Le Caméléon
22 03 2007Poème satirique (en arabe) du poète irakien Ahmed MATAR, exilé à Londres. Suivi par un essai de traduction (en français) faite par Saadia HAJIB. Bonne lecture :
الحرباء ـ أحمد مطر
مَولانا الطّاعِنُ في الجِبْتِ
عادَ لِيُفتي
هَتْكُ نِساءِ الأرضِ حَلالٌ
إلاّ الأَربعَ مِمّا يأتي
أُمّي، أُختي، امرأتي، بنتي
كُلُّ الإرهابِ مُقاومَةٌ
إلاّ إن قادَ إلى مَوتي
نَسْفُ بُيوتِ النّاسِ جِهادٌ
إن لَمْ يُنسَفْ مَعَها بَيتي
التقوى عِندي تَتلوّى
ما بينَ البَلوى والبَلوى
حَسَبَ البَخْتِ
إن نَزلَتْ تِلَكَ على غَيري
خَنَقَتْ صَمْتي
وإذا تِلكَ دَنَتْ مِن ظَهْري
زَرعَتْ إعصاراً في صَوْتي
وعلى مَهْوى تِلكَ التّقوى
أَبصُقُ يومَ الجُمعةِ فَتوى
فإذا مَسَّتْ نَعْلَ الأَقوى
أَلحسُها في يومِ السَّبتِ
الوسَطِيَّةُ: فِفْتي .. فِفْتي
أعمالُ الإجرامِ حَرامٌ
وَحَلالٌ
في نَفْسِ الوَقْتِ
هِيَ كُفرٌ إن نَزَلَتْ فَوقي
وَهُدىً إن مَرّتْ مِن تَحتي
***
هُوَ قد أَفتى
وأنا أُفتي
العلَّةُ في سُوءِ البذْرة
العِلّةُ لَيسَتْ في النَّبْتِ
وَالقُبْحُ بِأخْيلَةِ الناحِتِ
لَيسَ القُبحُ
بطينِ النَّحتِ
وَالقاتِلُ مَن يَضَعُ الفَتوى
بالقَتْلِ
وَليسَ المُستفتي
وَعَلَيهِ.. سَنَغدو أنعاما
بَينَ سواطيرِ الأَحكامِ
وَبينَ بَساطيرِ الحُكّامْ
وَسَيكفُرُ حتّى الإسلامْ
إن لَمْ يُلجَمْ هذا المُفتي
Le Caméléon
par Ahmed MATAR
Traduit de l’Arabe par Saadia HAJIB
Sa seigneurie l’ancien occultiste(mollah)
A reprit ses fatwas:
« Violer toutes les femmes est permis sauf ces quatre:
Ma femme, ma fille, ma mère et ma soeur»
« tout terrorisme est résistance,
Sauf celui qui conduira à ma mort»
« Faire exploser les maisons,
Est un acte martyre, sauf exploser la mienne »
« Pour moi, la piété serpente entre malheur et malheur
Selon la chance, s’il tombe sur un autre
J’étouffe mon silence
Si ça s’approche en douce derrière moi
Je sèmerai un ouragan dans ma voix »
Selon l’humeur de cette piété,
Je crache ma fatwa le vendredi
S’elle touche les souliers d’un tyran,
Je la lèche le samedi »
« au milieu, moitié… moitié
Les actes criminels sont en même temps,
Illicites et licites
Mécréance s’ils tombent au dessus de moi
Guidance, s’ils passent en dessous »
Lui a émet sa fatwa,
Moi j’émets la mienne
Le mal, c’est dans la mauvaise graine
Le mal n’est pas dans la plante
La laideur d’une œuvre revient au sculpteur
Et, non à la matière glaise
Meurtrier, celui qui émet une fatwa,
Qui incite à tuer
Et non, celui qui va l’exécuter
Sinon, on va devenir du bétail
Entre les haches de nos meneurs
Et sur leurs étals
Et l’islam reniera sa foi
Si on ne met pas une muselière à ce mollah..
Madame de maintenant
Louée, idolâtrée, bien convoitée
Des hommes pour elle, ont combattu
Grâce à sa belle renommée
Elle a pu longtemps régner
Après de longues décennies
Elle commence à perdre sa crédibilité
Ses trous de mémoire de plus en plus fréquents
Sans scrupule, elle triche et ment
Malgré l’appui de sa canne
Elle tombe de plus en plus en panne.
Elle a bel et bien perdu ses dents
Ses cheveux sont devenus tout blanc
Belle façade, le fond est pourri
Ses adeptes, d’elle se méfient
Vieillissant, elle est aussi méchante qu’aigrie
Sous son règne des droits sont bafoués
Mitigée, fausse et fabriquée
Elle a beau changé de peau
Nul ni dupe, a bas les masques et le faux!
Une telle bassesse, changer de look, d’opinion
De se vendre, d’être un instrument
Son pouvoir sont ses mots, nos maux
Ses promesses, des mensonges, que des mots
Sans la masse, elle n’est qu’une illusion
Un trompe œil, une manipulation!
Le réveil est là!
De cette comédie, on est las…
La coupe est pleine… on est trahi
Ses paons- aras, ses haut parleurs
Ses portes paroles…
On ne les croit plus
Complice, sourde et muette
En panne sa balance n’est qu’une girouette!
Cette instrumentalisation qu’on appelle démocratie…
Ras le bol, ö dame démocrature!
Fait à Saint Jean de Mont
Mai 2016