Moi, Albert Jacquard, ministre de l’Éducation, je décrète
13 01 2008L’Éducation nationale ne doit pas préparer les jeunes dont l’économie ou la société ont besoin. La finalité de l’éducation est de provoquer une métamorphose chez un être pour qu’il sorte de lui-même, surmonte sa peur de l’étranger, et rencontre le monde où il vit à travers le savoir.
Moi, ministre de l’Éducation nationale, je n’ai qu’une obsession : que tous ceux qui me sont confiés apprennent à regarder les autres et leur environnement, à écouter, discuter, échanger, s’exprimer, s’émerveiller.
À la société de s’arranger avec ceux qui sortent de l’école, aux entreprises d’organiser les évaluations et la formation de leur personnel à l’entrée des fonctions.
Il faut que les rôles cessent d’être inversés : l’éducation nationale ne produira plus de chair à profit.
Article premier
Il faut supprimer tout esprit de compétition à l’école. Le moteur de notre société occidentale est la compétition, et c’est un moteur suicidaire.
Il ne faut plus apprendre pour et à être le premier.
Article deuxième
L’évaluation notée est abandonnée. Apprécier une copie, ou pire encore, une intelligence avec un nombre, c’est unidimentionnaliser les capacités des élèves.
Elle sera remplacée par l’émulation. Ce principe, plus sain, permettra la comparaison pour progresser, et non pour dépasser les camarades de classe.
Mettre des mots à la place des notes sera plus approprié.
Article troisième
Les examens restent dans leur principe, sachant que seuls les examens ratés par l’élève sont valables. Ils sont utiles aux professeurs pour évaluer la compréhension des élèves. Mais les diplômes ou les concours comme le baccalauréat sont une perte de temps et sont abolis.
Sur tous les frontons des lycées figurera l’inscription : » Que personne ne rentre ici s’il veut préparer des examens. «
Article quatrième
Les grandes écoles (Polytechnique, l’ENA…) sont remises en question dans leur mode de recrutement. La sélection, corollaire nécessaire de la concurrence, et qui régissait l’entrée dans ces établissements, ne produisait que des personnalités conformistes, incapables de créativité et d’imagination.
Pour entrer à l’ENA, des jeunes de vingt-cinq ans devaient plaire à des vieux de cinquante ans. Ce n’était pas bon signe.
Article cinquième
Les enseignants n’ont plus le droit de se renseigner sur l’âge de leurs élèves. Les dates de naissances doivent être rayées de tous les documents scolaires, sauf pour le médecin de l’école.
Il n’est plus question de dire qu’un enfant est en retard ou en avance, car c’est un instrument de sélection. Chacun doit avancer sur le chemin du savoir à son rythme, et sans culpabilisation ou fierté par rapport aux camarades de classe.
Par contre, un professeur a le devoir de demander à l’élève ce qu’il sait faire pour adapter son enseignement, éventuellement programmer un redoublement.
Le redoublement est d’une réelle utilité s’il n’a pas de connotation de jugement.
Article sixième
Chaque professeur sera assisté d’un professeur de philosophie. Il faut en effet doubler l’accumulation des connaissances d’une approche par les concepts. Il faut en particulier passer par l’histoire des sciences, resituer les connaissances par rapport aux erreurs historiques d’interprétation des savoirs. Il faut que les élèves aient conscience des enjeux politiques qui se cachent derrière le progrès scientifique. On pourra rester quelques semaines sur un même concept, plutôt que de saupoudrer du savoir dans chaque cours.
Article septième
Le travail des professeurs par disciplines est annulé au profit du travail en équipe. La progression du travail des classes ne doit pas être perturbée par des impératifs de programme.
Article huitième
Chaque personne disposera dans sa vie, vers la fin de la trentaine, de quatre années sabbatiques afin de faire le point, se réorienter, apprendre d’autres choses. Chacun a le droit de vouloir changer de métier ou de vocation, parce qu’il n’est pas évident de se déterminer définitivement à dix-huit ans.
Article neuvième
Le ministère de l’Économie ne dictera plus ses besoins au ministère de l’Éducation. Dorénavant, le ministre de l’Économie donnera tous les moyens nécessaires à l’Éducation nationale pour réussir sa vocation.
Source :
Lettre adressé à Professeur Jacquard
Cher Professeur Jacquard,
J’ai pris connaissance de vous à travers vos livres, articles et vidéo conférences et je suis entièrement d’accord avec tous ce que vous écrivez et vous dites.
Permettez moi d’abord de me présenté:
Je suis un Kosovar qui à quitté son pays des années 90, donc je me suis installé en suisse dans les années 90, je suis devenue Suisse cette année.
Mes trois enfants sont nées en Suisse.
L’objectif de cette message et de m’éclaircir certains points concernant l’éducation et de m’aidé à comprendre mieux la situation actuelle que je suis en traîne de traverser.
En effet mon fils est élève dans le Collège Aime Stitellman à Genève en deuxième année – option Math – physique.
Malheureusement il vient de perdre l’année à cause de 3/10.
En effet en:
Mathématique =3.9
Biologie = 3.9
Français = 3.7 et
Allemand = 3
Toutes les autres notes étaient au dessus de 4.
Je me permets de vous écrire en espérant que ces petits mots vont attirés votre attention. En détresse, déprimé et profondément déçu avec les résultats de mon fils Edmond, car j’ai cru jusqu’au dernier moment que mon fils Edmond aller réussir les examens, malgré relativement bons résultats au deuxième semestre Edmond n’a pas pu obtenir pour l’instant le feu vert pour la troisième année.
Edmond c’est investi beaucoup dans le deuxième semestre, (il a augmentés toutes les notes – et si en prend la moyenne de deuxième semestre mon fils Edmond passe – mais le moyenne annuel ne lui permet pas de passé en troisième, quelle logique? Comme si l’ensemble était la somme des individualités et pas un tous), il s’est bien ressourcé des connaissances, a pris très au sérieux la position très délicate dans laquelle était, la motivation était toujours la, la volonté de réussir ne manquée pas, mais plus que jamais était son caractère qui la, à mon sens un peu trahi, cet introverti qui à mon avis le bloque complètement.
J’ose espérer que l’école est toujours la pour construire nos enfants est pas pour les détruire, construire des choses et en sortir tous plus riches qu’ils n’y sont entrés.
Mon fils Edmond est démoli, il ne veut plus de math (il a tant aimé étudier les math) et à cause de ce 1/10 il veut tous changer ou pire tout arréter.
Comment peut- on être si cruel avec ces notes, vous avez totalement raison quand vous dites il faut supprimer les notes, ça sera rien de noté avec des dixième et des centième.
J’aimerai écrire une lettre à la direction de l’école mais je ne sais pas comment.
Je vous en prie si vous aviez un petit moment j’aimerai entendre vos conseils et vos suggestions.
En vous remerciant par avance de l’intérêt que vous allez portez à cette lettre, veuillez Monsieur Jackard recevoir mes sentiment très respectueux.
Bonjour M. Latifi,
J’ai bien lu votre lettre que vous adressez au professeur et philosophe Albert Jacquard. Je crois que vous la mettez simplement en commentaire/témoignage sur mon blog pour information.
Je pense que vous lui avez envoyé cette lettre par le biais d’autres médias. Car, si cela n’est pas le cas, votre lettre risque de ne jamais arriver à destination, pour la seule et simple raison :
Le blog « Ecrire sans censures ! » n’est pas la page personnelle d’Albert Jacquard. Par ailleurs, j’essayerai, de mon côté, de vous trouver un contact du professeur.
Merci encore une fois pour votre message touchant qui dit beaucoup de l’école mais de votre détermination au côté de votre fils, de votre ténacité et de votre sensibilité !
Fraternellement, Mohamed LOUIZI
Bonjour M. Louizi,
Merci de vos encouragements , en effet la lettre était écrit pour professeur Jackard, car je sais qu’il en a beaucoup écrit et parler de l’éducation et moi je voulais à travers mon fils lui ocnfirmé vraiment ce qui se passe actuellement dans les écoles.
Je n’es pas pu trouver une adresse de professeur Jackard pour lui envoyer directement ma lettre.
je vous serai reconnaissant si vous pourriez me donné une adresse de Professeur Jackard que je puisse lui écrire directement ou si vous pouvais lui transmettre ma lettre à professeur Jackard.
Veuillez, Monsieur Louizi, recevoir mes meilleures salutations.
Parfait programme, qui fonctionnera parfaitement dès qu’on disposera d’enseignants parfaits et d’élèves parfaits