De la caricature censurée (3)
25032007La violence terroriste est-elle inhérente à l’islam ?
Ma réponse est OUI et NON. Tout dépend de quel « islam » on parle !
Premièrement, si on parle de l’islam tel qu’il se définit dans le Coran et dans les Livres révélés, ma réponse est NON. La violence n’est pas inhérente à cet islam. Puisque cet islam même se définit essentiellement comme antidote à toute forme de violence et donc comme solution pacifique dont bénéficie, et bénéficiera, tout un chacun. Et ce, quelque soit sa religion, son sexe, son statut social et son ethnie.
Le Coran, à l’image des autres Livres révélés et les sagesses philosophiques qui ont traversé le temps et l’espace, prêche le dialogue, le pardon, la miséricorde, la rencontre, la liberté de conscience, de pensée et d’expression, le partage, la solidarité, la fraternité, l’esprit de médiation et non pas celui du conflit,… (À suivre sur ce blog un article qui détaillera cela). Et pour prendre un exemple qui est celui de la liberté de conscience, de pensée et d’expression, le Coran nous dit :
Dieu dit : « Point de contrainte en religion maintenant que la vérité se distingue nettement de l’erreur » (sourate 2 – 256).
Dieu dit : « Et si ton Seigneur l’avait voulu, tout ceux et celles peuplant la Terre auraient sans exception embrassé Sa foi ! Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? » (Jonas – 99).
Dieu dit : « Quiconque choisit la bonne voie le fera à son propre avantage et quiconque préfère l’égarement le fera à son propre détriment car tu- en s’adressant au Prophète- n’es point pour eux un répondant » (Les groupes – 41).
Dieu dit : « Dis : la Vérité émane de votre Seigneur, Croira qui voudra et niera qui voudra ! » (La Caverne – 29).
Dieu dit : « Nous savons fort bien ce que disent les gens, mais tu n’as pas mission d’exercer sur eux une quelconque contrainte, contente-toi d’avertir, par ce Coran, ceux qui redoutent la menace de Mes rigueurs » (Qäf – 45).
Dieu dit : « Rappelle-leur tout cela ! Car ton rôle se limite à le leur rappeler et tu n’as sur eux aucune autorité » (L’Epreuve universelle – 21 et 22).
Deuxièmement, si on parle d’un autre islam qui est celui desdits Hadiths (qui sont l’ensemble des réflexions et citations écrites par des compilateurs après environ deux siècles de la mort du prophète ! Et qui sont attribués, souvent mensongèrement, au prophète puisque ces citations s’opposent et contredisent le texte coranique à plusieurs niveaux) Je dis OUI, la violence est, de ce point de vue, inhérente à cet islam. Qui a fait volte face sur l’ensemble des principes et valeurs que les révélations successives ont venu rétablir et promouvoir.
Je reprends le même exemple, à savoir celui de la liberté de conscience, de pensée et d’expression. A ce sujet « l’islam des Hadiths » nous dit :
- D’après Abdallah le fils de Omar, l’Envoyé de Dieu a dit: «Il m’a été ordonné de combattre les hommes jusqu’à ce qu’ils témoignent qu’il n’est d’autre divinité qu’Allah, et que Mohammed est Son Envoyé, qu’ils accomplissent la prière rituelle, qu’ils acquittent la Zakat. S’ils exécutent ces choses, ils seront, à mon égard, garantis quant à leurs personnes et à leurs richesses, à moins qu’ils ne transgressent la loi de l’Islâm, mais Dieu règlera le compte de leurs intentions vraies ».
- D’après Abdallah le fils de Abbâs, l’Envoyé de Dieu a dit : « Quiconque change sa religion, tuez-le !» (Rapporté par tous les compilateurs de hadiths sauf Mouslim).
- D’après Abdallah le fils de Massoud, l’Envoyé de Dieu a dit : « Le sang d’un Musulman qui atteste qu’il n’y a de dieu que Dieu et que je suis le Messager de Dieu est illicite sauf dans trois cas : l’homicide volontaire, le fornicateur qui a déjà connu le mariage et l’apostat qui abandonne la Communauté. » (Rapporté par l’ensemble des compilateurs de hadiths).
Cet « islam des Hadiths » traduit fidèlement, non seulement ce que dénoncent les caricatures en question, mais aussi ce que voulait dire le Pape Benoît XVI quand il a cité une partie du dialogue que le docte empereur byzantin Manuel II Paléologue entretint avec un Persan cultivé sur le christianisme et l’islam et sur la vérité de chacun d’eux, dans son fameux discours controversé à l’Université de Ratisbonne le 12 septembre 2006.
Pour le rappel, l’empereur byzantin avait dit en s’adressant à l’intellectuel persan : « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son mandat de diffuser par l’épée la foi qu’il prêchait ».
Les Hadiths cités ci-dessus traduisent fidèlement cet esprit. Mais ce que je trouve à la fois incompréhensible et inacceptable, c’est l’attitude d’un certain nombre de « musulmans » qui défendent corps et âme ces textes et qui les sacralisent sans vouloir pour autant, assumer leurs contenus violents, ou revoir ces contenus à la lumière du Coran !
En effet, ce ne sont ni les caricatures ni le Pape Benoît XVI qui créent l’amalgame entre le terrorisme et l’islam. Ce sont plutôt des textes de ce genre, qui alimentent des pratiques terroristes un peu partout dans le monde. Et l’amalgame restera toujours d’actualité, tant que les « musulmans » refusent de les remettre en question, continuent de les considérer comme deuxième source sacrée et fondamentale de l’islam, et ferment les yeux sur les contradictions qui opposent les Hadiths au texte coranique.
Troisièmement, si on parle maintenant des différentes représentations politiques de l’islam à travers l’histoire et la géographie. J’ose confirmer avec certitude et chiffres à l’appui, que les violences sont inhérentes à l’idéologie dite « islam politique » sous toutes ses variantes passées ou présentes, du régime des Talibans jusqu’aux régimes gouvernés totalement ou partiellement par « les frères musulmans » tout en passant par les politiques des Mollahs de l’Iran.
Ces régimes conjuguent parfaitement la volonté acharnée de s’accaparer de tous les pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires en maintenant sous la menace violente l’ensemble des bonnes volontés qui n’espèrent, et qui n’espéraient, qu’une chose : le changement profond, structurel et pacifique des modes de vie, des systèmes éducatifs et des institutions. Pour vivre enfin, un islam tolérant, humain, ouvert et égalitaire.
En prenant le même exemple de la liberté de conscience, de pensée et d’expression, les différentes représentations de « l’islam politique » témoignent, à des degrés similaires, d’une violence effrayante. En citant des exemples qui relèvent d’une réalité réelle, j’aimerai rendre hommage à toutes les victimes des régimes politico-religieux.
Un hommage qui ne signifie pas forcément mon adhésion aux différentes idées que ces personnes ont voulu exprimer mais plutôt mon indignation profonde d’utiliser le nom de Dieu pour justifier le totalitarisme islamiste et le terrorisme intellectuel dont voici quelques victimes:
On se rappelle de la pendaison à Khartoum de l’intellectuel soudanais Mahmoud Mohammed Taha, en Janvier 1985, à plus de 80 ans qui avait écrit un livre « Un islam à vocation libératrice » sur l’histoire de l’islam où il défendait l’idée de séparation du politique et du religieux. Et dans lequel disait que le message spirituel du prophète, tel qu’il fut révélé à La Mecque, est universel, mais que toute la construction juridique élaborée à côté, dans un contexte historique précis, n’était plus en phase avec la vie des musulmans aujourd’hui.
On se rappelle de l’assassinat de l’intellectuel Farag Foda par des islamistes en juin 1992, après avoir publié son livre « La vérité absente », et après que le cheikh de la mosquée d’Al-Azhar au Caire l’a déclaré quelques jours auparavant « apostat ». Al-Azhar, six mois après, a ordonné : « au nom de l’islam, religion de l’État », les œuvres de Foda, rééditées en hommage, sont interdites et saisies !
On se rappelle du grand romancier Nagib Mahfouz, Prix Nobel de littérature en 1988, qui a été poignardé au Caire par un membre de Al Djamaa Al-Islamiya. Et qui a subit, bien avant cet événement dramatique en 1959, puis en 1988, la censure de ses romans par l’université Al-Azhar. Aujourd’hui même l’Arabie Saoudite censurent toute sa littérature.
On se rappelle du poète saoudien Sadiq Melallah qui a été décapité au sabre le 3 septembre 1992 sur la grande place de la ville de Qatif. Son délit : blasphème et abjuration. D’autres saoudiens subissent la torture à cause de leurs opinions, comme l’enseignant Mohammed al-Harbi, qui a été condamné à 750 coups de fouet, trois ans et quatre mois de prison, pour « atteinte à l’intégrité de l’islam ». On peut citer aussi Mohammed Al-Souheimi qui a été condamné à 300 coups de fouet, trois ans de prison et l’interdiction d’exercer pour « apostasie ». Ou aussi l’exemple de Wajeha Huaider, active dans la lutte pour les droits des l’homme, qui s’est faite arrêté le 4 août 2006 en portant une banderole appelant à donner plus de droits à la femme saoudienne.
La liste est encore longue ! Mais l’objectif est simplement de montrer que ces violences faites au nom de Dieu en s’attaquant à des gens pacifiques pour leur faire taire, ne peuvent pas être inhérente à ce que j’appelle « l’islam coranique » ou « l’islam des prophètes » mais ils sont l’œuvre terroriste de « l’islam politique ».Conclusion : Le CFCM et ses composantes peuvent continuer dans cette logique victimaire qui ne fera qu’accentuer les violences faites au nom de Dieu. Ils peuvent aussi crier à chaque fois au complot et à « l’islamophobie ambiante ». Le CFCM deviendrait donc et avec le temps « Centre Français de la Censure Meurtrière » et cesserait d’être le » Conseil Français du Culte Musulman ».Pour éviter cette dérive réelle et menaçante, il est temps de redéfinir ce que les uns et les autres appellent « l’islam » ou encore « l’islam de France ». Et si « l’islamophie » est condamnable sans appel, sont condamnables aussi toutes les « phobies » islamistes, qui veulent entretenir le statu quo et qui prennent comme cibles non seulement les femmes, les adolescents, les « non musulmans », les homosexuels mais aussi les intellectuels, les artistes, les cinéastes et les caricaturistes.
Catégories : Religion, Societe
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