous humains. Seuls les actes concrets peuvent nous donner des éléments approximatifs aidant à la bonne compréhension et permettant ainsi, un positionnement juste et non pas une réaction émotive dictée par une certaine appartenance identitaire et communautariste.   

Aussi, l’accusation de « racistes » n’a pas lieu d’être à mon sens, car le racisme, comme idéologie prônant la supériorité d’une ethnie/race par rapports aux autres, et appelant en conséquence à la discrimination voire à l’extermination des ethnies supposées inférieures, est loin d’être le cas de la caricature en question. 

D’abords, il faut rappeler que l’islam  n’est pas une race ! Les « musulmans » ne forment pas une ethnie ! Au contraire, l’islam dans ses textes fondateurs, Coran et Livres révélées, appellent à toutes les valeurs que l’humanité espère vivre dans son ensemble. Il est l’expression même de cette unité dans la diversité et aussi l’incarnation  de la pluralité sociale, culturelle et religieuse. 

 La caricature quant à elle a pointé du doigt un certain « islam » politisé et diffuseur de la haine et de la terreur au nom de Dieu. Cette lecture, qui est largement répandue à l’heure actuelle, prône ce que j’appelle « l’anti-islam » qui se veut l’assise idéologique de la supériorité des « musulmans » comparés aux « non musulmans » et qui promeut une certaine idée hiérarchisante des humains selon leurs appartenances religieuses.  Cette idéologie prend comme devise: « Musulmans comme peuple élu » ! Il s’agit bien d’un dogmatisme hégémonique et dangereux qui, malheureusement, continue à nourrir les pratiques de « l’islam politique » en général, et de sa variante « l’islam de la représentativité » en particulier.   

La France n’est pas indemne de cette idéologie. Les discours diffusés et entretenus par des prédicateurs dans le cadre de certaines mosquées de l’hexagone, et qui sont aussi gérées par quelques composantes du CFCM, font la promotion de cette idéologie de domination, malgré les bons discours officiels et médiatisés qu’on a l’habitude d’entendre à mainte reprises et qui disent tout le contraire. Mais disons tout même, que la réalité est toute autre ! 

Amalgame entre terrorisme et islam ? 

Refuser toute amalgame entre terrorisme et islam, cela va de soi. Mais faut-il encore préciser à quel « islam » on fait allusion ?  En me considérant musulman, je ne me reconnais pas dans cet « islam » qui répand la terreur au nom de Dieu. Je souscris toute mon adhésion à ce qu’a dit l’universitaire Raja Ben Slama dans son article « Blasphème et censure », elle a dit la chose suivante : « Le terrorisme serait notre propre caricature, celle que nous dénions l’existence quand l’image nous en est renvoyé de l’extérieur ». 

Et oui ! Le terrorisme islamiste est bel et bien réel. Je ne vais pas procéder à une description détaillée de cette réalité. Je n’aurai jamais le temps nécessaire pour faire le tour de l’histoire et de la géographie. Ce qui se passe aujourd’hui un  peu partout dans le monde  (en Irak, au Soudan, en Palestine, au Liban, en Arabie Saoudite, en Afghanistan, en Iran, en Egypte, en Algérie, au Maroc,… etc.) n’est pas une illusion optique ou un « traitement – malhonnête – de manière indigne des fidèles musulmans dans le strict sillage de l’islamophobie ambiante ».  Ce sont bien des gens qui se disent « musulmans » et qui en même temps diffusent la haine, saccagent les ambassades des pays occidentaux, égorgent les journalistes en les filmant, se suicident dans des attentats sanguinaires, tuent les innocents en criant « Allah est Grand » et en les considérant comme dégât collatéraux, réduisent au silence toute voix musulmane qui se lève contre le statu quo en dénonçant la complicité des régimes politiques et des mollahs religieux. 

Oui, le terrorisme est notre caricature contemporaine et grossière. Même le caricaturiste le plus doué ne saura l’exprimer !  Enfin, ce ne sont pas les caricatures danoises ou celle de Charlie Hebdo qui créent l’amalgame. L’amalgame est produit par les « musulmans » eux-mêmes et aussi par ceux qui prétendent les représenter et les défendre à tort ou à raison. 

A suivre: De la caricature censurée (3)




De la caricature censurée (1)

23032007

Par Mohamed LOUIZI

             La caricature publiée par le journal satirique français « Charlie Hebdo » en février 2006, continue à susciter des réactions de part et d’autres, surtout après le jugement rendu hier (22/03/2007) par le Tribunal de grande instance de Paris, en la personne de Monsieur Jean-Claude Magendie. Celui-ci, et malgré qu’il a reconnu : « le caractère choquant, voire blessant, de cette caricature pour la sensibilité des musulmans », il a tout de même relaxé le directeur du Journal Monsieur Philipe VAL qui risquait jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 22 500 euros d’amende !             

Le juge a considéré que : « le contexte et les circonstances de sa publication (…) apparaissent exclusifs de toute volonté délibérée d’offenser directement et gratuitement l’ensemble des musulmans » et que : « les limites admissibles de la liberté d’expression n’ont donc pas été dépassées », mais sans ne dire exactement ce que signifie « limites admissibles » dans le cadre de l’expression satirique ! Car cela représente quelque chose d’ordre sociétale et qui mérite qu’on en parle mais sans logique de  « limites admissibles » !

Aujourd’hui, les réactions n’ont pas tardé à apparaître, parmi lesquelles, et non pas des moindres, celle du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) qui a publié hier son communiqué. En lisant ce dernier, une dizaine de remarques et d’interrogations ont encombré mon champ de réflexion. Mais avant de vous les livrer, j’aimerai bien préciser trois points:

 Premièrement, il faut que je reconnaisse que ma supposée « sensibilité » n’est ni « choquée » ni « blessée » par cette caricature, ou par les 12 caricatures publiées par le journal danois Jyllands-Posten le 30 septembre 2005. Et que je suis un allié inconditionnel du côté de la liberté d’expression conjuguée avec le respect de l’humain. Je suis conscient que ma position pourrait choquer certaines « sensibilités », mais disons tout de même, que ce n’est point  mon intention.

Deuxièmement, L’image que j’ai du prophète Mohammad est loin d’être menacée par un quelconque dessin satirique puisque ma foi en sa prophétie et en ses qualités morales et valeurs humaines transcende ce niveau là. Elle se situe, non pas dans le registre des sentiments et des sensibilités à ménager, mais  elle est au cœur de l’intimité protégée de ma foi. En effet, je considère gravissime, du point de vue de la foi, de voir des gens épousant la cause du « prophète bien aimé », et se faisant ses défenseurs autoproclamés se livrent à des actes d’une violence inouïe, en criant leurs colères, en brûlant des voitures, en saccageant les consulats des pays occidentaux, en appelant aux meurtres… etc. Sans oublier bien sûr, l’attitude des mollahs engagés politiquement dans de tels événements et qui appellent de façon répétitive à des « vendredis de colère » permettant ainsi aux furieux de la religion l’expression libre de leurs mécontentements, mais qui ne cessent, hélas, de se dresser furieusement contre toute liberté d’expression !       

Troisièmement, je considère que les caricatures en question dévoilent en partie – et d’une manière plus ou moins exagérée puisqu’il s’agit bien de caricature ! –  une réalité atroce que des « musulmans » se refusent de voir en face. Les actes de violences perpétrés au nom de « l’islam » dans les quatre coins du monde, ne sont pas l’œuvre de l’expression satirique d’un caricaturiste français ou danois, mais elles sont l’œuvre de l’expression violente exacerbée des gens qui se définissent « musulmans » et qui, au nom de leur identité religieuse, infligent toutes sortes de terreurs aux autres, commençant par les violences faites aux femmes jusqu’aux attentats faites aux « infidèles » ! On peut ne pas être d’accord sur le bien fondée de l’expression caricaturale, chacun est libre d’admirer ou de maudire l’art de la caricature, mais je pense que nous ne pouvons qu’affirmer l’existence de ce que voulaient dénoncer librement ces caricatures ! Certes, le risque d’amalgame est bien réel, mais que dit-on des amalgames alimentés par des comportements et des prises de position des « musulmans », eux-mêmes ? Il s’agit bien d’une attitude maladroite refusant toute critique, satirique ou pas, en la considérant comme atteinte à la personne. Cette attitude est contre productive voire très dangereuse puisqu’elle esquivent les défauts réels pour tomber dans d’autres, plus contestables !

CFCM, qui représente qui ?

             La démarche du CFCM – plus précisément de ses deux composantes principales à savoir : la Mosquée de Paris et l’UOIF – s’inscrit, à mon sens, dans cette même logique.            

D’abord, en refusant d’essentialiser l’islam et les musulmans – l’idée à laquelle j’adhère volontiers – le CFCM les essentialise à sa façon. Il parle du « droit légitime des musulmans de se sentir blesser » sans nous préciser ni le nombre de ces « musulmans blessés » que le CFCM prétend représenter ni sur sa propre légitimité de parler en leurs noms !                        

D’après un sondage CSA datant d’août 2006, 43% des « musulmans de France» font les 5 prières par jour, 17% vont à la mosquée au moins une fois par semaine et 8% au moins une fois par mois… En plus, le nombre de « musulmans de France » est estimé à environ cinq millions de personnes, dont seulement 5219 ont participé aux dernières élections du CFCM (le 19 juin 2005). Ce qui veut dire que le CFCM ne représente réellement que 0,1 % des « musulmans de France » !              

En somme, le CFCM ne peut pas prétendre une quelconque représentativité de tous les « musulmans de France » et donc ne peut pas parler en leurs noms. Il est peut être plus judicieux pour cette institution fort contestée, qu’elle se consacre aux différentes charges qui définissent sa raison d’être, et qui sont stipulés dans son texte fondateur, à savoir : la gestion des lieux de cultes, la viande Halal, les « carrées » dits « musulmans » dans les cimetières, la formation des imams, les aumôneries … etc. ! Sans oublier, au passage, de se consacrer aux différentes malformations, dues à la phase prénatales, dont souffre cette institution.             

La situation conflictuelle, à l’intérieur du CFCM, n’est pas une illusion (cf. le communiqué de l’UOIF sur : http://www.uoif-online.com/CFCM.html) Elle peut amener des amateurs de la satire dessinée à caricaturer cette institution et à montrer au grand jour ses contradictions et ses conflits de pouvoir. Là on ne peut pas dire qu’il s’agit de la satire « choquante », ou de la satire « blessante » ou même « islamophobe », puisque celle-ci trouvera sans aucun doute des appuis incontestables dans le quotidien du CFCM. Tous les prétextes tomberont. Aujourd’hui même, l’affaire n’est plus secrète, des membres du bureau du CFCM se déchirent pour garder leur pouvoir ou pour en gagner davantage !              

Enfin, prétendre une légitimité soutenue par l’adhésion totale des « musulmans de France » est une contrevérité. Le CFCM ne représente pas grand chose pour se considérer comme « le » défenseur légitime de je ne sais quelle communauté de foi ! Et même dans le cas où sa légitimité est prouvée, il est de son devoir de faire avancer la marche de la liberté d’expression et non pas d’entraver son avancement, à l’image des instituions politico-religieuses de censures que connaît le monde arabe du Maroc jusqu’en Palestine!    

(A suivre : La vraie caricature !)




Le Caméléon

22032007

Poème satirique (en arabe) du poète irakien Ahmed MATAR, exilé à Londres. Suivi par un essai de traduction (en français) faite par Saadia HAJIB. Bonne lecture :

الحرباء ـ أحمد مطر

 

مَولانا الطّاعِنُ في الجِبْتِ

 

عادَ لِيُفتي

 

 

هَتْكُ نِساءِ الأرضِ حَلالٌ

 

إلاّ الأَربعَ مِمّا يأتي

 

أُمّي، أُختي، امرأتي، بنتي

 

 

كُلُّ الإرهابِ مُقاومَةٌ

 

إلاّ إن قادَ إلى مَوتي

 

 

نَسْفُ بُيوتِ النّاسِ جِهادٌ

 

إن لَمْ يُنسَفْ مَعَها بَيتي

 

 

التقوى عِندي تَتلوّى

 

ما بينَ البَلوى والبَلوى

 

حَسَبَ البَخْتِ

 

إن نَزلَتْ تِلَكَ على غَيري

 

خَنَقَتْ صَمْتي

 

وإذا تِلكَ دَنَتْ مِن ظَهْري

 

زَرعَتْ إعصاراً في صَوْتي

 

وعلى مَهْوى تِلكَ التّقوى

 

أَبصُقُ يومَ الجُمعةِ فَتوى

 

فإذا مَسَّتْ نَعْلَ الأَقوى

 

أَلحسُها في يومِ السَّبتِ

 

 

الوسَطِيَّةُ: فِفْتي .. فِفْتي

 

 

أعمالُ الإجرامِ حَرامٌ

 

وَحَلالٌ

 

في نَفْسِ الوَقْتِ

 

هِيَ كُفرٌ إن نَزَلَتْ فَوقي

 

وَهُدىً إن مَرّتْ مِن تَحتي

 

 

***

 

هُوَ قد أَفتى

 

وأنا أُفتي

 

العلَّةُ في سُوءِ البذْرة

 

العِلّةُ لَيسَتْ في النَّبْتِ

 

وَالقُبْحُ بِأخْيلَةِ الناحِتِ

 

لَيسَ القُبحُ

 

بطينِ النَّحتِ

 

 

وَالقاتِلُ مَن يَضَعُ الفَتوى

 

بالقَتْلِ

 

وَليسَ المُستفتي

 

 

وَعَلَيهِ.. سَنَغدو أنعاما

 

بَينَ سواطيرِ الأَحكامِ

 

وَبينَ بَساطيرِ الحُكّامْ

 

 

وَسَيكفُرُ حتّى الإسلامْ

 

إن لَمْ يُلجَمْ هذا المُفتي

 

Le Caméléon

par Ahmed MATAR

Traduit de l’Arabe par  Saadia HAJIB

 

 

Sa seigneurie l’ancien occultiste(mollah)

A reprit ses fatwas:

« Violer toutes les femmes est permis sauf ces quatre:
Ma femme, ma fille, ma mère et ma soeur»
« tout terrorisme est résistance,
Sauf celui qui conduira à ma mort»
« Faire exploser les maisons,
Est un acte martyre, sauf exploser la mienne »
« Pour moi, la piété serpente entre malheur et malheur
Selon la chance, s’il tombe sur un autre
J’étouffe mon silence
Si ça s’approche en douce derrière moi
Je sèmerai un ouragan dans ma voix »
Selon l’humeur de cette piété,
Je crache ma fatwa le vendredi
S’elle touche les souliers d’un tyran,
Je la lèche le samedi »
« au milieu, moitié… moitié
Les actes criminels sont en même temps,
Illicites et licites
Mécréance s’ils tombent au dessus de moi
Guidance, s’ils passent en dessous »

 

Lui a émet sa fatwa,
Moi j’émets la mienne
Le mal, c’est dans la mauvaise graine
Le mal n’est pas dans la plante
La laideur d’une œuvre revient au sculpteur
Et, non à la matière glaise
Meurtrier, celui qui émet une fatwa,
Qui incite à tuer
Et non, celui qui va l’exécuter
Sinon, on va devenir du bétail
Entre les haches de nos meneurs
Et sur leurs étals
Et l’islam reniera sa foi
Si on ne met pas une muselière à ce mollah..
 




RÉFORMONS NOTRE PENSÉE !

22032007

Par le Dr Mohamed Chahrour, écrivain. 

Article paru dans Al Nahar –Beyrouth, 

Extraits traduits par Courrier International du 14/11/2002, Numéro 628

Tout d’abord, j’affirmerai que ma foi en Dieu se situe au-delà de toute preuve scientifique. Je ne dirai pas à l’athée qu’il doit croire en Dieu, mais je n’accepterai pas non plus qu’il me dise que je dois renier ma foi. Le Coran, pour moi, n’est pas un texte scientifique mais religieux. Il est inutile d’essayer de tenir tête à une argumentation scientifique ou de vouloir convaincre un scientifique de la valeur du Coran en puisant ses arguments à l’intérieur du Coran. Si nous ne voulons pas que notre pensée se sclérose, nous devons ouvrir nos esprits sur le monde. Or notre culture arabo-islamique d’aujourd’hui ne fait que perpétuer les modèles du passé.

Dans toute notre production culturelle, nous ne faisons que ressasser les mêmes idées. La raison en est simple : notre culture privilégie une pensée qui se réfère aux modèles du passé plutôt que de se tourner vers l’avenir. De plus, cette culture induit un important déséquilibre par rapport à deux notions clés : la liberté – la valeur la plus importante qui soit – et la justice. Toutes les grandes révolutions de l’histoire universelle se sont faites au nom de ces deux valeurs. 

Ces deux notions sont également présentes dans les textes de notre histoire arabo-musulmane, à commencer par le Coran. Mais il convient d’examiner comment ces deux valeurs ont été mises en oeuvre dans la réalité. La conscience collective arabo-musulmane a toujours valorisé, jusqu’à aujourd’hui, la notion de justice et s’est désintéressée de celle de liberté. Ainsi, nous apprécions les personnages justes et équitables de notre histoire sans nous interroger sur la nature de leurs actes au regard d’autres valeurs. Nous encensons les califes abbassides [qui ont régné à Bagdad de 750 à 1258] sans nous demander combien de prisonniers croupissaient dans leurs geôles. De même, nous admirons Hajjaj [gouverneur de l'Irak de 694 à 714] parce qu’il a introduit les signes diacritiques dans le Coran, mais nous oublions qu’au moment de sa mort il avait jeté plus de 77 000 personnes en prison. Nous valorisons la justice au point d’avoir imaginé le « despotisme équitable », terme qui est utilisé dans les textes de l’islam classique là où il faudrait parler de despotisme tout court. Cette vision des choses survit dans la production intellectuelle d’aujourd’hui.

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    Force est donc de constater que nous n’avons pas une conscience suffisamment claire de ce que sont la liberté et la justice. Dans ces conditions, il ne sert à rien de vouloir entreprendre des réformes politiques. L’esprit traditionaliste des gens ne sera pas en mesure de changer si l’on n’a pas auparavant réformé la religion. De plus, l’utilisation de la religion à des fins politiques, une jurisprudence moyenâgeuse, l’absence de libre arbitre, le poids écrasant des textes anciens, tout cela crée les conditions favorables à l’émergence de l’extrémisme islamiste, qui veut accaparer la religion et le pouvoir. Nous n’avons pas tant besoin d’une réforme politique que d’un renouveau de la pensée. Sans cela, rien ne sert de créer de nouvelles institutions, d’élire des Parlements, d’autoriser des associations ou de libéraliser la presse. Tout cela existe déjà. Nous avons plutôt besoin d’invention et de renouveau dans les domaines religieux et culturel afin de rendre toutes ces institutions opérantes.







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