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Rage de consommer : des (vaccins) pour se guérir

8042008

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Extrait du Livre : « Mollahs de la consommation »

Par Mohamed LOUIZI

Lire : Un premier « vaccin » !

 

Le Livre « J’achète ! » propose des remèdes pour combattre la rage de consommer. Commençant d’abord par un test diagnostique (1), une façon pas vraiment scientifique, mais utile, composé de 50 questions différentes. Le barème de notation donne à chacun l’antidote convenable et la méthode de libération de soi, la plus adaptée. On peut avoir de 0 à 25 points, dans ce cas, on ne présente aucun signe grave de rage de consommer, le livre conseille de continuer de lire pour rester en bonne santé. Mais on peut avoir de 76 à 100 points, et dans ce cas de figure, on est enragé de consommation, on est peut être contagieux, on n’a pas de temps à perdre, il faut prendre dans l’extrême urgence des mesures appropriées. Ensuite, le livre nous parle des solutions à adopter à titre personnel, d’autres à caractère collectif et des résolutions à connotations politiques et économiques.

 

La simplicité volontaire

 

Au Canada, aux Etats-Unis et en Europe, des collectifs se sont mis en place pour prôner « la simplicité volontaire » (2) qui consiste à adopter un mode de vie moins dépendant de l’argent et qui vise à satisfaire ses vrais besoins.

 

La simplicité volontaire est définie comme étant une façon de chercher la simplification pour améliorer sa qualité de vie. Cette philosophie de vie est née de la constatation que la consommation n’apporte pas le bonheur (3).

 

Dans la société de consommation, on consacre son temps à gagner toujours plus d’argent pour satisfaire des besoins matériels. Le principe de la simplicité volontaire est de moins consommer, donc d’avoir moins besoin d’argent et moins besoin de travailler. En vivant en dessous de ses moyens, on gagne alors du temps pour ce qui est important pour soi. Elle n’est pas la pauvreté ni le sacrifice. C’est un choix de vie délibéré. Elle peut représenter une aide pour des personnes ayant des difficultés financières. Elle contribue, dans le sens où elle limite la consommation de biens matériels, à ralentir la destruction des ressources naturelles. Elle commence par remettre en cause les habitudes prises parfois sous l’influence de la publicité et de la télévision. A-t-on vraiment besoin de 20 détergents différents, un pour chaque type de surface ? A-t-on besoin de 10 crèmes de beautés différentes, une pour chaque partie du corps ? A-t-on besoin du dernier lecteur DVD sorti sur le marché ?

 

La simplicité volontaire est une démarche propre à chacun qui commence par la définition de ses vrais besoins et envies. Son but est aussi d’alléger sa vie de tout ce qui l’encombre et de privilégier « l’être » plutôt que « l’avoir ». Elle valorise les relations humaines et la solidarité. Elle lutte pour le désencombrement de la vie. Par exemple, On ne garde que les papiers vraiment importants et les livres qu’on adore. On a alors besoin de moins de meubles de rangement, de moins d’espace, et donc de moins de produits d’entretien. Le service public est utile quand on veut se simplifier la vie. Le recours aux transports collectifs, aux piscines ou bibliothèques publiques évite des achats, par exemple l’achat d’une voiture. Elle implique souvent de chercher l’autosuffisance, c’est-à-dire faire soi-même au lieu d’acheter.

 

L’idée est aussi de privilégier la valeur d’usage : « avoir » pour « avoir » n’a aucun intérêt. Que l’on ne possède que des choses qu’on utilise vraiment. Un livre qu’on n’a pas relu depuis dix ans, c’est un livre qui aurait plutôt sa place dans une bibliothèque municipale. Un vêtement qu’on n’a pas porté depuis un an pourrait être déposé dans une association caritative. On va rapidement se rendre compte qu’en fait on n’a pas besoin de grand chose, pour vivre en bonheur !

 

A Ithaca, Paul GLOVER entérine le Dollar !

 

Une expérience formidable a vu le jour à Ithaca, ville américaine de l’Etat de New York, début des années 1990. Lorsque Paul GLOVER, journaliste, économiste et ancien publicitaire, a décidé de créer une monnaie locale remplaçant le Dollar dans sa ville de 70 000 habitants. (4)

 

Glover se mis en 1991 à observer les mouvements de l’argent dans sa ville. Ce qu’il voit, a les banalités de base de tous les systèmes ultra capitalistes, de puissantes compagnies, des multinationales, des hypermarchés et de grandes chaînes nationales de magasins qui s’installent à Ithaca pour aspirer l’argent local, et pour pousser les ménages à consommer davantage à travers le matraquage publicitaire, même en se surendettant, avant de réinvestir les bénéfices en dollar ailleurs. La ville d’Ithaca et ses citoyens se voient dépourvus des services de leurs dollars gagnés après tant d’heures de travail.

 

Glover décida alors à résoudre ce problème ainsi que surmonter tous les défis sociaux, économiques et environnementaux qu’il engendre. Un bon jour, la solution commença à se dessiner. Il s’agit de mettre en place un système d’échange local (SEL), des biens et des services qui va désamorcer cette pompe à finance et qui va procéder à son remplacement par un système d’échange en circuit fermé. Que L’argent tourne et circule mais sur place, entre les citoyens d’Ithaca et uniquement sur le plan local.

 

C’est alors que lui vint l’idée de créer Ithaca hour ou l’heure d’Ithaca. Une unité monétaire que l’on ne pourrait gagner et dépenser que dans la Communauté. En vendant ou en achetant des services et des biens produits localement. Et Glover se mis à battre cette monnaie alternative. Ensuite, il a tenté de convaincre les 70000 habitants de la ville sur le bien fondé de celle-ci et qu’elle représente une réelle solution, efficace et performante. Au début, l’affaire ne tournait que sur une centaine de commerces, aujourd’hui, ce sont 1 450 boutiques et entreprises qui acceptant cette devise locale, et une revue publiée tous les deux mois la liste des participants.

 

Le billet de base, l’Ithaca hour, vaut environ 10 dollars, ce qui représente en gros le salaire moyen horaire payé dans cette ville. « Prenons maintenant un fermier qui vend pour 20 dollars de fromage. À la place de se faire payer par le dollar, il reçoit donc deux heures de travail gratuit. Avec ce petit capital, il achète par exemple les services d’un menuisier, qui lui même fait appel au savoir-faire d’un mécanicien, lequel utilise ces heures pour payer son chiropracteur, qui lui se sert de ces billets pour s’offrir quatre places de cinéma, et ainsi de suite. C’est un système sans fin qui grandit de lui-même, une économie écologique, en vase clos, qui s’écarte du dollar et où le temps de travail réel remplace les liquidité abstraites », explique Paul Glover.

 

Joëlle Delvaux, dans un article publié sur le site Internet : silesfemmescomptaient.com, raconte que les citoyens de la ville d’Ithaca sont très satisfait du résultat des échanges permis par la monnaie locale. « Les Ithaca hours sont la meilleure chose qui soit arrivée dans notre cité depuis l’invention du pain en tranche », lançait récemment Michael, graphiste, à Jean-Paul Dubois, journaliste au Nouvel Observateur, parti en reportage à Ithaca. « Cela reflète notre philosophie, stimule notre agriculture, notre artisanat, et responsabilise nos vies », ajoutait Joe, marchand de disques. D’autres encore témoignaient de leur enthousiasme, évoquant les multiples aspects positifs des Ithaca hours: « Grâce à cette monnaie locale, notre argent reste ici et nous nous entraidons, plutôt que d’enrichir des multinationales », disait Danny, électricien. « Cette organisation parallèle crée un lien de solidarité et donne notamment la possibilité à des chômeurs de trouver un emploi », ajoutait Dave, professeur d’économie. « Cette forme de troc nous permet, à ma femme et à moi de manger plus souvent au restaurant », renchérissait Charlie, fabricant de tambours. Quant à Bill et Cris, marchands de légumes, ils expliquaient ravis: « Grâce à cet argent local, davantage de gens achètent des produits du terroir. Cela a fait augmenter nos ventes et nous nous offrons désormais des petits luxes que nous n’aurions jamais pu nous payer en dollars ».

 

Ithaca hour a rendu la valeur à « l’être » et à son savoir faire et non pas à son « avoir » ou à ce qu’il possède. Elle a réduit les écarts sociaux, elle a diminué le taux de chômage, elle a encouragé l’artisanat et la production locale, elle participe aussi à la protection de la nature et permet une répartition équitable des richesses communautaires.

 

Dans ce système tout le monde trouve sa place, même les plus démunies et les nécessiteux provisoires. Les prêts sont contractés sans intérêts, par exemple, pour un prêt équivalent de 1000 $, l’emprunteur s’engage à rendre 100 heures de travail au service de la communauté.

 

Ithaca est certainement un « cas » particulier, mais il n’est plus isolé. Ce système de monnaie locale connaît une présence dans d’autres villes des Etats-Unis, au Canada et au Mexique. La chaîne TV5 Monde a diffusé, courant août 2006, un reportage sur les monnaies locales et les systèmes d’échanges locaux, parlant de plus de 3000 monnaies locales à travers le monde, dont 180 seulement dans l’archipel japonais.

 

Simplicité volontaire … partout ailleurs

 

Le réseau de la simplicité volontaire tisse sa toile à l’échelle planétaire en Belgique, en Espagne et même ailleurs. En France des structures associatives oeuvrent pour minimiser la dépendance à l’argent, pour combattre la surconsommation et ses dégâts collatéraux et pour consolider les liens sociales de solidarité.

 

Paris connaît, presque tout les deux mois, l’organisation d’une activité dite « Le Grand Don », sur le Pont Marie. Des donneurs, avertis à l’avance, réunissent des objets qu’ils souhaitent offrir (livres, disques, vêtements, bibelots, bijoux, jeux, divers…), avec pour seule condition qu’ils puissent être transportés sans encombre par des personnes circulant à pied. Ils disposent l’ensemble des dons sur le rebord du pont, sans entraver le déplacement des personnes. Chacun des donneurs aborde aimablement les passants inconnus et leur propose de prendre un des objets, et d’en devenir immédiatement et sans conditions le légitime propriétaire. « Le Grand Don » se termine quand tous les objets collectés ont été offerts. (5)

 

Des structures participent à l’éducation sur les valeurs de la solidarité communautaire et sur le développement durable comme l’association « Tout simplement ! ». Et d’autres sont conçues pour aider les victimes des systèmes financiers actuels à se relever de nouveau comme l’association des « Débiteurs anonymes » qui a été crée en 1976 aux Etats-Unis et qui a plus de 400 filiales actives à travers le monde, 10 en France.

 

Systèmes d’Echanges Locaux au nord de la France

 

Dans ma ville, Villeneuve d’Ascq au Nord de la France, j’ai fais connaissance d’une association portant le nom « L’arbre SEL », adoptant le principe de la simplicité volontaire et favorisant le Système d’Echanges Locaux (SEL). (6)

 

Les membres de l’association sont partis d’un constat réel, dans l’idéal, l’argent est un moyen de mesurer les échanges et il devrait circuler entre les gens. Mais quelques personnes physiques ou morales s’enrichissent et monopolisent l’argent en laissant la majorité dépossédée de ce moyen financier et se contentant, uniquement de rêver.

 

Le SEL est venu donc pour permettre à ses personnes d’échanger de nouveau, grâce à une mémoire d’échange, favorisant des valeurs étrangères au profit, telle que la convivialité, la solidarité et le respect d’autrui.

 

Comment cela marche au quotidien ? Et bien, l’association édite un catalogue des offres et des demandes des adhérents. Les adhérents concluent l’échange par téléphone ou lors d’une rencontre. Par Exemple, Marie demande à Pierre lors d’un marché SEL de lui donner un coup de main pour le Jardin. Ils se mettent d’accords sur les conditions de l’échange, c’est à dire 60 feuilles pour une heure de jardinage. Et c’est alors que les choses se font. L’échange est mesuré grâce aux feuilles dites « grains de SEL ». Une fois Pierre achève sa mission, Marie établit un bon d’échange de 60 feuilles ou bien l’un des deux rajoute une ligne sur sa feuille personnelle d’échange. Puis le bon ou la feuille personnelle parvient au gestionnaire des feuilles qui tient les comptes sur un cahier ou sur un ordinateur. Le compte de Marie passe par exemple de +200 feuilles à +140. Celui de Pierre de -500 à -440 feuilles. Et voilà, le solde de leur compte sera publié dans le journal du SEL, comme celui de tous les adhérents.

Notes :

1- John de Graaf, David Wann, Thomas Naylor, J’achète ! Combattre l’épidémie de surconsommation, pages 243 à 245, Les Editions FIDES, 2004

2- Consulter le site : www.simplicitévolontaire.org

3- Consulter l’encyclopédie numérique : www.ekopédia.org

4- J.P Dubois, « Le dollar est mort à Ithaca », Le Nouvel Observateur, 5/12/1996, page 94.

5- Consulter le site : http://granddon.free.fr

6- Consulter le site : http://arbresel.free.fr et le site : www.selidaire.org







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