Malédiction des anges !
21032007Le rapport sexuel est un lien entre deux êtres consentants. Il est l’expression d’une recherche d’un désir partagé. Il est l’aboutissement d’un quotidien vécu dans l’amour de l’autre et de son désir. Il n’est surtout pas la simple libération d’une pulsion ou d’une tension de façon mécanique et/ou animale, mais plutôt le moment rêvé du couple, pour dire et vivre l’amour autrement. Ce rapport n’est nullement synonyme de domination. Et quand c’est le cas, on parle plutôt de viol, d’abus, de violence ou d’agression à caractère sexuel.
En effet, il est assez fréquent – nous disent les sexologues et les psychologues – que ce rapport connaît des difficultés. L’un des partenaires pourrait refuser le partage de ce moment d’intimité avec son conjoint pour plusieurs raisons, parmi lesquelles figure la fatigue après une journée chargée de travail par exemple. Le cas d’une maman qui élève trois ou quatre enfants et qui se charge de leurs scolarités et de leur bien-être. Cette maman accumule la fatigue physique et le stress psychique. En conséquence, son appétit sexuel pourrait décroître. Et cela se manifeste parfois par le refus momentané de tout rapport charnel avec son mari. Celui-ci, aussi, peut à son tour se trouver dans la même situation, et pour plusieurs raisons liées au travail et bien d’autres paramètres socioéconomiques. Dans tous les cas, le couple traverse une période délicate. Il est donc urgent de résoudre ce différend.
Bref, la différence d’appétit sexuelle dans un couple n’a rien de surprenant, elle varie continuellement. Les partenaires, quand c’est la cas, sont appelés plutôt à plus de compréhension de ce phénomène et du conjoint aussi, pour lui trouver des solutions adéquates et surtout partagées, et toujours dans le cadre du dialogue sincère et dans la mise à jour, permanente, de la vie amoureuse pour éviter ainsi la routine et pour préserver le couple contre toute menace pouvant aller jusqu’à la séparation et l’éclatement de la cellule familiale. Et par rapport à ça, les histoires douloureuses ne manquent pas.
Effectivement, bien que le dialogue soit vivement conseillé au sein du couple, celui-ci cède la place parfois à des pratiques de domination (souvent de la part de l’homme), visant à faire plier la volonté de l’autre conjoint (la femme) et de le faire manipuler psychiquement pour qu’il réponde présent sexuellement, bon gré mal gré. Cette domination manipulatrice est connue presque dans toutes les cultures, à des degrés similaires. Elle est même justifiée parfois religieusement parlant, puisqu’elle trouve appui dans des écrits religieux qui considèrent l’homme et qui en même temps, déconsidèrent la femme.
Dans la Genèse, il est écrit : « Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des fils. Ton désir te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi » (Genèse 3 – 16). Le voile s’inscrit dans cette même logique de domination de la femme par l’homme. Le texte du premier épître aux Corinthiens où saint Paul justifie l’obligation, pour les femmes, de se couvrir d’un voile en explicitant encore cette soumission et cette domination, il est écrit : « L’homme, lui, ne doit pas se couvrir la tête parce qu’il est l’image et le reflet de Dieu ; quant à la femme, elle est le reflet de l’homme. Car ce n’est pas l’homme qui a été tiré de la femme, mais la femme de l’homme. Et ce n’est pas l’homme, bien sûr, qui a été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme » (Corinthiens. I, 11, 2-16). Le voile – cacher ses cheveux – du point de vue biblique, n’a donc aucune signification de pudeur. Il reflète seulement l’esprit de domination machiste et l’infériorité du statut féminin par rapport à la posture masculine. Cette domination s’exprime à travers le voile, mais aussi à travers une domination générale dans la vie de tous les jours, y compris la vie en couple et la vie sexuelle en particulier.
La vie païenne de l’Arabie, avant l’avènement de la prophétie de Mohammad, paix sur lui, était caractérisée par une domination de l’homme sur la femme sur tous les niveaux, y compris au niveau familial. L’Arabe (le bédouin) de l’époque multipliait les femmes et les esclaves féminins, chacun avait son harem privé. La femme n’était aperçue qu’à travers le vecteur sexuel. Elle ne servait qu’à la reproduction et l’élevage des enfants. La vision biblique et hébraïque dominait donc les esprits. Il n’y avait ni statut de la femme, ni égalité homme/femme, ni rien de tout ça. La femme était à la merci de l’homme, qui pouvait l’enterrer vivante toute petite ou la vendre comme esclave une fois grande, pour asservir mais aussi pour se prostituer. Un passage du Coran témoigne du statut féminin de cette époque, Dieu dit : « Et lorsqu’on annonce à l’un d’entre eux (les païens) la naissance d’une fille, son visage s’assombrit et il arrive à peine à contenir sa colère. Et il se dérobe aux regards des gens, le cœur meurtri par cette nouvelle, se demandant s’il va conserver cet enfant malgré le déshonneur ou s’il va l’ensevelir dans la poussière. Quel odieux jugement ! » (Sourate 16 – 58 et 59).
Le Coran a revu la condition et le statut féminin vers plus d’humanisme dans les relations homme/femme. La femme n’est ni subordonnée ni dominée par l’homme. Elle est d’abord un être humain à part entière, différent de l’homme, responsable et libre. Le Coran souligne la complémentarité homme/femme et non pas la supériorité ou la domination de l’homme sur la femme. La femme n’est pas responsable du péché originel comme cela est stipulé dans la Bible. Mais les deux sont responsables à pied d’égalité sur cet événement : « Seigneur, dirent Adam et son épouse, nous avons agi injustement envers nous-mêmes. Si Tu ne nous pardonnes pas, et si Tu nous refuses Ta grâce, nous serons à jamais perdus » (Sourate 7 – 23). L’homme et la femme sont responsables du sort de la vie sur Terre. Ils sont, tous deux, appelés à accomplir les fonctions qui sont les leurs. Dieu dit : « Les croyants et les croyantes sont solidaires les uns des autres. Ils incitent à la pratique du bien, déconseillent la pratique du mal, accomplissent la salãt, s’acquittent de la zakãt et obéissent à Dieu et à Son Prophète » (Sourate 9 – 71). Il dit aussi : « Tous ceux, hommes ou femmes, qui en revanche, auront accompli de bonnes œuvres tout en ayant la foi seront admis au Paradis ; et tout dommage, même le plus infime, leur sera épargné » (Sourate 4 – 124). Dans son livre « Encyclopédie de la femme en islam », Abd Al Halim Abou Chouqqa a mis en évidence quelques traits de la femme dans le Coran (cf. volume I).
Quand le Coran parle par exemple de la cellule familiale, il met en évidence le côté affectif qui doit régner au sein de celle-ci, aucune domination ni aucune manipulation n’est tolérée. Le Coran ordonne d’entretenir de bons rapports entre homme et femme. Dieu dit : « Entretenez de bons rapports avec vos femmes » (Sourate 4 – 19). Il dit aussi : « Et c’en est un autre (signe) que d’avoir créé de vous et pour vous des épouses afin que vous trouviez auprès d’elles votre quiétude, et d’avoir suscité entre elles et vous affection et tendresse » (Sourate 30 – 21). Il n’y a pas d’hiérarchie dans ses rapports, puisque l’homme et la femme sont égaux, tout rapport de domination est à bannir. La femme n’est pas le sujet ou l’outil de l’homme. Les deux sont créés pour adorer le Seigneur et pour accomplir de bonnes œuvres côte à côte. Au sein du couple il n’y a ni dominant ni dominé. Le sadomasochisme ne trouve aucun appui dans le Coran.
Le Coran n’a toléré aucune domination ni aucune mise sous contraintes même dans les cas où la vie en couple devient impossible. La manipulation, la mise sous contrainte et la domination ne sont pas des valeurs coraniques. Au moment même de la répudiation, le Coran appelle à la retenue face aux différentes tentations manipulatrices et dominatrices. Dieu dit : « La répudiation ne peut être prononcée que deux fois. En cas de reprise : ou on garde sa femme et on la traite avec égards, ou on lui rend sa liberté sans lui causer aucun préjudice » (Sourate 2 – 229). Il dit aussi : « Gardez les femmes répudiées dans vos propres demeures et traitez-les selon vos moyens, mais sans leur nuire en les faisant vivre à l’étroit » (Sourate 65 – 6). Le principe coranique « Point de contrainte en religion » (Sourate 2 – 256) est le résumé même de sa conception des relations entre humains. Conception qui fournit l’assise théorique des relations internationales mais aussi qui donne un sens humain aux rapports conjugaux au sein du couple. Cette même conception représentait à l’époque un tournant de l’histoire. Hélas, cet esprit libérateur et égalitaire n’a duré que quelques dizaines d’années pendant le vécu du prophète Mohammad, paix sur lui. Et juste après sa mort, il semblait que ces successeurs n’ont pas retenu la leçon. Ceux-là ont commencé a justifié la domination par des paroles qu’ils ont ensuite attribué, mensongèrement, au Prophète.
Abou Hourayra est l’un de ces inventeurs de paroles, dits « hadiths », appelant à la domination de la femme par l’homme et justifiant la manipulation psychique, au sein de la cellule familiale, pour des fins sexuelles entre autres.
Dans les recueils des « hadiths » considérés comme authenticités par des religieux, Abou Hourayra attribue des paroles au Prophète Mohammad, paix sur lui. Il dit que, l’envoyé de Dieu a dit : « Lorsqu’une femme renonce une nuit à faire l’amour avec son mari, les anges se mettent à la maudire jusqu’au matin ». Ou encore : « Si une femme fait chambre à part et quitte le lit de son mari, les anges se mettent à la maudire jusqu’à son retour » (cf. recueil de Al Boukhari n° 5248 et 5249 et le recueil de Mouslim n° 2594, 2595 et 2596).
Ces « Hadiths » largement connus, surtout dans les sphères traditionalistes et qui représentent une partie de l’éducation sexuelle répandue chez les couples « musulmans » posent plus d’un point d’interrogation :
1- La femme n’a t-elle pas le droit de renoncer à avoir un rapport avec son mari ?
2- Si cette femme est fatiguée, stressée, n’a pas d’appétit sexuel … devrait-elle à tout moment répondre présente pour satisfaire la pulsion de son mari ?
3- Peut-on parler du consentement dans de telles situations ?
4- Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas de « Hadiths » qui stipulent: « Lorsqu’un homme renonce une nuit à faire l’amour avec sa femme, les anges se mettent à le maudire jusqu’au matin » ?
5- Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas de « Hadiths » qui stipulent: « Si un homme fait chambre à part et quitte le lit de sa femme, les anges se mettent à le maudire jusqu’à son retour » ?
6- Les anges se dressent-ils contre la femme et en faveur de l’homme ?
7- Ces « hadiths » ne reflètent-ils pas la soumission de la femme à l’ordre de l’homme ?
8- N’y t-il pas une contradiction entre l’esprit du Coran et ces « Hadiths » ?
9- Ces « hadiths » ne reflètent-ils pas les traits de la culture machiste répandue dans l’Arabie avant l’avènement du Prophète Mohammad, paix sur lui, et qui est vite revenue juste après sa mort ?
10- Ces « hadiths » ne reflètent-ils pas l’esprit des textes bibliques cités ci-dessus ?
11- Le Prophète Mohammad, pouvait-il dire des choses pareilles et contredire ainsi l’esprit et les valeurs du message coranique ?
12- Ces « hadiths » ne reflètent-ils pas la manipulation psychique de la femme par son mari pour des fins sexuelles ?
13- Ces « hadiths » ne sont-ils pas la permission du viol en couple ?
14- Comment se fait-il que le prophète nous parle des Anges en dehors du texte coranique ? lui qui ne pouvait pas se prononcer par rapport au monde invisible, sachant que les Anges sont invisibles (cf. : Sourate 6 – 50, Sourate 7 – 155)
15- Ces « hadiths » sont-ils authentiques ? après tout ça !
16- Représentent-ils une référence en matière d’éducation sexuelle pour les jeunes mariés ?
17- … etc.
Il est clair que ces « hadiths » représentent un retour en arrière sur l’esprit coranique. Ils garantissent, malheureusement, l’assise théorique de la manipulation psychique et de la domination masculine au sein des couples « musulmans ».
Ces « hadiths » traduisent fidèlement ce que le code pénal français interdit depuis plus d’une décennie, à peu près depuis 1993. Les femmes qui subissent des rapports forcés pour éviter la malédiction des anges sont des femmes manipulées psychiquement, et elles peuvent être assimilées à des femmes subissant un viol, ou du moins à une agression sexuelle sans consentement.
Rappelant que le viol est un crime, y compris entre époux, puisque du point de vue de la loi, la femme même mariée garde sa liberté sexuelle. Dans les rapports en couple, il ne doit pas y avoir ni violence, ni contrainte, ni menace, ni pression de quelques formes que se soient. Quand c’est le cas, on ne peut plus parler de consentement entre adulte mais plutôt de viol passible de 15 ans de réclusion criminelle. Le viol exercé sur son époux est même devenu une circonstance aggravante du viol depuis la loi du 4 avril 2006.
Combien de femmes souffrent-elles, en ce moment même d’un rapport imposé à coup de « hadiths » ? Combien de femmes sont emprisonnées dans le silence et dans la peur de la malédiction des anges ? Combien d’hommes profitent encore de cette situation, oh combien profitable ?!
Il est temps peut être d’ouvrir nos yeux sur des réalités, oh combien dramatiques, induites par la manipulation des textes mensongers d’un côté, et de l’autre côté par la crainte de l’anathème. Et tout cela se passe dans le silence, dans la peur et dans le noir !
Catégories : Religion
Commentaires récents