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Deux péchés originels !

22072007

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Par Mohamed LOUIZI

 

A quoi est due l’avarie des viandes ?

 

Voilà une question à laquelle les recueils des Hadiths « authentiques » ont songé à y répondre, depuis plus de douze siècles en dévoilant « la » présumée cause première de ce phénomène désagréable !

 

On s’attend, peut-être, à une explication d’ordre scientifique se basant sur les données de la microbiologie alimentaire, entre autres, ou sur ce que supposait déjà au onzième siècle le médecin Avicenne (980 – 1037) qui avait émis une hypothèse, selon laquelle l’eau et l’atmosphère contiendraient de minuscules organismes invisibles, vecteurs de certaines maladies infectieuses, qui seront découverts et désignés plus tard sous le nom de micro-organismes ou de microbes (petites vies) par les travaux du microbiologiste hollandais Antoine Van Leeuwenhoek (1632 – 1723), du français Louis Pasteur (1822 – 1895) et bien d’autres savants et explorateurs de l’univers de l’infiniment petit.

 

De tels travaux et observations montrent que la chair animale – vu sa composition chimique, son potentiel d’hydrogène pH, son potentiel d’oxydoréduction, sa structure physique, ses modes d’élevage, ses conditions d’abattage, ses procédés de conservation,… – s’altère, se décompose rapidement ou lentement et devient toxique et impropre à la consommation, à cause des attaques microbiennes agressives ou même atténuées par certaines méthodes de  conservation.

 

Les microbes, participant à ce concert de putréfaction infecte, se nourrissent des composées de la chair animale, en provoquant ainsi sa détérioration et son avarie. Il y a même, parmi les défenseurs des animaux, ceux qui avancent l’idée selon laquelle la viande animale exposée en vente en vue de la consommation culinaire, n’est pas un aliment mais un cadavre en décomposition ! Justement à cause de la présence massive des micro-organismes pathogènes et cancérigènes. Par conséquent, la viande dite consommable ne représente en réalité qu’une certaine « alimentation cadavérique » !

 

Ces attaques microbiennes ne datent pas d’hier. Il s’agit plutôt d’un phénomène très ancien qui date de l’apparition même de ces micro-organismes, unicellulaires ou multicellulaires, qui étaient les premières formes de vie à se développer sur Terre, il y a approximativement quatre milliards d’années ! Des milliards d’années avant l’apparition du genre humain ! Et depuis leur apparition, ces micro-organismes se nourrissent principalement de la matière organique, des molécules du vivant (protides, lipides,..), des substances minérales, des vitamines, de l’eau,…etc. Que de substances alimentaires qu’on trouvent abondamment dans la chair animale, puisqu’elle est composée de : 75% d’eau, 20% de protéines, 3% de lipides, 1% de glucides, 1% de sels minéraux!

 

Une explication authentique !

 

Cependant, le fameux Abou Hourayra – l’un des compagnons présumés du prophète Mohammed – nous livre une explication mystérieuse du secret de la décomposition et de l’avarie des viandes en attribuant un récit (Hadith), classé « authentique », au prophète Mohammed postulant, je cite : « Si ce n’étaient les fils d’Israël, la viande ne serait jamais avariée et si ce n’était Hawâ (Eve), aucune femme n’aurait trahi son époux» ! Hadith rapporté par Al Boukhari et par Mouslim dans leurs « authenticités » et aussi par Ahmed Ibn Hanbal, maître de l’école Hanbalite, dans son « Mousnade ».

 

A noter au passage, que le terme « fils d’Israël » ne désignerait pas, probablement, les seuls hébreux descendant des douze enfants du patriarche Jacob, selon la terminologie biblique mais il désignerait également tous les Juifs !

 

Ce Hadith explique conjointement deux phénomènes totalement différents et sans aucun lien logique apparent ! Le premier est de dimension alimentaire. Quant au second, il est de dimension familiale et sociale ! Il présume que la cause première de la putréfaction des viandes est les fils d’Israël ! Et que la responsablité originelle de tout acte d’infidélité et de tromperie féminine revient à la charge de la première maman pensante : Eve !

 

Après tout, on peut se poser la question à propos du, ou des, point(s) en commun entre « l’avarie des viandes » d’un côté et « l’infidélité des femmes » de l’autre ! Mais quoi qu’il en soit, ce texte qui se veut prophétique, authentique, sacré et immuable, ou présenté ainsi par les mollahs sunnites, mérite néanmoins, un traitement avec beaucoup d’intérêt et de sang froid.

 

Premièrement, on peut dire que ce Hadith stipule que la cause de l’avarie des viandes est l’apparition des fils d’Israël au cours de l’Histoire, non pas celle des humains uniquement, mais aussi celle de tous les êtres vivants, depuis qu’il y a une vie sur Terre ! Par déduction, on peut conclure, en se basant sur ce même Hadith, que si cette Histoire n’a pas connu l’apparition des fils d’Israël à un moment donné, peut-être la viande se préserverait éternellement contre la décomposition et que les cadavres continueraient à s’entasser les uns sur les autres, en se conservant parfaitement et en résistant contre toutes les attaques microbiennes ! Imaginez un peu le visage de la Terre vu du ciel, dans ce cas de figure : des montagnes de dinosaures, de mammouths, d’éléphants, de vaches, de baleines, de poissons, d’oiseaux, d’humains, qui, par absence de l’élément décomposeur, qui est les fils d’Israël, ces cadavres resteraient intactes ! Abou Hourayra évoqua l’apparition des fils d’Israël comme l’élément catalyseur de la décomposition des viandes et aussi comme la cause de la puanteur qui l’accompagne !

 

Deuxièmement, ce Hadith explique que toutes les femmes sont prédestinées à tromper et à se montrer infidèles à l’égard de leurs conjoints. Et cela, à cause de la supposée responsabilité historique de Eve qui a trahit son mari Adam, nous dit Abou Hourayra, en causant son expulsion du paradis ! Une façon de présenter l’infidélité supposée des femmes tel un péché héréditaire et une bêtise génétiquement transmissible de mère en fille, en remontant le chaînon de l’histoire jusqu’au péché originel que Abou Hourayra – étrangement en harmonie avec une version biblique et non pas avec le Coran – le met sur le compte de la première Dame consciente et pensante de l’histoire humaine !

 

Certains me diront que j’ai mal compris ce Hadith, qu’il faut plutôt voir du côté du sens figuré et imagé que du côté du sens propre, et qu’il faut lire simplement les explications des grands érudits de l’islam sunnite en matière des « sciences des Hadiths », pour mieux cerner le sens exact de cette « sagesse ! » attribuée au prophète Mohammad par le fameux Abou Hourayra !

 

Avis de spécialistes !

 

Certes, des exégètes des Hadiths ont tenté d’expliquer ce récit en essayant de l’interpréter de façon à le rendre plus ou moins crédible aux yeux des lecteurs surpris et hallucinés, mais sans aller plus loin dans l’examen de sa vraisemblance, de sa scientificité, de sa valeur intellectuelle ajoutée, de son apport social et avant toute autre chose, de sa cohérence avec le texte coranique.

 

Car selon ces exégètes, tout comme les autres « spécialistes » desdits « sciences des Hadiths », ce qui compte le plus dans un récit attribué au prophète – et cela mérite un article indépendant – ce ne sont ni la vraisemblance (scientifique, historique, sociale, culturelle,…) de son contenu ni même sa cohérence avec le Coran ! Les seuls éléments déterminants que vérifient ces « spécialistes », avant l’acceptation ou le refus d’un quelconque Hadith, sont : la solidité de la chaine de transmission, la confiance en les personnes rapporteuses et l’aptitude de celles-ci à ne pas mentir ou à attribuer des mensonges au prophète !

 

On est donc en présence d’un ensemble de critères de vérification très subjectifs qui manquent cruellement de sérieux, de crédibilité et de rigueur scientifique. Puisqu’ils n’évaluent pas l’information rapportée proprement dit, en dehors de toutes considérations personnelles, mais ils évaluent uniquement les attitudes morales apparentes et les comportements visibles de la personne qui l’a rapportée !

 

Il suffit donc que le rapporteur soit « pieux », « derviche » dans l’apparence, ou jugé ainsi par son entourage, et aussi aspire confiance pour que son information rapportée et transmise soit validée et authentifiée par ces spécialistes et soit sacralisée par les générations futures ! Même si cette même personne souffrait d’une déficience intellectuelle grave et d’un QI strictement inférieur à 25 !

 

J’imagine le jour où les universités et les centres de recherche scientifique quitteraient leurs grilles d’évaluation actuelles, scientifiquement établies sur des critères et sur des indices objectifs, rigoureux… pour adopter « la piété » et « la dervicherie » comme seuls critères d’évaluation des thèses et des résultats des recherches ! Je dirai à ce moment là : Bienvenue « l’âge de pierres » !

 

Dans cet article, je ne prétends pas faire ce travail de vérification du Hadith susmentionné sur la base de critères objectifs et solides ! Mais j’essaye tout de même d’examiner son contenu de près et surtout de tenter de découvrir les arrières pensées qui se dissimulent implicitement derrière ses deux affirmations et d’en trouver le lien logique, s’il y en a un !

 

Dans le livre de Ibn Hajar Al Asqualany - exégète des Hadith du quatorzième siècle - intitulé « Fath Al Bari Fi Charhe Sahih Al Boukhari », qui fait quinze volumes explicatifs des « Authenticités » de Al Boukhari, il est noté à la marge de ce Hadith:

 

Premièrement, l’expression «Si ce n’étaient les fils d’Israël, la viande ne serait jamais avariée » renvoi à une anecdote appartenant, apparemment, à l’histoire ancienne des fils d’Israël qui, selon Ibn Hajar, transgressaient un interdit divin, défendant de faire des provisions à base de la viande des cailles que Dieu leurs a envoyé ! Et c’est à cause de cette propension à mettre de la viande en réserve que celle-ci se voyait putréfier ! Pour Ibn Hajar, les juifs sont donc les premiers de l’histoire humaine à vouloir stocker et conserver la viande. Et ils se sont les premiers aussi à causer sa décomposition infecte !

 

Comme si, la décomposition des viandes n’a été découverte qu’à ce moment précis de l’histoire de l’humanité – en faisant allusion à une certaine « décomposition originelle » – il y a quelques trois milles ans !

 

Peut-être si les juifs ne se sont jamais apparus dans l’histoire, la viande serait pour toujours imputrescible ! Ce que confirmait An-Nawawi, exégète et jurisconsulte sunnite du treizième siècle, dans son livre explicatif des « Authenticités » de Mouslim, à la marge de ce même Hadith, je cite : « la décomposition infecte des viandes a bien commencé avec les fils d’Israël. Ceux-là ont transgressé l’interdit de ne pas conserver la viande des cailles. Par conséquent ils ont initié la putréfaction des viandes à ce moment précis de l’histoire et ça continue depuis » !

 

Il s’agit là d’une affirmation manquant d’arguments historiques et allant à l’encontre des résultats des travaux de recherches contemporaines, comme celles de l’américain Mark Kurlansky dans son livre sur l’histoire du sel dans le monde, intitulé « Salt : A World History », édité chez Penguin Books en 2003. Kurlansky montre à l’aide des données de l’archéologie et de l’égyptologie que malgré que les chinois utilisaient la méthode dit « la salaison », consistant à conserver les poissons avec du sel contre la décomposition, depuis plus de quatre milles ans, les égyptiens anciens les ont devancé de loin ! Puisque ceux-là ont développé des procédés de conservation des viandes et d’autres aliments bien avant les chinois. Comme nous l’indique la datation des volailles et des poissons trouvés conservés à l’aide de la salaison, dans le cadre des fouilles archéologiques, dans des tombes datant de plusieurs milliers d’année, bien avant l’apparition d’Israël et de ses fils ! Sans parler bien sûr, de l’art de la momification qui ressemble à la salaison et qui a été développé en Egypte ancienne avant 5000 ans pour protéger les corps de la famille royale et ceux des classes supérieures. Kurlansky rajoute que les égyptiens ont commencé déjà en l’an 2800 av. J.-C. de faire du troc avec les phéniciens en échangeant les poissons assaisonnés avec du sel contre le riz et le bois !

 

Ibn Hajar, tout comme An-Nawawi, en essayant de tailler une interprétation voulue acceptable, ne s’est même pas posé la question sur l’origine de tel conte, sur sa véracité et surtout sur ses arrières pensées sociales, idéologiques et historiques ! Il en a tiré tout de même une moralité sous forme de citation, attribuée cette fois-ci à Dieu en personne, qui dirait dans un Livre révélé dont on ignore toujours le nom: « Si Je n’avais pas prédestiné les aliments à la pourriture, les riches les auraient conservé à la place de les offrir ou de les partager avec les pauvres ! ».

 

Ibn Hajar semble avoir l’air convaincu de l’efficacité économique et sociale de telle mesure divine pour combattre la pauvreté et pour assurer une juste répartition des richesses, en évitant que les riches (juifs) ne s’emparent pas de toutes les parts en mettant de la viande en réserve tout en laissant les autres (pauvres) mourir de faim !

 

Quelle moralité tirerait donc Ibn Hajar s’il est de notre temps ? Où les moyens de conservation sont à la portée et des juifs et des non juifs, et où malgré cette soi-disant mesure divine la pauvreté et la famine ne cessent de se répandre davantage, même dans les pays où ce ne sont pas les juifs qui s’emparent du gâteau mais plutôt se sont les cheiks du pétrodollar qui s’enrichissent abusivement en appauvrissant leurs frères et sœurs en Dieu ?!

 

Deuxièmement, l’expression «Si ce n’était Hawâ (Eve), aucune femme n’aurait trahi son époux » est expliquée par les soins de Ibn Hajar en se basant sur la doctrine du « péché originel » qui s’oppose fondamentalement à l’esprit et au texte coranique. Pour Ibn Hajar, toutes les femmes, sans exception aucune, trahissent et trompent inévitablement leurs maris, que ce soit par le faire ou par le dire !

 

Ces trahisons et infidélités ont pour cause première le « péché originel » qu’a commis Eve, entraînée et séduite par Satan, en mangeant et en poussant Adam à manger de l’arbre défendu ! Saïd Ibn Al Moussayyibe, un orthodoxe sunnite médinois du septième siècle, jurait par le nom de Dieu, que Eve avait enivré Adam qui, une fois soûl, perdit le contrôle sur soi et suivit Eve qui le poussa malignement à manger de l’arbre de l’immortalité !

 

Le Coran réfute la doctrine du « péché originel », introduite dans la chrétienté par Saint Paul de Tarse dans « L’épître aux Romains». Il présente la faute de Adam, non pas comme une faute intentionnelle préméditée et initiée par la trahison de sa femme, mais plutôt comme une simple omission et surtout comme une responsabilité partagée et assumée par les deux et qui a été vite pardonnée par Dieu.

 

Dans le Coran il est noté : « Nous avions fait une recommandation à Adam avant sa chute, mais il ne l’a pas observé, faisant ainsi preuve de manque total de résolution (…) Nous dîmes alors : Ô Adam ! Cet être –Satan- est un ennemi pour toi et pour ton épouse. Prenez garde qu’il ne vous fasse chasser du Paradis, car ce serait un grand malheur pour toi (…) Mais Satan le tenta en lui disant : Ô Adam Veux-tu que je te montre l’arbre de l’immortalité et un royaume impérissable ? Adam et son épouse mangèrent alors du fruit défendu et aussitôt leur apparut leurs nudités (saouâ) qu’ils essayèrent de cacher avec le feuillage du Paradis. Adam désobéit ainsi à son Seigneur et se trouva égaré. Puis son Seigneur le ramena à Lui, accepta son repentir et le remit sur le droit chemin… » (Sourate 20 – de 115 à 123). « Seigneur, dirent Adam et son épouse, nous avons agi injustement envers nous-mêmes. Si Tu ne nous pardonnes pas, et si Tu nous refuses Ta grâce, nous serons à jamais perdus » (Sourate 7 – 23).

 

On peut se demander après tout, comment se fait-il que Abou Hourayra, Al Boukhari, Ibn Hajar, Saïd Ibn Al Moussayyibe et bien d’autres spécialistes des « sciences des Hadiths » adoptaient et défendaient, corps et âme, la version de Saint Paul de Tarse et méconnaissaient, de façon fortuite ou intentionnelle, la version coranique ? S’agit-il d’une volonté délibérée d’instaurer une misogynie religieuse, incarnant l’intimidation et la subordination des femmes et protégeant ainsi les traditions tribales et bédouines de l’époque et qui étaient largement remises en question par le Coran ? …

 

Analogie !

 

Ce Hadith, qui peut paraître secondaire, marginal et sans valeur réelle, recèle astucieusement quelques aspects fondamentaux de l’idéologie théologiquopolitique qui a rythmé la réalité sociale en Arabie, juste après la mort du prophète Mohammed, et qui s’est généralisée, à travers les Hadiths un peu partout dans le monde conquis, à des degrés très proches. Et même aujourd’hui cette idéologie ne semble pas être prête à céder du terrain ou à vivre l’expérience d’une introspection globale, attendue désespérément depuis toujours !

 

Ce Hadith, qui dans l’apparence traite conjointement « l’avarie des viandes » et « l’infidélité des femmes », cache bien son jeu ! En allant un peu plus loin en profondeur et en lisant derrière les lignes, on va vite se rendre compte qu’il établit plutôt une relation de similitude entre les « juifs » d’un côté et les « femmes » de l’autre.

 

L’analogie ainsi établie, met en évidence la trahison et l’infidélité comme point en commun entre les juifs et les femmes. Les juifs ont trahit Dieu en transgressant ses interdits. Quant aux femmes, elles trahissent les hommes en les poussant à commettre l’interdit !

 

De ce fait là, ni les juifs ni les femmes ne sont dignes de confiance !? Et c’est pour cela qu’ils sont considérés, par les rapporteurs de certains Hadiths « authentiques », comme deux dangers et deux maux auxquels il faut trouver des mesures et des résolutions convenables, afin de les neutraliser ou au moins, limiter au maximum leurs champs d’actions et d’influences au sein de la société ! Toutes les mesures, ou plutôt toutes les démesures, sont bonnes. Que ce soit en terme d’intimidation et de mépris ou en terme de menaces et de diabolisation.

 

Femmes : le « mal à supporter » !

 

En effet, l’image de la femme, que véhicule de nombreux Hadiths « authentiques », ou assimilés ainsi, est loin d’être celle d’un humain à part entière qui jouit de toutes ses libertés et ses droits fondamentaux et qui, au nom de ces libertés et ces droits, occupe toute sa place au sein de la société, égalitairement et en parfaite complémentarité avec l’homme. Mais au contraire, il s’agit d’une image entachée par l’héritage des traditions tribales machistes de l’époque, qui ne voyait en la femme qu’un « mal nécessaire » à supporter, à voiler et à encadrer. Source de mauvais augure et de dérives. Classée au même rang que les ânes, les chevaux et les chiens. Subordonnée et écartée, totalement ou partiellement, de la gestion des affaires sociales, juridiques et politiques. Qui a toujours besoin de tuteur, même pour se déplacer d’un point A à un point B, puisqu’elle est inférieure de raison et de religion par rapport à l’homme, à qui on a confié le devoir de « veiller sur » mais qui ne fait depuis toujours que « surveiller », comme disait un ami !

 

Que de concepts et pratiques faisant parti de l’histoire bédouine d’avant l’avènement du Coran et qui se sont remontés à la surface en triomphant sur les propres orientations de celui-ci, quelques jours après la mort du prophète. Ces concepts et pratiques, comme nous le montre au grand jour l’idéologie wahhabite et salafiste, répandue un peu partout dans le monde, trouvent appui, sacralité et immunité dans des Hadiths du genre :

 

1-« La prière ne peut être interrompue qu’à cause du chien, de l’âne et de la femme » rapporté par Al Boukhari !

 

2-«Le mauvais augure n’est qu’en trois choses: le cheval, la femme et la maison » rapporté par Al Boukhari !

 

3-« S’il reste encore des gens qui croient au mauvais augure, ce sera dans la femme, le cheval et l’habitation » rapporté par Al Boukhari !

 

4-« Parmi les signes précurseurs de l’Heure (…) le grand nombre de femmes et la diminution du nombre des hommes, au point où chaque cinquantaine de femmes auront un seul tuteur » rapporté par Al Boukhari !

 

5-« Ô femmes! Faites l’aumône, car j’ai vu que vous formiez la majeure partie des gens de l’Enfer! (..). A part vous, je n’ai jamais vu d’être manquant de raison et de religion et qui peut mieux faire perdre l’esprit d’un homme ferme (…) Le témoignage de la femme, n’est-il pas équivalent à la moitié de celui de l’homme? Eh bien! Cela fait partie du manque de raison… De plus, la femme, lorsqu’elle a ses menstrues, n’abandonne-t-elle pas la prière et le jeûne? Cela tient du manque de la religion» rapporté par Al Boukhari !

 

6-… etc.

 

Juifs : le « mal à déporter » !

 

Quant à l’image des juifs, véhiculée par des Hadiths et même par certaines interprétations du Coran, elle est loin de représenter le portrait d’une catégorie respectable de citoyens égaux en droits et en devoirs avec les autres ! Mais ils sont représentés comme source de « mal éternel à éradiquer » pour se rapprocher de Dieu et pour mériter Sa grâce le jour du jugement dernier ! Car ils sont génétiquement, paraît-il, les ennemis de Dieu, des prophètes, du ciel, de la Terre, des arbres et des pierres ! Ils sont aux sources de toutes les corruptions sur Terre, celles « des viandes » et celles des « mœurs » !

 

Des mollahs satellitaires et aussi des imams de quartiers ne se fatiguent point du fait de répéter, jour et nuit, qu’il n’y a aucun bien à attendre des juifs, petits enfants des singes et des porcs, comme le confirma le compagnon Ibn Abbas, prétendu connaisseur des secrets du Coran, en expliquant le signe coranique suivant : « Dis : voulez-vous que je vous indique la pire des sanctions auprès de Dieu ? C’est celle qui est réservé à ceux que Dieu a maudits, à ceux qui ont encouru sa colère et dont Il fait des singes et des porcs… » (Sourate 5 – 60). Ibn Abbas disait que ceux-là formaient un groupe de juifs, jeunes et vieux, que Dieu a métamorphosé et transformé réellement en animaux, et pas n’importe lesquels, les jeunes sont devenus « singes » quant aux vieux juifs, ils sont devenus de « vieux porcs » !?

 

D’autres Hadiths – qui ont nourrie peut-être l’idéologie nazie ! – ont appelé à combattre et à exterminer les juifs ! Certains me diront que j’exagère un peu trop et que les termes que j’utilise sont durs et disproportionnés…etc. ! Mais que pensez-vous de cet ordre : « Celui que vous capturez parmi les juifs, tuez-le ! » ? Une citation/incitation qui n’est pas celle de Odilo Globocnik, nazi autrichien, chef de « l’Action Reinhardt » pendant le Troisième Reich, chargé de mission par le régime nazie pour conduire une opération d’extermination systématique des juifs. Mais il s’agit bel et bien d’un Hadith rapporté par Abou Daoud dans ses « Sounanes » !

 

Parmi ceux-là aussi, il y a un Hadith, devenu culte, rapporté par Abou Hourayra dans les « Authenticités » de Al Boukhari et de Mouslim. Ce Hadith est largement diffusé dans les mosquées et dans les chaînes satellitaires, surtout par Al Qaradawi qui ne cesse de le citer comme une prophétie inéluctable annonçant l’extermination des juifs et faisant de cet acte barbare et nazi une condition sine qua non et un signe annonciateur du jour de la Résurrection. Ce Hadith stipule :

 

« La Résurrection n’arrivera pas avant que les Musulmans ne combattent les Juifs et que les Musulmans les tuent. Les Juifs se cacheront derrière des pierres et des arbres. Ces pierres et ces arbres diront : Oh ! Serviteur d’Allah, Oh ! Musulman, il y a un Juif derrière moi, viens et tue-le. Seul, l’arbre nommé Al-Gharkad ne fera pas cela parce que c’est l’un des arbres de Juifs » !

 

Ce Hadith-culte – qui dessine les portraits des juifs comme créatures indésirables et détestées, non pas seulement par les musulmans, mais aussi par les arbres et les pierres – est bien enraciné dans l’inconscience collective de toute une communauté ! Il a dépassé largement le stade d’un simple récit historique rapporté dans des conditions particulières par un certain Abou Hourayra, pour devenir, à l’heure actuelle, l’un des axes de la stratégie militaire et politique du Hamas palestinien, puisqu’il figure toujours dans sa Charte adopté depuis le 18 août 1988 !

 

Ce genre d’histoires, d’interprétations et de récits, attribués mensongèrement au prophète Mohammed, fait parti intégrante, malheureusement, des programmes pédagogiques et éducatifs de nombreuses écoles et universités théologiques dans le monde « arabomusulman » et même ailleurs. Il constitue aussi l’une des constantes du discours religieux diffusé de façon permanente, dans de nombreuses mosquées ! Il dicte les idées et les conduites, conditionne les actions et les réactions, engendre la haine et la violence et menace profondément toutes les initiatives sérieuses d’apaisement, aspirant à la paix et au vivre, cette paix, ensemble !

 

En conséquence, je ne comprends pas ceux qui taillent, occasionnellement, leurs discours sur mesure, pour plaire, pour rassurer et pour se montrer partenaire sérieux en faveur de la paix, et qui en même temps croient profondément en ce Hadith-culte qui présage une fin funeste des juifs résultant de l’alliance mystérieuse et surnaturelle, regroupant et les musulmans et les arbres et les pierres !

 

Enfin, croire en l’urgence et en la primauté de la paix, c’est aussi se montrer ferme et déterminé face à toutes les idéologies de la haine qui menacent son dessein, au risque même de se sentir parfois seul ou très minoritaire au milieu d’un déluge de dénonciations colériques, de complicités silencieuses et de projets trompe-l’œil !

 

Une fermeté pacifique qui ne cherche pas à marquer des points en se démarquant ou à produire de la haine à son tour, mais qui vise essentiellement à sensibiliser les uns et les autres des dangers que recèlent de telles idées et de tels Hadiths, car sources de violences et de vengeances, et à se servir du pardon inconditionnel comme antidote et comme contrepoids efficace à l’encontre des idéologies meurtrières !

 

Deux indicateurs, en faisant la lecture inverse de ce Hadith, nous montreront donc le degré de notre maturité collective, de l’accès à notre âge adulte, et de notre conscience et responsabilité partagée : l’image des juifs et le statut des femmes que se soit dans les textes sacrés ou au sein des différents contextes « musulmans».

 

L’avenir de la paix ne dépend-il pas de l’image que l’on a des juifs et du statut que l’on réserve aux femmes ?







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