Cérémonie d’inauguration de l’association « Univers-Cité Pluriel »

26042008

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L’association « Univers-Cité Pluriel » (UCP) vous invite à sa cérémonie d’inauguration:

 

  Le vendredi 2 mai 2008,

de 19h à 21h

à l’Espace-Culture de l’USTL (Lille 1)

Après réception, deux temps rythmeront la cérémonie :

1-    Projection du film d’animation de Frédéric Back « L’homme qui plantait des arbres » d’après un texte de Jean Giono, avec la voix de Philippe Noiret. Suivi d’un temps de parole et d’échange avec la participation d’écrivains et de penseurs.

2- Apéritif convivial accompagnera la présentation de l’association UCP, de ses buts et de ses valeurs.

Un stand d’exposition de livres sera mis en place. Vous y trouverez, entre autres, «  Le désarmement des narcissismes » de Joël Mouysset, …

L’Espace-Culture se situe en face de la bibliothèque universitaire, à proximité de la station métro « Cité Scientifique » à Villeneuve d’Ascq.

Pour plus d’information, composez le 06.14.76.83.69 ou envoyer un courriel à l’adresse : universcitepluriel@hotmail.fr




Le Coran revisité – Patricia Briel

25042008

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Une nouvelle édition du Coran paraît ces jours en français et en arabe aux éditions de L’Aire à Vevey. Elle est l’œuvre de Sami Awad Aldeeb Abu-Sahlieh, un Arabe chrétien naturalisé suisse, juriste spécialisé dans le droit musulman (lire ci-dessous). Elle fera certainement date. Car son approche et son appareil critique offrent la possibilité de remettre en question plusieurs tabous qui figent la lecture et l’interprétation du Coran, mais aussi d’ouvrir de nouvelles perspectives exégétiques. Nul doute qu’elle créera aussi le débat, bien que l’intention de son auteur ne soit aucunement polémique.

Cependant, la «grande rigueur scientifique» de ce Coran est d’emblée saluée dans un avant-propos signé par Rachid Benzine, chercheur musulman associé à l’Observatoire du religieux d’Aix-en-Provence et auteur de plusieurs ouvrages, et Christian Delorme, prêtre catholique du diocèse de Lyon respecté des musulmans et très engagé depuis une trentaine d’années dans le dialogue islamo-chrétien. «Sami Aldeeb a accompagné sa traduction de très nombreuses notes qui prennent en compte les plus récentes recherches historiques et linguistiques, écrivent-ils. Il s’agit donc d’un travail de type critique, mais cette approche n’en est pas moins fort respectueuse de tout ce que représente ce texte pour les musulmans.»

«Faciliter la lecture»

Le Coran de Sami Aldeeb se distingue à plusieurs égards. Mais sa singularité tient essentiellement au fait qu’il présente les chapitres du Coran dans l’ordre chronologique de la révélation faite à Mahomet. Comme l’écrit le juriste dans sa présentation, «l’ordre actuel du Coran pose un problème de compréhension. On peut dire que nous lisons aujourd’hui le Coran presque à l’envers puisque les premiers chapitres, les plus longs, sont d’une façon générale formés de révélations parvenues à Mahomet vers la fin de sa vie. L’ordre chronologique du Coran est important pour les historiens qui veulent comprendre les étapes de la révélation. Mais il l’est aussi pour les juristes. En effet, le Coran comporte des normes juridiques qui ont évolué, certaines en ayant abrogé d’autres. Afin de déterminer les passages abrogés et ceux qui les abrogent, il faut savoir lesquels ont précédé les autres.»

Sami Aldeeb n’est pas le premier à proposer le Coran dans une version chronologique. L’orientaliste Régis Blachère avait publié en 1949-1950 une édition de ce type, mais selon ses propres critères. Pour couper court à d’éventuelles polémiques, le juriste suisse a préféré suivre une classification chronologique des sourates établie officiellement par l’Université d’al-Azhar au Caire, reconnue comme la plus prestigieuse du monde musulman sunnite. Le Coran d’Aldeeb est donc l’unique à ce jour comportant la version arabe et française par ordre chronologique.

 

«En traduisant le Coran dans l’ordre de la révélation, j’ai voulu faciliter sa lecture, explique l’expert. Cela permet de voir l’évolution de la pensée politique de Mahomet, et de la langue du Coran. Les chapitres de la période mecquoise de Mahomet, au nombre de 86, sont plus courts et plus poétiques que ceux de la période médinoise. Ces derniers, au nombre de 28, ont un caractère législatif et normatif. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles ils ont été placés au début du Coran. L’Etat musulman qui prenait forme avait davantage besoin de normes que de poésie.»

L’édition de Sami Aldeeb est aussi la première à indiquer les versets abrogés et les abrogeants. Le droit musulman prévoit en effet l’abrogation de certains versets et prescriptions du Coran sur la base d’indications postérieures. Ainsi, l’usage général veut que les versets révélés tardivement abrogent ceux qui les précèdent. Les islamistes fanatiques se sentent ainsi légitimés à puiser la revendication de leurs crimes dans certains versets de la période médinoise, qui sont parmi les plus violents du Coran. Par exemple, le verset du sabre, qui préconise le meurtre des ennemis, abrogerait selon certains savants entre 124 et 140 versets tolérants, dont le célèbre «pas de contrainte en religion». Mais, souligne Aldeeb, «l’abrogation continue à soulever aujourd’hui de nombreuses controverses, et il n’y a pas d’accord à ce sujet entre les auteurs musulmans». C’est pourquoi le juriste se limite à indiquer les versets qui sont abrogés et ceux qui les abrogent selon ces sources contradictoires, sans porter de jugement. Il précise cependant que, selon certains penseurs, le véritable islam serait contenu dans les sourates révélées avant l’hégire (le départ de Mahomet pour Médine), et donc celles de la période mecquoise de Mahomet.

Autre caractéristique de la version d’Aldeeb: la présentation des variantes du Coran. Elle a le mérite de montrer que le livre saint des musulmans n’est pas un texte monolithique. Les premiers manuscrits du Coran ne contenaient ni voyelles, ni signes permettant de distinguer chaque mot et chaque lettre. Dès les débuts de l’islam, plusieurs lectures sont apparues. Elles ont progressivement été admises comme faisant partie de la révélation, et des savants islamiques les ont recensées. Par exemple, les éditions égyptienne, tunisienne et marocaine du Coran diffèrent entre elles. Plus de 10000 mots du Coran ont actuellement une ou plusieurs variantes. Celles indiquées par Sami Aldeeb touchent plus de la moitié des versets du Coran. Bien entendu, le sens de certains mots ou de certains versets change radicalement d’une version à l’autre. «Aucune édition du Coran en arabe ne mentionne ces variantes, affirme Sami Aldeeb. Même des universitaires ne savent pas qu’elles existent. Elles suscitent le malaise des autorités religieuses. Car même s’il est admis qu’elles font partie de la révélation, elles mettent en cause le dogme selon lequel le Coran est la parole inaltérée de Dieu.»

Faire évoluer l’islam

Enfin, le renvoi aux références juives et chrétiennes du texte questionne un autre tabou qui freine la recherche exégétique, celui de l’inimitabilité du Coran, preuve de son origine divine. Aux yeux des musulmans, les juifs et les chrétiens ont falsifié leurs propres Ecritures, et seul le Coran est l’authentique parole de Dieu. «Dire que le Coran a repris des écrits qui l’ont précédé signifie que Mahomet ne les a pas reçus de Dieu», écrit Sami Aldeeb dans son introduction.

Mais le spécialiste se défend cependant d’avoir voulu contredire le dogme de l’inimitabilité: «A l’instar d’autres traducteurs, j’ai voulu fournir au lecteur intéressé quelques éléments de comparaison. Certains passages du Coran ne s’éclairent qu’à la lecture de la littérature hébraïque et chrétienne, souligne le chercheur. Par exemple, certains mots ont été translittérés directement de l’hébreu à l’arabe. Si on en reste à l’arabe, on ne comprend pas le sens de certains passages.»

La démarche de Sami Aldeeb permet d’aborder le Coran comme un ouvrage contingent, rédigé et constitué par un ou plusieurs scribes. Ces affirmations sont en opposition avec la doctrine musulmane. Mais aujourd’hui, plusieurs intellectuels musulmans, comme le Tunisien Abdelwahab Meddeb, appellent leurs coreligionnaires à considérer le Coran comme l’œuvre d’un prophète inspiré par Dieu, et à replacer les textes fondateurs dans le contexte historique de leur apparition. Ils suggèrent aussi d’abandonner les dogmes du Coran éternel, incréé et inimitable. Ce n’est qu’à cette condition, disent-ils, que l’islam pourra évoluer. La version d’Aldeeb pourrait ainsi représenter une étape importante dans une telle évolution.

«Voile», nouvelle traduction : Le Coran de Sami Aldeeb propose une nouvelle traduction d’un célèbre verset qui intime aux femmes l’ordre de porter un voile: «Dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur sexe, de ne faire apparaître de leur ornement que ce qui est apparent et de rabattre leurs voiles sur leurs fentes.» «Fente» est ici un synonyme de «sexe» selon le chercheur. Le terme arabe «juyub» est utilisé dans une variante d’un verset du Coran «dans le sens de la fente du corps de la femme», précise la note qui accompagne la traduction. D’autres traductions du Coran proposent poitrine, échancrures, gorges, seins. «A l’époque du Prophète, les femmes portaient des vêtements flottants qui n’étaient pas fermés devant, explique Sami Aldeeb. En marchant, il arrivait qu’elles découvrent leur sexe. C’est pourquoi il m’a semblé plus vraisemblable que Mahomet ait demandé aux femmes de couvrir leur sexe plutôt que leur poitrine.» (Patricia Briel)

Sami Aldeeb : Chrétien arabe d’origine palestinienne, naturalisé Suisse, Sami Aldeeb a fait ses études universitaires en Suisse. Depuis 1980, il est responsable du droit arabe et musulman à l’Institut suisse de droit comparé à Lausanne. Il enseigne également cette matière aux Facultés de droit d’Aix-en-Provence et de Palerme. Il est aussi l’auteur d’une vingtaine de livres et de près de 200 articles. Sami Aldeeb lit le Coran depuis l’âge de 16 ans. Il précise qu’il publie sa version du livre saint des musulmans à titre privé. La réalisation de cet ouvrage lui a pris cinq ans. (Patricia Briel)

Source :
Le journal suisse « Le Temps » - Vendredi 25 avril 2008

(http://www.letemps.ch/template)




Lausanne: Une version extraordinaire du Coran paraît en Suisse

19042008

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Première mondiale, un Coran chronologique est édité à Vevey

Par Valérie Bory – Lausanne, Vevey, 4 mars 2008 (Apic)

C’est l’œuvre de ma vie, affirme Sami Aldeeb, chrétien d’origine palestinienne et de nationalité suisse. Cet universitaire auteur de nombreux ouvrages et articles, est l’auteur d’un Coran encore jamais réalisé : 600 pages des versets avec leurs variantes, non pas dans l’ordre canonique, mais chronologique de leur révélation, aux Editions de l’Aire, à Vevey.

Avant même sa parution, le 4 mars, le Coran chronologique fait déjà l’objet de centaines de commandes. Son auteur, Sami Aldeeb responsable du droit musulman et arabe à l’Institut suisse de droit comparé, à Lausanne, travaille depuis 5 ans à cette œuvre gigantesque. Mais pourquoi donc le Coran chronologique et avec toutes ses variantes n’avait-il pas été édité avant ? C’est un problème d’accès à l’information, répond Sami Aldeeb. Si vous dites qu il y a des variantes, ou que tel verset est abrogé ou abrogeant, les gens commencent à douter.

Sur 4000 versets, il n’y a pas une page du Coran qui ne comporte plusieurs variantes. Ces variantes existent et sont reconnues par les autorités religieuses, mais cela reste dans le domaine des spécialistes. « Je les ai mises dans les notes pour les chercheurs et pour que les gens se rendent compte que le texte n’est pas un texte monolithique. Et cela n’a jamais été fait, dans aucune langue« .

Cela donne-t-il une approche différente du Coran tel qu on le connaît ? a demandé l’Apic à Sami Aldeeb. « Exactement. Cela change même le sens de certains versets. En ce qui concerne l’ordre chronologique, on ne sait pas avec certitude comment le Coran a été révélé et dans quel ordre exact les versets ont été révélés. Mais on a tenté, a travers plusieurs indices, plusieurs témoignages, de faire des classifications des chapitres du Coran. Les musulmans eux-mêmes ne sont pas d’accord entre eux et les orientalistes non plus, sur le classement des chapitres du Coran. Il existe une classification faite par l’Université islamique Al-Azhar au Caire, le centre islamique le plus important dans le monde sunnite« , précise l’universitaire. « Dans leur édition du Coran, en tête de chapitre, ils précisent que ce chapitre porte tel numéro dans l’ordre chronologique, à l’exception de tel verset, qui appartient à une autre époque« .

Donc on a des versets qui se chevauchent. « Mon but n’est pas de falsifier le Coran« . Sami Aldeeb a donc pris cette classification, acceptée par la plupart des musulmans. Mais comme c’est la première fois que le Coran est publié par ordre chronologique il n’a pas voulu heurter les croyances des musulmans, et a ajouté à la fin de son édition une table des matières en indiquant les chapitres par ordre normal. « Celui qui veut suivre sa foi et lire le Coran selon l’ordre normal peut donc le faire« . Ce qui était très important pour Sami Aldeeb. Afin d’éviter les polémiques. « Mon but n’est pas de falsifier le Coran ou autre, mais de dire aux chercheurs et à ceux qui veulent le lire par ordre chronologique : voilà, vous pouvez le faire, et les croyants qui veulent le lire dans l’ordre normal le peuvent aussi« .

Le livre est accessible au simple musulman. « Avec les notes, on se forme. Même des universitaires musulmans ne savent pas qu’il y a des variantes du Coran. Ce n’est pas enseigné aux étudiants Je l’ai constaté avec des étudiants musulmans qui étudient dans des universités arabes« .

Quel est l’enjeu de cette nouvelle approche du Coran ? « Je laisse le lecteur libre de faire ce qu’il veut. Je lui fournis un instrument de travail. Mais avant tout c’était pour moi, reconnaît le chercheur, qui travaille beaucoup sur le droit musulman et avait besoin d’un instrument de travail. J’ai utilisé les traductions qui existaient. Or elles sont dans l’ordre normal. Et ne sont pas faciles à lire. Lorsque ces gens ont traduit le Coran, ils ne connaissaient pas l’ordinateur ! J’ai utilisé l’ordinateur pour que chaque mot, chaque phrase qui se répète, chaque verset, soit traduit toujours de la même manière, à moins que le contexte ne l’interdise« .

La mise en page optique, faite entièrement par Sami Aldeeb lui-même est en rouge et noir. Les annotations et les appels de note sont en rouge.  » Même si vous ne savez pas l’arabe, des chiffres en rouge vous indiquent que le verset à des variantes ou que tel terme a des variantes. Donc même sans savoir l’arabe, vous vous rendez compte optiquement que le texte, là, pose un problème de compréhension« .

Un grand travail a été réalisé pour faciliter la lecture du texte et indiquer que ce verset appartient à une autre époque. « Tout de suite vous allez passer du noir au rouge et vous dire. Ah, ce verset n’appartient plus au contexte. C’est un verset qui a été révélé 10 ans plus tard peut-être…« 

Une approche qui risque d’être mal reçue chez les musulmans intégristes ? « Disons, si j’avais touché le texte, oui, mais ce n’est pas le cas. J’ai suivi les instructions de musulmans eux-mêmes. Je n’ai fait que suivre des ouvrages qui sont reconnus par les autorités religieuses musulmanes. J’aurais pu faire plus et aller chercher des documents, disons, contestés. J’ai évité cela. Dans certaines traductions du Coran, certains passages sont parfois du pur chinois. J’ai recouru à 20 traductions françaises. Pour comparer. Dans mes notes en bas de pages, je donne plusieurs autres traductions en indiquant qui a traduit. Lorsque cela pose des problèmes de traduction, je donne la mienne. Je n’impose rien. C’est tout à fait neutre« .

Ainsi, bien des années après avoir acheté son premier Coran à Jérusalem à l’âge de 16 ans et l’avoir donné à un musulman faute d’y comprendre quelque chose, et après avoir fait sa thèse au Caire, Sami Aldeeb réalise une quête qui le poursuit depuis longtemps. « Lors de ma thèse, j’avais argumenté avec un intellectuel musulman, qui m’avait expliqué que le problème du Coran c’est qu’il n’est pas classé dans l’ordre chronologique. Et il faut le faire. Il en avait même parlé dans un long article. Aucun musulman ne s’y est attelé. J’ai pensé que peut-être les musulmans avaient peur de le faire. Alors je me suis dit c’est mon devoir. Je suis le seul « mécréant » respectueux des textes ! ». Sur le plan des sciences des religions, ce Coran va devenir un fait historique. Sami Aldeeb, amusé, commente : « Seul un fou pouvait faire cela. Je suis ce fou !« 

Bulletin de commande:

Coran, Texte arabe et traduction française par ordre chronologique selon l’Azhar, de Sami Awad Aldeeb Abu-Sahlieh, Préface par Rachid Benzine et Christian Delorme, 600 pages, Ed. de l’Aire, Vevey.

Pour commander ce livre cliquer sur le lien suivant:

http://www.sami-aldeeb.com/files/article/254/Nouvelle_traduction_du_Coran.pdf




Iqbal Masih ?

18042008

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Iqbal n’a que quatre ans lorsque ses parents le négocient pour quelques roupies. Appartenant désormais à un fabriquant de tapis, il rejoint les huit millions d’enfants honteusement exploités dans son pays pour la finesse de leurs doigts aptes à réaliser les fameux tapis d’Orient. Pendant six ans, il travaille comme un esclave, les chevilles blessées par de lourdes chaînes et les mains déformées pour avoir noué des millions de petits nœuds.

Mais à dix ans, le nœud de son cauchemar se dénoue enfin par les mains de son libérateur : Eshan Kahn, président de la Ligue contre le travail des enfants au Pakistan. Lors d’une réunion qu’il organise dans le village d’Iqbal, Eshan découvre le jeune enfant blotti dans un coin de la salle, littéralement effrayé. « Il était émacié et ressemblait à un vieil homme » dira Eshan qui n’a désormais qu’une seule envie : montrer à cet enfant-esclave le chemin de la liberté.

Très vite, Iqbal rejoint le Front de Libération du travail des enfants et participe à leur campagne devenant bientôt le porte-parole de l’enfance exploitée. Orateur de talent, il parcourt le monde pour alerter l’opinion internationale sur les conditions de travail inhumaines imposées à des millions d’enfants du Pakistan, de l’Inde, du Bangladesh et d’ailleurs. « Nous nous levons à 4 heures du matin et travaillons enchaînés durant 12 heures… n’achetez pas le sang des enfants ! » s’écrie lqbal dont l’appel bouleverse les consciences. Il reçoit notamment une importante somme d’argent de la firme américaine Reebok, déclarant vouloir l’utiliser pour suivre des études d’avocat. Sous la pression internationale, le gouvernement pakistanais ferme plusieurs dizaines de fabriques de tapis et trois mille petits esclaves sortent ainsi de l’oubli. « Je n’ai plus peur de mon patron, déclare Iqbal qui se rend désormais à l’école de son village, maintenant c’est lui qui a peur de moi » … Mais l’enfant n’aura pas le temps de goûter à sa liberté. Alors qu’il n’a que 12 ans, Iqbal Masih est assassiné par la « conspiration de la mafia du tapis ».

Départ à la fois prématuré et harmonieux d’un petit prince de lumière qui a donné sa vie pour éterniser, dans l’esprit des nations, le souffle de vie, de vérité, de justice et de courage qu’il avait répandu. Grande âme au sourire d’enfant, Iqbal a réussi sa mission d’Amour : nous pouvons aujourd’hui nous appuyer sur lui pour avancer. « Il était si courageux, disait Khan, vous ne pouvez imaginer »…

 Témoignage émouvant de Boris Brentchaloff

Il s’appelait IQBAL
vivait au Pakistan
il est mort d’une balle
ce n’était qu’un enfant

IQBAL était esclave
depuis l’âge de quatre ans
enchaîné à l’ouvrage
vendu par ses parents

Un beau jour libéré
il porta témoignage
ignorant le danger
porté par son courage

La mafia du tapis
ne l’a pas supporté
ils lui ôtèrent la vie
pour le prix à payer

Il s’appelait IQBAL
avait juste douze ans
il est mort d’une balle
ce n’était qu’un enfant !

Lectures conseillées :

 

Iqbal, l’enfant esclaveRichard Werly, Sylvie Coma : Ouvrage autour de la courte vie d’un enfant pakistanais vendu comme esclave à l’âge de quatre ans pour le travail et tué vers l’âge de douze ans. Cet ouvrage montre le sort fait à des milliers d’enfants en ce pays.

Iqbal Masih 12 ansGeorges Berton : Le sort des enfants pakistanais condamnés au travail, dont Iqbal Masih reste la figure emblématique. Un plaidoyer pour que cessent de telles pratiques.

Source :
http://www.fraternet.com




JE LIS TON CORPS ET… ME CULTIVE

12042008

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Poème de Nizar KABBANI

Le jour où s’est arrêté
Le dialogue entre tes seins
Dans l’eau prenant leur bain
Et les tribus s’affrontant pour l’eau
L’ère de la décadence a commencé,
Alors la guerre de la pluie fut déclarée
Par les nuages
Pour une très longue durée,
La grève des vols fut déclenchée
Par la gente ailée,
Les épis ont refusé
De porter leurs semences
Et la terre a pris la ressemblance
D’une lampe à gaz.

II

Le jour où ils m’ont de la tribu chassé
Parce qu’à l’entrée de la tente j’ai déposé
Un poème
L’heure de la déchéance a sonné.
L’ère de la décadence
N’est pas celle de l’ignorance
Des règles grammaticales et de conjugaison,
Mais celle de l’ignorance
Des principes qui régissent le genre féminin,
Celle de la rature des noms de toutes les femmes
De la mémoire de la patrie.

III

O ma bien aimée,
Qu’est-ce donc que cette patrie
Qui se comporte avec l’Amour
En agent de la circulation ?
Cette patrie qui considère que la Rose
Est un complot dirigé contre le régime,
Que le Poème est un tract clandestin
Rédigé contre le régime ?
Qu’est-ce donc que ce pays
Façonné sous forme de criquet pèlerin
Sur son ventre rampant
De l’Atlantique au Golfe
Et du Golfe à l’Atlantique,
Parlant le jour comme un saint
Et qui, la nuit tombant,
Est pris de tourbillon
Autour d’un nombril féminin ?

IV

Qu’est-ce donc cette patrie
Qui exerce son infamie
Contre tout nuage de pluie chargé,
Qui ouvre une fiche secrète
Pour chaque sein de femme,
Qui établit un PV de police
Contre chaque rose ?

V

O bien aimée
Que faisons-nous encore dans cette patrie
Qui craint de regarder
Son corps dans un miroir
Pour ne pas le désirer ?
Qui craint d’entendre au téléphone
Une vois féminine
De peur de rompre ses ablutions ?
Que faisons-nous dans cette patrie égarée
Entre les œuvres de Chafi’i et de Lénine,
Entre le matérialisme dialectique
Et les photos pornos,
Entre les exégèses coraniques
Et les revues Play Boy,
Entre le groupe mu’tazélite
Et le groupe des Beattles,
Entre Rabi’a-l-’Adaouya
Et Emmanuelle ?

VI

O toi être étonnant
Comme un jouet d’enfant
Je me considère comme homme civilisé
Parce que je suis ton Amant,
Et je considère mes vers comme historiques
Parce qu’ils sont tes contemporains.
Toute époque avant tes yeux
Ne peut être qu’hypothétique,
Toute époque après tes yeux
N’est que déchirement ;
Ne demande donc pas pourquoi
Je suis avec toi :
Je veux sortir de mon sous-développement
Pour vivre l’ère de l’Eau,
Je veux fuir la République de la Soif
Pour pénétrer dans celle du Magnolia,
Je veux quitter mon état de Bédouin
Pour m’asseoir à l’ombre des arbres,
Je veux me laver dans l’eau des Sources
Et apprendre les noms des Fleurs.
Je veux que tu m’enseignes
La lecture et l’écriture
Car l’écriture sur ton corps
Est le début de la connaissance :
S’y engager de la connaissance :
S’y engager est s’engager
Sur la voie de la civilisation.
Ton corps n’est pas ennemi de la Culture,
Mais la culture même.
Celui qui ne sait pas faire la lecture
De l’Alphabet de ton corps
Restera analphabète sa vie durant

Source :

http://beurgay.free.fr




Un monde sans Islam – Par Graham E. Fuller

10042008

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Imaginez, si vous le souhaitez, un monde sans l´Islam – une situation, il faut l´admettre, inconcevable, vu la place centrale qu´il occupe dans nos titres de nouvelles quotidiennes. L´Islam semble être derrière un large éventail de désordres internationaux : attentats suicides, voitures piégées, occupations militaires, luttes de résistance, émeutes, fatwas, jihad, opérations de guérilla, vidéos de menace et le 11/9 lui-même. « L´Islam » semble offrir une pierre de touche (un standard de mesure) analytique simple et instantanée, nous permettant de bien comprendre le monde convulsif d´aujourd´hui. En effet, pour quelques néoconservateurs « l´Islamo fascisme » est maintenant notre ennemi juré dans une imminente « troisième guerre mondiale ».

Mais permettez-moi un peu. Et s´il n´y n’avait pas une telle chose comme l´Islam ? Et s´il n´y avait jamais eu de Prophète Mohammed, ni de saga de propagation de l´Islam à travers des grandes parties du Moyen Orient, de l´Asie et de l´Afrique ?

 

Etant donné notre actuelle focalisation sur le terrorisme, la guerre et l´antiaméricanisme rampant – l´un des sujets internationaux le plus émotionnel aujourd´hui -, il est vital de comprendre les vraies sources de ces crises. Est-ce l´Islam la source du problème, ou est-ce que cette source ne se trouve plutôt du côté de facteurs moins clairs et plus profonds ?

 

Pour l´intérêt de l´argumentation, dans un effort d´imagination historique, faites-vous une image d´un Moyen Orient dans lequel l´Islam n´est jamais apparu. Serions-nous alors épargnés de beaucoup des défis qui se trouvent aujourd´hui devant nous ? Le Moyen Orient serait-il plus pacifique ? De combien le type des relations Est-Ouest serait-il différent ? Sans l´Islam, il est sûr que l´ordre international présenterait une image très différente de celle d´aujourd´hui. Ou le ferait-il ?

ET SI PAS D´ISLAM, ALORS QUOI ?

Depuis les premiers jours d´un large Moyen Orient, l´Islam a visiblement façonné les normes culturelles voire même les préférences politiques de ses disciples. Comment pouvons-nous alors séparer l´islam du Moyen Orient ? Comme il s´avère, ce n´est pas très difficile à imaginer.

 

Commençons par l´aspect ethnique. Sans l´Islam, le visage de la région va rester complexe et confus. Les groupes dominants au Moyen Orient — Arabes, Perses, Turcs, Kurdes, Juifs (est-ce un groupe ethnique ? et que représente ce groupe quantitativement ?, ndt.), voire Berbères et Pachtounes – continueront à dominer la scène politique. Prenez les Perses à titre d´exemple : Longtemps avant l´Islam, les empires persans successifs se sont étendus jusqu´aux portes d´Athènes et étaient les rivaux perpétuels de quiconque habita l´Anatolie. Des peuples sémites contestant cette hégémonie ont combattu les Perses à travers le croissant fertile jusqu´à dans l´Irak. Et puis il y a les forces puissantes des diverses tribus et des commerçants arabes s´étendant et migrant dans d´autres régions sémites du Moyen Orient avant l´Islam. Les Mongoles auraient tout de même envahi et détruit les civilisations de l´Asie centrale et beaucoup du Moyen Orient dans le 13e siècle. Les Turcs aurait aussi conquis l´Anatolie, les Balkans jusqu´à Vienne et une grande partie du Moyen Orient. Ces luttes — pour le pouvoir, le territoire, l´influence et le commerce – existaient bien avant l´arrivée de l´Islam.

 

Cependant, c´est trop arbitraire d´exclure complètement la religion de l´équation. Si en réalité l´Islam n´a jamais émergé, la majeure partie du Moyen Orient serait restée essentiellement chrétienne avec ses diverses sectes comme cela a été le cas à l´aube de l´Islam. En dehors de quelques Zoroastriens et un petit nombre de Juifs, pas d´autre religion majeure n´était présente.

 

Mais est ce que l´harmonie avec l´Ouest aurait-elle régné si le Moyen Orient était resté chrétien ? On va trop loin. Nous devrions assumer que le monde européen médiéval agité et expansif n´avait pas étendu son pouvoir et son hégémonie à ses voisins de l´Est, en recherche des prises économique et géopolitique. Après tout, qu´est ce que ce seraient les Croisades si ce n´étaient pas une aventure occidentale menée essentiellement par des besoins politique, social et économique ? La bannière du christianisme était un peu plus qu´un symbole fort, un cri mobilisateur pour bénir les besoins profanes des Européens puissants. En effet, la religion particulière des autochtones ne figurait jamais en tête des causes de l´expansion impériale de l´Occident à travers la planète. L´Europe a pu parler d´une manière édifiante de porter « les valeurs chrétiennes aux autochtones », mais l´objectif évident était d´établir des avant-postes coloniaux comme sources de richesse pour la métropole et des bases pour l´expansion du pouvoir occidental.

 

Ainsi il est improbable que les habitants chrétiens du Moyen Orient aient bien reçu le flux des flottes européennes et leurs marchands soutenus par les fusils occidentaux. L´impérialisme aurait prospéré dans le mosaïque ethnique complexe de la région–La matière brute du vieux jeu de diviser pour mieux régner. Et les Européens auraient toujours installé les mêmes dirigeants locaux pliables pour satisfaire leurs besoins.

 

Avançons l´heure à l´époque du pétrole au Moyen Orient. Les états du Moyen Orient, même si chrétiens, aurait-ils bien accepté l´établissement des protectorats européens sur leur région ? Certainement pas ! L´Occident aurait toujours construit et contrôlé les mêmes points d´étranglement comme le canal du Suez. Ce n´était pas l´Islam qui a fait que les états du Moyen Orient résistent vigoureusement au projet colonial avec son nouveau traçage des frontières selon les préférences géopolitiques européennes. Non plus, ces états chrétiens du Moyen Orient n´auraient-ils bien accueilli les compagnies pétrolières occidentales impériales, soutenues par des administrateurs européens, des diplomates, des agents de renseignements et des armées, pas plus que ce qu´ont fait les Musulmans. Regardez la longue histoire des réactions des Américains latins à la domination des Américains étatsuniens sur leurs pétrole, économie et politique. Le Moyen Orient serait toujours aussi motivé pour créer des mouvements nationalistes anticolonialistes pour arracher le contrôle sur leurs terres, marchés, souveraineté et destinée de l´emprise étrangère – tout comme les luttes anticolonialistes dans l´Inde hindou, la Chine confucéenne, le Vietnam bouddhiste et l´Afrique chrétienne et animiste.

 

Et certainement les Français se seraient, tout aussi volontiers, étendus sur l´Algérie chrétienne pour s´emparer des ses riches terres agricoles et établir une colonie. Aussi, les Italiens ne se sont pas fait gênés par le christianisme de l´Ethiopie pour transformer ce pays en une colonie violemment administrée. En bref, il n´y a pas de raison pour croire que la réaction du Moyen Orient à l´agression colonialiste européenne aurait changé significativement de la manière dont elle s´est effectivement déroulée sous l´Islam.

 

Mais peut-être le Moyen Orient serait plus démocratique sans l´Islam ? L´histoire des dictatures en Europe elle-même n´est rassurant sur ce point. L´Espagne et le Portugal ont fini avec leurs violentes dictatures seulement en milieu des années 1970. La Grèce s´est libérée d´une dictature liée à l´église il y a quelques dizaines d´années. La Russie chrétienne ne s´en est toujours pas sorti. Jusqu´à récemment, l´Amérique latine accablée par les dictateurs, qui souvent régnaient avec les bénédictions des USA et avec le partenariat de l´église catholique. La plupart des nations africaines chrétiennes n´ont pas eu de meilleure réussite. Pourquoi un Moyen Orient chrétien se présenterait différemment ?

 

Et puis il y a la Palestine. C´étaient évidemment les Chrétiens qui ont, honteusement, persécuté les Juifs durant plus qu´un millénaire culminant par l´Holocauste. Ces exemples horrifiques d´antisémitisme étaient bien enracinés dans la culture et les terres chrétiennes occidentales. Les Juifs auraient donc continué à chercher une patrie en dehors de l´Europe ; le mouvement sioniste aurait de toute façon vu le jour et aurait cherché une base en Palestine. Et le nouvel état juif aurait toujours déplacé les mêmes 750 milles Arabes natifs de la Palestine de leurs terres même s´ils avaient été des Chrétiens–en effet une partie parmi eux étaient des Chrétiens. Et ces Arabes chrétiens n´auraient-ils pas combattu pour protéger ou regagner leur propre terre ? Le problème israélo-palestinien reste au fond un conflit nationaliste, ethnique et territorial, renforcé seulement récemment par des slogans religieux. Et n´oublions pas que les Chrétiens arabes ont joué un rôle majeur dans les débuts du mouvement nationaliste arabe au Moyen Orient ; en effet, Michel Aflaq, le fondateur idéologique du premier parti panarabe Al Baath, était un Chrétien syrien formé à la Sorbonne.

 

Mais les Chrétiens du Moyen Orient seraient certainement prédisposés religieusement envers l´Occident ? N´aurions-nous pas évité tous ces conflits religieux ? En effet, le monde chrétien lui-même a été déchiré par des hérésies depuis les premiers siècles du pouvoir chrétien, des hérésies qui étaient devenues des véhicules des oppositions politiques au pouvoir romain ou byzantin. Loin d´unir sous la religion, les guerres religieuses de l´Occident cachaient toujours des luttes plus profondes, ethniques, stratégiques, politiques, économiques et culturelles pour la domination.

 

En vérité cette même référence à un « Moyen Orient chrétien » cache une animosité vilaine. Sans l´Islam, les peuples du Moyen Orient seraient restés comme ils étaient à la naissance de l´Islam–la plupart des disciples du christianisme orthodoxe oriental. Mais c´est facile d´oublier que l´une des controverses historiques la plus violente, la plus virulente et la plus durable fut celle entre l´église catholique à Rome et le christianisme orthodoxe oriental à Constantinople – une rancune qui persiste toujours. Les Chrétiens orthodoxes orientaux n´ont jamais oublié ou pardonné le sac de Constantinople la chrétienne par les croisés occidentaux en 1204. Presque 800 ans plus tard, en 1999, le pape Jean Paul II chercha à faire quelques petits pas pour cicatriser la plaie dans la première visite d´un pape catholique au monde orthodoxe en mille ans. C´était un début, mais le désaccord entre l´Orient et l´Occident dans un Moyen Orient chrétien serait plutôt resté comme il est aujourd´hui. Prenez la Grèce par exemple : La cause orthodoxe a été un puissant mobile derrière le nationalisme et le sentiment anti-occidental là bas, et les passions anti-occidentales dans la politique grecque, il y a seulement une dizaine d´années, résonnaient des même suspicions et vues virulentes de l´Occident que nous entendons aujourd´hui de la part de beaucoup de chefs islamistes.

 

La culture de l´église orthodoxe diffère nettement de la philosophie occidentale de l´après siècle des lumières, qui insiste sur la laïcité, le capitalisme et la primauté de l´individu. Elle a encore des peurs résiduelles à propos de l´Occident similaires dans différents aspects les incertitudes des Musulmans d´aujourd´hui : des craintes du prosélytisme missionnaire occidental, la perception de la religion comme un vecteur clé pour la protection et la préservation de leurs propres communautés et culture, et une suspicion du caractère « corrompu » et impérial d l´Occident. En effet, dans un Moyen Orient chrétien orthodoxe, Moscou aurait joui d´une influence spéciale, même aujourd´hui, comme le dernier centre important de l´Orthodoxie orientale. Le monde orthodoxe serait resté une arène géopolitique clé pour la rivalité Est-Ouest dans la guerre froide. Après tout, Samuel Huntington, a inclut le monde chrétien orthodoxe parmi les plusieurs civilisations impliquées dans le choc culturel avec l´Occident.

 

Aujourd´hui, l´occupation US de l´Irak ne serait mieux accueillie si les Irakiens étaient des Chrétiens. Les Etats-Unis n´ont pas renversé Saddam Hussein, un chef profondément laïque et nationaliste, parce qu´il était musulman. D´autres peuples arabes auraient toujours soutenu les Arabes irakiens dans leur traumatisme de l´occupation. Nulle part les gens ne se réjouissent de l´occupation et la tuerie de leurs concitoyens aux mains des troupes étrangères. En effet, des groupes menacés par de telles forces externes s´efforcent toujours de trouver des idéologies appropriées pour glorifier leur lutte de résistance. La religion est l´une de telles idéologies.

 

Voilà donc le portrait d´un putatif « monde sans Islam ». C´est un Moyen Orient dominé par le christianisme orthodoxe oriental – une église historiquement et psychologiquement méfiante de, voire hostile à, l´Occident. Même déchiré par des différences importantes ethniques, voire sectaires, ce Moyen Orient possède un sens aigu de conscience historique et de griefs contre l´Occident. Il a été envahi à plusieurs reprises par des armés impérialistes occidentaux ; ses ressources pillées ; ces frontières redessinées par des décrets occidentaux en conformité avec les différents intérêts de l´Occident ; et des régimes installés accommodants aux dictats occidentaux. La Palestine brûlerait toujours. L´Iran serait toujours profondément nationaliste. Nous verrions toujours les Palestiniens résister contre les Juifs, les Tchétchènes résister contre les Russes, les Iraniens résister contre les Britanniques et les Américains, les Cachemiris résister contre les Indiens, les Tamiles résister contre les Cingalais au Sri Lanka, et les Uigurs et les Tibétains résister contre les Chinois. Le Moyen Orient aurait toujours un modèle historique glorieux – le grande empire byzantin avec plus de 2000 ans d´histoire – avec lequel il s´identifierait comme un symbole historique et religieux. Ceci, à plusieurs égards, perpétuerait le fossé Est-Ouest.

 

Ceci ne présente pas une image réconfortante et complètement pacifique.

SOUS LA BANNIERE DU PROPHETE

Evidemment, il est absurde de prétendre que l´existence de l´Islam n´a pas eu d´impact indépendant sur le Moyen Orient ou sur les relations Est-Ouest. L´Islam a fourni une force unificatrice d´un haut niveau à travers une large région. Comme une foi universelle, elle a créé une vaste civilisation qui partage des principes communs de philosophie, arts et société ; une vision d´une vie morale ; un sens de justice, jurisprudence et une bonne gouvernance – le tout dans une culture raffinée profondément enracinée. Comme une culture et une force morale, l´Islam a aidé à combler les différences ethniques entre les divers peuples musulmans, les encourageant à se sentir concernés comme une part d´un plus grand projet civilisationnel musulman. Rien que cela donne à ce projet un poids important. L´Islam a également affecté la géographie politique : S´il n´y avait pas eu d´Islam, les pays musulmans de l´Asie du Sud et du Sud-est – notamment le Pakistan, le Bangladesh, la Malaisie et l´Indonésie – seraient aujourd´hui enracinés dans le monde hindou.

 

La civilisation islamique fournissait un idéal commun auquel tous les Musulmans pouvaient faire appel au nom de la résistance contre l´empiètement occidental. Même si cet appel échouait à arrêter la marée impériale occidentale, il a créé une mémoire culturelle d´un destin généralement partagé qui n´a pas disparu. Les Européens étaient capables de diviser et conquérir beaucoup de peuples africains, asiens et américains latins qui sont tombés séparément devant la puissance occidentale. Une résistance transnationale unie entre ces peuples, était difficile à atteindre dans l´absence de tout symbole commun ethnique ou culturel pour la résistance.

 

Dans un monde sans Islam, l´impérialisme occidental aurait trouvé la tache de diviser, conquérir et dominer le Moyen Orient et l´Asie, bien plus facile. Il n´y aurait pas eu de mémoire culturelle collective d´humiliation et de défaite à travers une vaste région. Cela est la raison principale qui explique pourquoi les Etats-Unis sont en train de se casser les dents sur le monde musulman. Aujourd´hui, les intercommunications globales et les images satellitaires partagées ont créé une forte auto-conscience parmi les Musulmans et un sens d´un plus grand siège impérial occidental contre une culture islamique partagée. Ce siège ne concerne pas la modernité ; il concerne la quête occidentale incessante pour la domination de l´espace stratégique, les ressources et même la culture du monde musulman–le trajet pour créer un Moyen Orient « proaméricain ». Malheureusement, les Etats-Unis supposent naïvement que l´islam est tout ce qui se met sur son chemin menant au prix à gagner.

 

Mais quid du terrorisme – la question la plus urgente que l´Occident associe presque immédiatement avec l´Islam aujourd´hui ? Dans une nette franchise, le 11/9, aurait-il eu lieu sans l´Islam ? Si les griefs du Moyen Orient, enracinés dans des années de colère émotionnelle et politique contre les actions et la politique US, ont été enveloppés dans une autre bannière, est ce que les choses auraient-elles largement différentes ? Encore, il est important de se rappeler combien facilement la religion peut-elle être invoquée même si d´autres rancunes de longue date sont à blâmer. Le 11 septembre 2001 n´était pas le début de l´histoire. Pour les pirates de l´air d´Al-Qaïda l´Islam jouait le rôle d´une loupe dans le soleil, rassemblant ces griefs collectifs répandus et partagés, et les concentrant dans un rayon intense, un moment de clarté de l´action envers un envahisseur étranger.

 

Dans la focalisation de l´Occident sur le terrorisme au nom de l´Islam, les mémoires sont courtes. Les guérillas juives utilisaient le terrorisme contre les Britanniques en Palestine. Les Tamiles hindous sri lankais « Tigers » ont inventé l´art du gilet du suicide et pendant plus d´une décennie ils ont dirigé le monde dans le recours aux attenants suicides–don l´assassinat du premier ministre indien Rajiv Gandhi. Les terroristes grecques ont effectuée des opérations d´assassinat contre les officiels US à Athènes. Le terrorisme organisé sikh a tué Indira Gandhi, semé le chaos en Inde, instauré une base extérieure au Canada et abattu un vol Air India sur l´Atlantique. Les terroristes macédoniens étaient largement craints tout à travers les Balkans à la veille de la première guerre mondiale. Des douzaines d´assassinats majeurs à la fin du 19e et au début du 20e siècles ont été exécutés par des « anarchistes » européens et américains semant une peur collective. La l´Armée de la République Irlandaise (IRA) a développé un terrorisme effective brutale contre les Britanniques durant des décennies, tout comme ont fait les guérillas communistes et les terroristes au Vietnam contre les Américains, les communistes malais contre les soldats britanniques dans les années 1950, les terroristes Mau-Mau contre les officiers britanniques à Kenya – et le liste continue. Il n´y a pas besoin d´un Musulman pour faire du terrorisme.

 

Même l´histoire récente de l´activité terroriste n´est pas très différente. Selon Europol, 498 attaques terroristes ont eu lieu dans l´Union Européenne en 2006. Parmi elles, 424 étaient perpétrées par des groupes séparatistes, 55 par des extrémistes de la gauche et 18 par divers d´autres terroristes. Seulement un attentat a été commis par des islamistes. Pour être complet, il y avait un nombre d´attentats déjoués dans une communauté musulmane hautement surveillée. Mais ces nombres révèlent le large éventail idéologique des terroristes potentiels dans le monde.

 

Est-il alors très difficile d´imaginer les Arabes–chrétiens ou musulmans–, en colère contre Israël ou les invasions, les renversements et les interventions perpétuelles de l´impérialisme, faisant recours à des actes similaires de terrorisme et de guérilla. La question pourrait être plutôt, pourquoi ceci n´a pas eu lieu plus tôt ? Comme les groupes radicaux expriment les griefs dans notre monde globalisé, pourquoi nous ne devrions pas nous attendre à ce qu´ils portent leur lutte au coeur de l´Occident ?

 

Si l´Islam déteste la modernité, pourquoi il avait attendu jusqu´au le 11/9 pour lancer ces attaques. Et pourquoi des penseurs islamiques majeurs au début du 20e siècle parlèrent du besoin d´adopter la modernité tout en protégeant la culture islamique ? La cause d´Oussama Ben Laden dans ses premiers jours ne concernait pas la modernité du tout – il a parlé de la Palestine, des bottes américaines sur les terres de l´Arabie Saoudite, des gouverneurs saoudiens sous le contrôle des Etats-Unis, et des « croisés » modernes. Il est frappant qu´il fallait attendre aussi tard que 2001 pour voir la première grande ébullition de la colère musulmane sur le sol des Etats-Unis, en réaction à la politique US et à des événements accumulés tout autant historiques et récents. Si ce n´était pas le 11/9, un événement similaire était fatalement à arriver.

 

Et même si l´Islam comme un vecteur de résistance n´avait jamais existé, le Marxisme l´a fait. C´est une idéologie qui a engendré un nombre incalculable de terroristes, de guérilla et des mouvements de libération nationale. Il a façonné l´ETA basque, le FARC en Colombie, le Shining Path en Pérou, et la Faction de l´Armée Rouge en Europe pour ne nommer que quelques uns en Occident. George Habash, le fondateur du meurtrier Front Populaire de la Libération de la Palestine, était un chrétien grec orthodoxe et un marxiste qui avait étudié à l´université Américaine de Beyrouth. Dans une époque où le nationalisme arabe en colère flirtait avec un Marxisme violent, beaucoup de Palestiniens chrétiens ont accordé leur soutien à Habash.

 

Les gens qui résistent des oppresseurs étrangers cherchent des bannières pour propager et glorifier la cause de leur lutte. L´internationale lutte des classes pour la justice fournit un bon élément mobilisateur. Le nationalisme est encore mieux. Mais la religion fournit le meilleur de tous, en faisant appel aux plus hautes énergies pour défendre sa cause. Et partout, la religion peut toujours servir pour soutenir l´ethnicité et le nationalisme alors même qu´elle les transcende – notamment si l´ennemi est d´une religion différente. Dans de tels cas, la religion cesse d´être essentiellement la source d´affrontement et de confrontation mais plutôt son véhicule. La bannière du moment peu disparaître mais les griefs demeurent.

 

Nous vivons une époque où le terrorisme est l´outil de choix du faible. Il entrave déjà la puissance sans précédent des armés US en Irak, Afghanistan et ailleurs. Et c´est ainsi que Bin Laden dans beaucoup de sociétés non musulmanes fut appelé le « prochain Che Guevara ». Ce n´est rien moins que l´attrait d´une résistance réussie contre le pouvoir américain dominant, le faible contre-attaque. Un attrait qui transcende l´Islam ou la culture du Moyen Orient.

ENCORE PLUS DE LA MEME CHOSE

Mais les questions demeurent, si l´Islam n´a pas existé, le monde serait-il plus pacifique ? Devant ces tensions entre l´Est et l´Ouest, l´Islam ajoute incontestablement un élément supplémentaire émotionnel, une couche supplémentaire de complications pour trouver des solutions. L´Islam n´est pas la cause de tels problèmes. Cela peut paraître raffiné de chercher des passages dans le Coran qui semblent expliquer « pourquoi ils nous haïssent ». Mais cela s´éloigne aveuglement de la nature du phénomène. Quelle idée confortable que d´identifier l´Islam comme la source « du problème » ; c´est certainement bien plus facile que d´explorer l´impact de l´empreinte globale massive de l´unique super puissance du monde.

 

Un monde sans Islam verrait toujours la plupart des rivalités tenaces meurtrières dont les guerres et les malheurs dominent la scène géopolitique. Si ce n´était pas la religion, tous ces groupes auraient trouvé d´autres bannières en dessous desquelles ils exprimeraient leur nationalisme et leur quête pour l´indépendance. Bien sûr, l´histoire n´aurait pas suivi exactement le même chemin comme elle l´a fait. Mais au fond, le conflit entre l´Est et l´Ouest reste toujours à propos des grandes questions historiques et géopolitiques de l´histoire humaine : l´ethnicité, le nationalisme, l´ambition, l´avidité, les ressources, les chefs locaux, le territoire de domination, le profit financier, le pouvoir, les interventions et la haine des étrangers, des envahisseurs et des impérialistes. Confronté à des questions intemporelles comme celles-ci, comment le pouvoir de la religion pourrait-il n´être pas invoqué ?

 

Souvenons-nous aussi que pratiquement tous les principaux horreurs du 20e siècle vinrent presque exclusivement des régimes strictement laïques : Léopold II de Belgique au Congo, Hitler, Mussolini, Lénine et Staline, Mao et Pol Pot. C´étaient les Européens qui ont imposé leurs « guerres mondiales » par deux fois au reste du monde – deux conflits globaux dévastateurs sans aucun vague parallèle dans l´histoire islamique.

 

Quelques-uns aujourd´hui pourraient souhaiter un « monde sans Islam » dans lequel ces problèmes n´auraient vraisemblablement jamais eu lieu. Mais, en vérité, les conflits, les rivalités et les crises d´un tel monde pourraient ne pas apparaître si largement différents de ceux que nous connaissons aujourd´hui.

Note:

 

 

Graham E. Fuller est un précédent vice président du conseil national des renseignements « National Intelligence Council » à la CIA, chargé des prévisions stratégiques à long terme. Il est actuellement professeur adjoint d´histoire à l´université Simon Fraser à Vancouver. Il est l´auteur de plusieurs livres sur le Moyen Orient, dont « L´Avenir de l´Islam Politique » (chez Palgrave Macmillan, New York, 2003).

Traduction de l’anglais présentée par IYAD ABBARA sur El Khdhra du 27/01/2008
Le texte original est à consulter sur: Foreign Policy- January/February 2008.

Le texte français est copié du site: http://tunisiawatch.rsfblog.org/




Rage de consommer : des (vaccins) pour se guérir

8042008

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Extrait du Livre : « Mollahs de la consommation »

Par Mohamed LOUIZI

Lire : Un premier « vaccin » !

 

Le Livre « J’achète ! » propose des remèdes pour combattre la rage de consommer. Commençant d’abord par un test diagnostique (1), une façon pas vraiment scientifique, mais utile, composé de 50 questions différentes. Le barème de notation donne à chacun l’antidote convenable et la méthode de libération de soi, la plus adaptée. On peut avoir de 0 à 25 points, dans ce cas, on ne présente aucun signe grave de rage de consommer, le livre conseille de continuer de lire pour rester en bonne santé. Mais on peut avoir de 76 à 100 points, et dans ce cas de figure, on est enragé de consommation, on est peut être contagieux, on n’a pas de temps à perdre, il faut prendre dans l’extrême urgence des mesures appropriées. Ensuite, le livre nous parle des solutions à adopter à titre personnel, d’autres à caractère collectif et des résolutions à connotations politiques et économiques.

 

La simplicité volontaire

 

Au Canada, aux Etats-Unis et en Europe, des collectifs se sont mis en place pour prôner « la simplicité volontaire » (2) qui consiste à adopter un mode de vie moins dépendant de l’argent et qui vise à satisfaire ses vrais besoins.

 

La simplicité volontaire est définie comme étant une façon de chercher la simplification pour améliorer sa qualité de vie. Cette philosophie de vie est née de la constatation que la consommation n’apporte pas le bonheur (3).

 

Dans la société de consommation, on consacre son temps à gagner toujours plus d’argent pour satisfaire des besoins matériels. Le principe de la simplicité volontaire est de moins consommer, donc d’avoir moins besoin d’argent et moins besoin de travailler. En vivant en dessous de ses moyens, on gagne alors du temps pour ce qui est important pour soi. Elle n’est pas la pauvreté ni le sacrifice. C’est un choix de vie délibéré. Elle peut représenter une aide pour des personnes ayant des difficultés financières. Elle contribue, dans le sens où elle limite la consommation de biens matériels, à ralentir la destruction des ressources naturelles. Elle commence par remettre en cause les habitudes prises parfois sous l’influence de la publicité et de la télévision. A-t-on vraiment besoin de 20 détergents différents, un pour chaque type de surface ? A-t-on besoin de 10 crèmes de beautés différentes, une pour chaque partie du corps ? A-t-on besoin du dernier lecteur DVD sorti sur le marché ?

 

La simplicité volontaire est une démarche propre à chacun qui commence par la définition de ses vrais besoins et envies. Son but est aussi d’alléger sa vie de tout ce qui l’encombre et de privilégier « l’être » plutôt que « l’avoir ». Elle valorise les relations humaines et la solidarité. Elle lutte pour le désencombrement de la vie. Par exemple, On ne garde que les papiers vraiment importants et les livres qu’on adore. On a alors besoin de moins de meubles de rangement, de moins d’espace, et donc de moins de produits d’entretien. Le service public est utile quand on veut se simplifier la vie. Le recours aux transports collectifs, aux piscines ou bibliothèques publiques évite des achats, par exemple l’achat d’une voiture. Elle implique souvent de chercher l’autosuffisance, c’est-à-dire faire soi-même au lieu d’acheter.

 

L’idée est aussi de privilégier la valeur d’usage : « avoir » pour « avoir » n’a aucun intérêt. Que l’on ne possède que des choses qu’on utilise vraiment. Un livre qu’on n’a pas relu depuis dix ans, c’est un livre qui aurait plutôt sa place dans une bibliothèque municipale. Un vêtement qu’on n’a pas porté depuis un an pourrait être déposé dans une association caritative. On va rapidement se rendre compte qu’en fait on n’a pas besoin de grand chose, pour vivre en bonheur !

 

A Ithaca, Paul GLOVER entérine le Dollar !

 

Une expérience formidable a vu le jour à Ithaca, ville américaine de l’Etat de New York, début des années 1990. Lorsque Paul GLOVER, journaliste, économiste et ancien publicitaire, a décidé de créer une monnaie locale remplaçant le Dollar dans sa ville de 70 000 habitants. (4)

 

Glover se mis en 1991 à observer les mouvements de l’argent dans sa ville. Ce qu’il voit, a les banalités de base de tous les systèmes ultra capitalistes, de puissantes compagnies, des multinationales, des hypermarchés et de grandes chaînes nationales de magasins qui s’installent à Ithaca pour aspirer l’argent local, et pour pousser les ménages à consommer davantage à travers le matraquage publicitaire, même en se surendettant, avant de réinvestir les bénéfices en dollar ailleurs. La ville d’Ithaca et ses citoyens se voient dépourvus des services de leurs dollars gagnés après tant d’heures de travail.

 

Glover décida alors à résoudre ce problème ainsi que surmonter tous les défis sociaux, économiques et environnementaux qu’il engendre. Un bon jour, la solution commença à se dessiner. Il s’agit de mettre en place un système d’échange local (SEL), des biens et des services qui va désamorcer cette pompe à finance et qui va procéder à son remplacement par un système d’échange en circuit fermé. Que L’argent tourne et circule mais sur place, entre les citoyens d’Ithaca et uniquement sur le plan local.

 

C’est alors que lui vint l’idée de créer Ithaca hour ou l’heure d’Ithaca. Une unité monétaire que l’on ne pourrait gagner et dépenser que dans la Communauté. En vendant ou en achetant des services et des biens produits localement. Et Glover se mis à battre cette monnaie alternative. Ensuite, il a tenté de convaincre les 70000 habitants de la ville sur le bien fondé de celle-ci et qu’elle représente une réelle solution, efficace et performante. Au début, l’affaire ne tournait que sur une centaine de commerces, aujourd’hui, ce sont 1 450 boutiques et entreprises qui acceptant cette devise locale, et une revue publiée tous les deux mois la liste des participants.

 

Le billet de base, l’Ithaca hour, vaut environ 10 dollars, ce qui représente en gros le salaire moyen horaire payé dans cette ville. « Prenons maintenant un fermier qui vend pour 20 dollars de fromage. À la place de se faire payer par le dollar, il reçoit donc deux heures de travail gratuit. Avec ce petit capital, il achète par exemple les services d’un menuisier, qui lui même fait appel au savoir-faire d’un mécanicien, lequel utilise ces heures pour payer son chiropracteur, qui lui se sert de ces billets pour s’offrir quatre places de cinéma, et ainsi de suite. C’est un système sans fin qui grandit de lui-même, une économie écologique, en vase clos, qui s’écarte du dollar et où le temps de travail réel remplace les liquidité abstraites », explique Paul Glover.

 

Joëlle Delvaux, dans un article publié sur le site Internet : silesfemmescomptaient.com, raconte que les citoyens de la ville d’Ithaca sont très satisfait du résultat des échanges permis par la monnaie locale. « Les Ithaca hours sont la meilleure chose qui soit arrivée dans notre cité depuis l’invention du pain en tranche », lançait récemment Michael, graphiste, à Jean-Paul Dubois, journaliste au Nouvel Observateur, parti en reportage à Ithaca. « Cela reflète notre philosophie, stimule notre agriculture, notre artisanat, et responsabilise nos vies », ajoutait Joe, marchand de disques. D’autres encore témoignaient de leur enthousiasme, évoquant les multiples aspects positifs des Ithaca hours: « Grâce à cette monnaie locale, notre argent reste ici et nous nous entraidons, plutôt que d’enrichir des multinationales », disait Danny, électricien. « Cette organisation parallèle crée un lien de solidarité et donne notamment la possibilité à des chômeurs de trouver un emploi », ajoutait Dave, professeur d’économie. « Cette forme de troc nous permet, à ma femme et à moi de manger plus souvent au restaurant », renchérissait Charlie, fabricant de tambours. Quant à Bill et Cris, marchands de légumes, ils expliquaient ravis: « Grâce à cet argent local, davantage de gens achètent des produits du terroir. Cela a fait augmenter nos ventes et nous nous offrons désormais des petits luxes que nous n’aurions jamais pu nous payer en dollars ».

 

Ithaca hour a rendu la valeur à « l’être » et à son savoir faire et non pas à son « avoir » ou à ce qu’il possède. Elle a réduit les écarts sociaux, elle a diminué le taux de chômage, elle a encouragé l’artisanat et la production locale, elle participe aussi à la protection de la nature et permet une répartition équitable des richesses communautaires.

 

Dans ce système tout le monde trouve sa place, même les plus démunies et les nécessiteux provisoires. Les prêts sont contractés sans intérêts, par exemple, pour un prêt équivalent de 1000 $, l’emprunteur s’engage à rendre 100 heures de travail au service de la communauté.

 

Ithaca est certainement un « cas » particulier, mais il n’est plus isolé. Ce système de monnaie locale connaît une présence dans d’autres villes des Etats-Unis, au Canada et au Mexique. La chaîne TV5 Monde a diffusé, courant août 2006, un reportage sur les monnaies locales et les systèmes d’échanges locaux, parlant de plus de 3000 monnaies locales à travers le monde, dont 180 seulement dans l’archipel japonais.

 

Simplicité volontaire … partout ailleurs

 

Le réseau de la simplicité volontaire tisse sa toile à l’échelle planétaire en Belgique, en Espagne et même ailleurs. En France des structures associatives oeuvrent pour minimiser la dépendance à l’argent, pour combattre la surconsommation et ses dégâts collatéraux et pour consolider les liens sociales de solidarité.

 

Paris connaît, presque tout les deux mois, l’organisation d’une activité dite « Le Grand Don », sur le Pont Marie. Des donneurs, avertis à l’avance, réunissent des objets qu’ils souhaitent offrir (livres, disques, vêtements, bibelots, bijoux, jeux, divers…), avec pour seule condition qu’ils puissent être transportés sans encombre par des personnes circulant à pied. Ils disposent l’ensemble des dons sur le rebord du pont, sans entraver le déplacement des personnes. Chacun des donneurs aborde aimablement les passants inconnus et leur propose de prendre un des objets, et d’en devenir immédiatement et sans conditions le légitime propriétaire. « Le Grand Don » se termine quand tous les objets collectés ont été offerts. (5)

 

Des structures participent à l’éducation sur les valeurs de la solidarité communautaire et sur le développement durable comme l’association « Tout simplement ! ». Et d’autres sont conçues pour aider les victimes des systèmes financiers actuels à se relever de nouveau comme l’association des « Débiteurs anonymes » qui a été crée en 1976 aux Etats-Unis et qui a plus de 400 filiales actives à travers le monde, 10 en France.

 

Systèmes d’Echanges Locaux au nord de la France

 

Dans ma ville, Villeneuve d’Ascq au Nord de la France, j’ai fais connaissance d’une association portant le nom « L’arbre SEL », adoptant le principe de la simplicité volontaire et favorisant le Système d’Echanges Locaux (SEL). (6)

 

Les membres de l’association sont partis d’un constat réel, dans l’idéal, l’argent est un moyen de mesurer les échanges et il devrait circuler entre les gens. Mais quelques personnes physiques ou morales s’enrichissent et monopolisent l’argent en laissant la majorité dépossédée de ce moyen financier et se contentant, uniquement de rêver.

 

Le SEL est venu donc pour permettre à ses personnes d’échanger de nouveau, grâce à une mémoire d’échange, favorisant des valeurs étrangères au profit, telle que la convivialité, la solidarité et le respect d’autrui.

 

Comment cela marche au quotidien ? Et bien, l’association édite un catalogue des offres et des demandes des adhérents. Les adhérents concluent l’échange par téléphone ou lors d’une rencontre. Par Exemple, Marie demande à Pierre lors d’un marché SEL de lui donner un coup de main pour le Jardin. Ils se mettent d’accords sur les conditions de l’échange, c’est à dire 60 feuilles pour une heure de jardinage. Et c’est alors que les choses se font. L’échange est mesuré grâce aux feuilles dites « grains de SEL ». Une fois Pierre achève sa mission, Marie établit un bon d’échange de 60 feuilles ou bien l’un des deux rajoute une ligne sur sa feuille personnelle d’échange. Puis le bon ou la feuille personnelle parvient au gestionnaire des feuilles qui tient les comptes sur un cahier ou sur un ordinateur. Le compte de Marie passe par exemple de +200 feuilles à +140. Celui de Pierre de -500 à -440 feuilles. Et voilà, le solde de leur compte sera publié dans le journal du SEL, comme celui de tous les adhérents.

Notes :

1- John de Graaf, David Wann, Thomas Naylor, J’achète ! Combattre l’épidémie de surconsommation, pages 243 à 245, Les Editions FIDES, 2004

2- Consulter le site : www.simplicitévolontaire.org

3- Consulter l’encyclopédie numérique : www.ekopédia.org

4- J.P Dubois, « Le dollar est mort à Ithaca », Le Nouvel Observateur, 5/12/1996, page 94.

5- Consulter le site : http://granddon.free.fr

6- Consulter le site : http://arbresel.free.fr et le site : www.selidaire.org




La Rage de consommer

5042008

Extrait du Livre :

Mollahs de la consommation – Décembre 2006

Par Mohamed LOUIZI

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En mai 2004, les auteurs John de GRAAF, David WANN et Thomas NAYLOR, ont publié un livre chez les éditions FIDES, intitulé J’achète ! Combattre l’épidémie de surconsommation(1), étudiant et analysant les comportements de la surconsommation aux Etats Unies et même ailleurs, c’est à dire là où The Américain Dream multiplie les adeptes.

 

Le livre propose une lecture assez argumentée du quotidien de la surconsommation. Il s’est appuyé sur des données statistiques silencieuses et glaciales prouvant que nous sommes tous atteint, à des degrés très rapprochés, d’un virus social appelé : la rage de consommer.

 

Ce dernier se caractérise par les traits suivants : état pénible, contagieux, socialement transmissible, surcharge, endettement, anxiété et gaspillage. Résultant de la volonté acharnée d’avoir toujours plus et qui menace sérieusement les portes feuilles, les amitiés, les familles, les communautés et l’environnement (2).

 

Le livre traite ce virus, en montrant ses symptômes, en indiquant ses causes directes et indirectes et en proposant des « vaccins » et des « antidotes » efficaces visant à une guérison permanente et à un retour à des styles de vie moins coûteux et plus humains(3).

 

Ce virus se traduit dans les apparences par la fièvre du shopping, l’épidémie des faillites, l’enflure des attentes, la congestion chronique, le stress de l’excès, les convulsions familiales, le sentiment d’inutilité, l’épuisement des ressources naturelles, la dépendance aux choses matériels, l’insatisfaction quasi permanente…etc. (4)

 

Et pour s’arrêter que sur l’élément qui nous intéresse, le livre déplore que le nombre de personnes déclarant faillites chaque année, aux Etats Unies, est beaucoup plus élevé que le nombre de diplômés universitaires. La dette des gens en faillites est équivaut à 22 mois de salaires(5), mais faut-il d’abord trouver un travail permettant et aidant au remboursement de ses dettes. La chroniqueuse Ellen Goodman, dans All Consuming Passion, résume ce cycle vicieux dont lequel s’abrite des individus et des familles, ainsi : « La norme, c’est de porter des vêtements qu’on achète pour aller travailler, de traverser des embouteillages dans une voiture qu’on est encore entrain de payer, afin d’obtenir l’emploi dont on a besoin pour pouvoir se payer les vêtements, la voiture et la maison, qu’on laisse vide toute la journée pour pouvoir se permettre d’y habiter » (6).

 

Ce style de surconsommation a rendu la vie insupportable, routinière et vide de sens. Lorsque la Mère Teresa vint aux Etats-Unis pour recevoir un diplôme honorifique, elle déclara : « C’est l’endroit le plus pauvre que j’aie jamais vu ! »(7). Robert Seiple, directeur de l’organisation caritative chrétienne « Vision Mondiale », ajoute qu’ : « Elle ne parlait pas de l’économie, des fonds communs de placement, de Wall Street, ni du pouvoir d’achat. Elle parlait de la pauvreté de l’âme » (8). Dans le même sens, Lee Atwater, stratège électoral du Parti républicain, a fait un aveu peu avant de mourir d’une tumeur cérébrale, il a dit : « Les années 1980, c’était l’acquisition : celle de la richesse, du pouvoir, du prestige. Je le sais. J’ai acquis plus de richesses, de pouvoir et de prestige que la plupart des gens. Mais on a beau acquérir tout ce qu’on veut, on finit tout de même par se sentir vide » (9).

 

La rage de consommer est aussi un problème familial. Certaines études montrent, qu’à cause de cette maladie, et en l’espace d’une génération, le temps que les parents consacrent à leurs enfants a décliné d’au moins 40%. Puisque les parents travaillent davantage, pour gagner davantage, pour acheter davantage, mais aussi pour rembourser leurs dettes. L’une de ses études a démontré que les couples américains trouvent à peine 12 minutes par jour pour se parler !

 

La rivalité avec les voisins mène plusieurs familles à l’endettement et engendre des conflits latents sur les questions d’argent qui entraînent souvent la séparation et l’éclatement de la famille. Les conseillers dans les relations familiales rapportent que les discussions sur l’argent constituent un facteur qui précipite 90% des cas de divorce engendrant des situations sociales chaotiques et très coûteuses sur tous les plans : éducatif, sécuritaire, social, économique…

 

 

Pour plus de détails sur cette maladie, une lecture de ce livre, est vivement conseillé, elle montrera d’autres facettes diaboliques de la rage de consommer touchant la totalité des gens, quelque soit leur religion, leur système de valeur, de référence, leur éducation ou leur statut socioprofessionnel.

Faillites personnelles, ici et ailleurs

 

Aujourd’hui, plusieurs études statistiques publiées parlent des menaces réelles que causent « la rage de consommer » arrosée par la pratique de l’usure dans les sociétés « occidentales ». Des articles nous interpellent sur l’explosion des faillites en Grande Bretagne, d’autres alertent sur l’état de surendettement en France ou sur les pulsions catastrophiques de surconsommation attisées par les prêts à intérêt aux Etats-Unies…etc.

 

Le Figaro a publié un article le 20 mai 2006, intitulé « Inquiétudes sur le niveau d’endettement des ménages » alertant sur le surendettement. Pour l’auteur : « La vraie raison de s’alarmer se trouve du côté du surendettement des Français. Selon la Banque de France, les crédits à l’habitat ont augmenté de 15% l’an dernier, soit un rythme double de celui des crédits à l’investissement des entreprises ». «Par rapport à leur revenu disponible, l’endettement des ménages est passé de 49% en 1995 à 57% en 2003 et 64% en 2005», s’est inquiété le gouverneur de la Banque, Christian Noyer, dans sa lettre annuelle au président de la République. «La solvabilité des Français atteint des seuils critiques», résument les économistes de la Société Générale.

 

L’émission télévisée « C dans l’air », de la chaîne publique française « France 5 », a choisit comme thème de l’une de ses débats, diffusé pour la dernière fois le vendredi 16 juin 2006, le thème « Vivre à crédit », en invitant Robert Rochefort (Sociologue et directeur du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), Marie-jeanne Husset (Directrice de rédaction du mensuel 60 millions de consommateurs) et Elie Cohen (Economiste, directeur de recherche du Centre national de recherche scientifique au CEVIPOF). Lors de cette émission, les intervenants ont commenté et analysé, entre autres, le dernier rapport de la Banque de France, rendu publique le 23 mai 2006, annonçant que le taux d’endettement des ménages français atteint un niveau record en 2005, avec une dette qui a représenté 64 % du revenu disponible brut.

 

L’endettement s’est accéléré en 2005, en augmentant de 10,5 %, contre 9,9 % en 2004. Selon l’Observatoire de l’Endettement des Ménages (OEM), 52,6 % des ménages français étaient endettés en novembre 2005. 73 % des débiteurs surendettés le deviennent de manière passive, c’est-à-dire à la suite d’accidents de la vie. La perte de son emploi demeure le facteur dominant (31 %), suivi du divorce, de la séparation ou du décès du conjoint (17 %).

 

Cette progression est due à la poursuite de la hausse des prêts à l’habitat, les crédits à court terme ne représentant que 4,5 % de l’encours total de dettes des ménages. Le crédit fait des ravages et jamais les ménages n’ont eu de dettes aussi importantes en France. Sans compter les faillites personnelles de plus en plus nombreuses. La France demeure malgré tout beaucoup moins endettée que la plupart de ses voisins européen, et donc extrêmement moins que les ménages américains, dont le taux d’endettement est de l’ordre de 130 % de leur revenu disponible.

 

Sébastien MARTIN, du journal Le Figaro, a publié le 8 août 2006, un article intitulé « Les faillites personnelles explosent au Royaume-Uni ». Il rappelle des chiffres réels, traduisant cela. Quelque 26 000 personnes se sont déclarées en faillites personnelles au deuxième semestre soit un bond de 66 % par rapport au chiffre de la même période de l’an dernier. À ce rythme la barre de 100 000 faillites individuelles devrait être dépassée pour la première fois cette année, soit plus qu’un doublement en deux ans.

Marie Phoenix a publié un autre article, le 6 février 2006, allant dans le même sens et intitulé « Immobilier UK : nombre record des faillites personnelles » sur le site : leblogefinance.com, en se basant sur un dépêche de l’AFP, montrant que le nombre de ménages britanniques contraints de se déclarer en faillite en raison d’une dette devenue insupportable a battu un nouveau sommet en 2005, avec 67 580 foyers, selon les derniers chiffres officiels publiés. Le nombre de faillites est en hausse de 45% par rapport à 2004, traduisant une augmentation record jamais atteinte depuis 45 ans. En 2005, 10 260 ménages britanniques, incapables de rembourser leurs emprunts, ont été dépossédés de leur maison. Soit 70 % de plus qu’en 2004.

 

Dans le site Internet officiel de La Poste Suisse, un article publié le 4 août 2006, attire l’attention, par son titre d’abord « Personne n’est immunisé contre l’endettement » et par ses données relativement inquiétantes. Selon l’auteur, le nombre des faillites personnelles a atteint un nouveau record cette année, Les chiffres enregistrés par l’Association Suisse des Sociétés Fiduciaires de Recouvrement (VSI) montrent que bon nombre de citoyens suisses sont aussi endettés. Les branches des commandements de payer, des faillites et des exécutions de saisies ont enregistré des valeurs records: en 2005, les sociétés membres de la VSI ont émis environ 850 000 mandats d’encaissement et environ 1 million de mises en demeure. Le volume des créances s’élevait à 3,7 milliards de francs (1 CHF = 0,648 EURO).

 

En Belgique, et malgré la légère baisse du nombre de surendettés de 2004 à 2005, expliquée principalement par les modifications techniques légales, le chiffre reste colossal. A la fin de l’année 2005, 343 020 personnes (ou 501 102 contrats de crédit pour un montant de 1,84 milliard d’euros) en défaut de paiement pour les contrats de crédit à la consommation et d’emprunts hypothécaires, étaient répertoriées auprès de la Banque nationale de Belgique. Cela équivaut à 4,2% de la population adulte (10)

 

Le 12 avril 2006, Georges Quioc a publié un article dans Le Figaro, intitulé « Les faillites personnelles en plein boom aux Etats-Unis », qui montre que plus de deux millions d’américains se sont déclarés en faillite personnelle l’année dernière, soit 30% de plus que l’année précédente, selon les statistiques judiciaires américaines. Sur le seul dernier trimestre 2005, leur nombre a bondi de 80%.

 

Ce fléau de l’endettement et du surendettement est devenu un phénomène généralisé sur l’ensemble des ménages, suivant le style de vie matérialiste ou le Américan way of life, que ce soit dans les pays européens et américains ou même dans les pays dits « en voie de développement ».

Notes :

1- John de Graaf, David Wann, Thomas Naylor, J’achète ! Combattre l’épidémie de surconsommation, Traduction de Michel Saint-Germain, Les Editions FIDES, 2004

2- Ibid., page 22.

3- Ibid., pages 241 à 330.

4- Ibid., pages 35 à 165.

5- Ibid, page 48.

6- Ibid, page 68.

7- Ibid., page 114.

8- Ibid., page 114.

9- Ibid., page 114.

10- Source : Observatoire du Crédit et de l’Endettement (2004), Crédit et endettement des ménages. 10 ans d’Observatoire, p. 15. publié sur le site : http://www.luttepauvrete.be/chiffres_surendettement.htm

A suivre prochainement:

« Rage de Consommer: Vaccins pour se guérir !«  




Martin Luther King … rêves de justice et de liberté !

4042008

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