Il était une fois … un inféodé sur le chemin de Damas : histoire de Abou Hourayra (9)

31 10 2008

Par Mohamed LOUIZI

abouhourayracheikhdelamadirah1.bmp

9- Abou Hourayra, chantre au service des Omeyyades ! (1)

Abou Hourayra était surnommé aussi le cheikh de la Madirah, surtout depuis son allégeance ostentatoire faite à Mouawiyah(1) et aux Omeyyades(2) ! 

A base de viande – Halal ! – et de lait, la Madirah était la soupe préférée de Mouawiyah qui la servait volontiers à ses hôtes, à ses mercenaires et à ses alliés. On raconte que Abou Hourayra raffolait également de ce plat « omeyyade » plus que de n’importe quel autre délice, à tel point que ses contemporains utilisaient cet aveu de faiblesse gastronomique contre lui, et s’en servaient pour lui lancer des pointes assaisonnées de fortes doses d’ironie et de satire !

Badii Az-Zamane Al Hamadani, romancier qui excelle dans l’art de la Maqãma (sorte de roman picaresque en prose rimée), s’est servi de l’une de ses œuvres littéraires intitulée  la Maqãma Madiriah, pour se moquer implicitement de Abou Hourayra, s’empiffrant de la Madirah tout en prenant le parti de Mouawiyah contre Ali Ibn Abi Taleb et en reconnaissant sa légitimité en tant qu’imam et calife !(3)

Az-Zamakhchari relate dans son livre Rabiî Al Abrar que Abou Hourayra mangeait la Madirah avec Mouawiyah après avoir fait la prière avec son adversaire Ali ! Et quand les gens lui posaient la question sur l’incohérence de son propre comportement, Abou Hourayra répondait sans état d’âme que : « La Madirah de Mouawiyah est certes plus succulente et plus grasse mais la prière derrière Ali reste meilleure ! »(4). D’où le proverbe arabe : « Faire la prière derrière Ali et manger sur les tables de Mouawiyah », une façon de joindre l’utile à l’agréable et aussi d’avoir le séant entre deux chaises !

En effet, Abou Hourayra s’est vendu à la cause des Omeyyades depuis les premiers jours de leur dynastie. Il n’avait pourtant aucune des qualités requises pour séduire Mouawiyah qui était en quête de légitimité comparativement à celle de Ali Ibn Abi Taleb et de ses enfants.

D’abord, Abou Hourayra n’était ni originaire de la Mecque ni descendant de Omeyyah, ancêtre des Omeyyades, il ne pouvait donc apporter aucun soutien ni familial ni tribal à Mouawiyah !

Militaire, il n’était guère assez courageux pour soutenir et défendre, avec son propre sabre, Mouawiyah et son Empire. D’ailleurs, Mahmoud Abou Rayyah confirme dans son livre cité précédemment, que Abou Hourayra n’avait participé à aucune conquête ni expédition, ni avant ni après sa conversion(5) ! La seule information historique – rapportée elle aussi par Abou Hourayra (!) – qui stipule qu’il avait participé à la conquête de Mu’ta en l’an 8 de l’hégire, est complétée par une autre information qui confirme qu’il avait fuit la guerre par peur et par lâcheté(6) ! Pour Mahmoud Abou Rayyah, cette lâcheté détestable aurait été aussi l’une des raisons qui motivait son exclusion forcée à Bahreïn du vivant du prophète ! Raison pour laquelle, Abou Hourayra ne pouvait pas proposer des services militaires utiles à Mouawiyah ! 

Il n’était pas non plus assez fortuné pour pouvoir soutenir économiquement les Omeyyades, surtout après que Omar Ibn Al Khattab lui eut repris l’argent qu’il avait détourné quand il était gouverneur de Bahreïn. Il vivait, depuis, dans la misère et peut-être avec les revenus modestes d’un emploi précaire !

De plus, Abou Hourayra n’était pas non plus un stratège politique qui pouvait à ce titre conseiller et éclairer les choix de Mouawiyah car si cela avait été le cas, pourquoi aucun  des quatre califes n’avait-il fait de lui l’un de ses conseillers les plus proches ?

Il n’était pas non plus poète et on sait que les poètes jouaient à cette époque – et même aujourd’hui encore dans certains pays du Golfe – le rôle des médias de propagande au service du palais sultanesque. Ceux-là faisaient les éloges de l’Empereur, chantaient les mérites des princes, glorifiaient les héros de l’armée et se moquaient des ennemis. On parle même des poètes comme Al Farazdaq(7), Jarir(8), Al Akhtal(9),… qui soutenaient les Omeyyades en contrepartie de l’acquisition du prestige social et de l’argent, une sorte de mercenariat poétique qui était largement répandu à l’époque. D’ailleurs, Abdelamlik Ibn Marwane – cinquième roi de la dynastie omeyyade de 685 à 705 – avait dit un jour : « Chaque dynastie a son poète. Le poète des Omeyyades est Al Akhtal ! »(10).

Étant analphabète et sans qualification littéraire, Abou Hourayra ne pouvait pas prétendre à cette fonction honorifique. Cela explique aussi sa jalousie développée contre les poètes. On peut comprendre pourquoi il avait cité un jour ce Hadith : « Il vaut mieux pour un homme que sa cavité soit remplie de pus et de sang plutôt qu’elle soit plein de poésie »(11). Par conséquent, Mouawiyah ne pouvait pas compter sur ses piètres talents pour remplir cette mission de propagandiste !

En résumé, si Abou Hourayra n’était ni descendant de la noblesse mecquoise, ni brave militaire, ni richard fortuné, ni stratège surdoué, ni poète inspiré… Comment a-t-il alors réussi à séduire Mouawiyah ? Quel genre de service extraordinaire lui a-t-il proposé et rendu ?

Il se peut que Kaâb Al Ahbar ait joué un rôle de médiateur décisif dans ce rapprochement entre Mouawiyah et Abou Hourayra, puisqu’il était à la fois l’un des consultants politiques privilégiés de Mouawiyah à Damas et aussi l’une des références théologiques favorites de Abou Hourayra ! Un tel rapprochement ne pouvait être que bénéfique pour la stratégie de Kaâb qui exigeait non seulement un canal d’infiltration et de transmission incarné par Abou Hourayra mais aussi un pouvoir politique puissant pouvant assurer la légitimité et l’officialisation des informations transmises par l’intermédiaire de Mouawiyah.

Une autre raison aurait toutefois facilité la « servitude volontaire »(12) de Abou Hourayra à la cause des Omeyyades. En effet, Abou Hourayra aurait assuré aux Omeyyades l’assise et la légitimité religieuses qui leur faisaient défaut face à Ali Ibn Abi Taleb. Et ce, en inventant des Hadiths attribués mensongèrement au prophète tout en répondant à l’obsession du pouvoir politique convoité par les Omeyyades !

Comment cela était-il possible, surtout quand on sait qu’à cette même époque Abou Hourayra souffrait lui-même d’une absence de légitimité religieuse ? Il fallait en acquérir une, puis essayer de gagner, par la suite, la confiance de Mouawiyah !

Voici pourquoi la première étape de la stratégie que poursuivait Abou Hourayra était d’abord de se refaire l’image d’un héritier privilégié du savoir prophétique, en multipliant les contes sur le prophète et en répondant à tous genres de questions, même à celles qui, justement, le remettaient  en question, comme cela a été montré dans les paragraphes et articles précédents.

Aucun des arguments que Abou Hourayra avait conçu pour assurer sa propre défense n’était crédible. Ses salamalecs ou ses « salades » verbales ne faisaient que concentrer davantage de doutes sur lui. Toutefois, il savait pertinemment que sa répétition inlassable des mêmes mensonges les rendait relativement crédibles, tout au moins aux yeux de Mouawiyah. D’autant plus qu’à cette période, bon nombre de compagnons très proches du prophète et pouvant encore contredire Abou Hourayra et le remettre à sa place avaient déjà disparus.

Un proverbe nous dit que « Au royaume des aveugles les borgnes sont rois ».  Et comme les Omeyyades avaient le vent en poupe, les voiles de Abou Hourayra « n’attendaient » plus que ça pour se regonfler sans retenue et avec un maximum d’approximations et de mensonges !

(A suivre …)

Notes :

1- Après l’assassinat du troisième calife Ottmane Ibn Affane, Mouawiyah cria vengeance et conduit la guerre de Siffin contre le quatrième calife Ali Ibn Abi Taleb en l’an 657. En 660, il se fait proclamer calife à Jérusalem. En 661, Ali est assassiné par un Kharijite. Mouawiyah devient dès lors le premier roi omeyyade prenant de Damas la capitale de sa dynastie. En 668, Mouawiyah reconnaît Yazid, son fils, comme son successeur. Il ordonne aux habitants de Damas de prêter serment de fidélité et d’allégeance à son fils. Le régime de gouvernance devient héréditaire et perd son caractère pseudo électif.

2- Dynastie de rois qui gouvernèrent le monde musulman conquis de 662 à 750. Les Omeyyades furent ensuite détrônés en 750 par les Abbassides, qui fondèrent une nouvelle dynastie à Bagdad en Irak.

3- Mahmoud Abou Rayyah, Abou Hourayra cheikh Al Madirah, p.62-63

4- Ibid., p.62

5- Ibid., p.80-81

6- Ibid., p.80-81

7- Né au Koweït en 641. Inspiré, il a servit poétiquement les omeyyades jusqu’à sa mort en 732. Connu par sa poésie satirique.    

8- Né à Riyad en Arabie Saoudite pendant le califat de Ottmane Ibn Affane. L’un des poètes omeyyades les plus influents. Connu lui aussi par sa poésie satirique surtout dans les échanges avec Al Farazdaq. Décédé quelques mois après la mort de celui-ci

9- Poète chrétien, il avait mis sa poésie au service de la dynastie omeyyade jusqu’à sa mort survenu en 708.

10- Souléïmène Harytani, Al Khamrah, Dâr Al Hassad, Damas, 1996, p.77

11- Mahmoud Abou Rayyah, op.cit., p.153

12- « Servitude volontaire » est un néologisme utilisé en 1549 par Étienne de la Boétie –  à l’âge de 18 ans –  dans son réquisitoire contre l’absolutisme et les régimes tyranniques «Discours de la servitude volontaire ou le Contr’un ». Pour l’auteur, le secret de toute domination ce n’est pas la violence du pouvoir mais la servitude volontaire du peuple «Un homme ne peut asservir un peuple si ce peuple ne s’asservit pas d’abord lui-même » ; « Il suffirait à l’homme de ne plus vouloir servir pour devenir libre » ;… Il y explique comment « faire participer les dominés à leur domination » ? Comment fait-on pour instaurer, et aussi pour détruire, une pyramide du pouvoir ? Comment les courtisans choisissent volontairement la servitude ?…

Pour lire la totalité de ce discours, consulter :

http://fr.wikisource.org/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire


Actions

Informations



10 réponses à “Il était une fois … un inféodé sur le chemin de Damas : histoire de Abou Hourayra (9)”

  1. 31 10 2008
    habib (16:04:44) :

    Salam M.Louizi si j’ai bien compris Abou Houraira n’avait aucune utilité pour les omeyyades, il n’était alors qu’un outils de Kaab pour manipuler le calife et assoir sa notoriété? Mais pourquoi de nos jours les gens sont si attachés à ce personnage, surtout les savants qui connaissent la vérité sur lui? Quels avantages y a t-il à garder et à étudier les « mensonges » de ce personnage et surtout de les faire croire au gens?

    Cordialement Habib

  2. 1 11 2008
    Joël MOUYSSET (10:00:18) :

    Cher Habib,

    Je ne suis pas Mohamed LOUIZI mais j’ai participé moi aussi, au printemps dernier, à la relecture et à la co-rédaction de cette série de 12 articles sur l’ineffable Abou Hourayra, comme cela a été précisé dès le vendredi 5 septembre 2008, dans l’introduction et le volet « (1) » de cette étude (avec Abdelaziz LAHOUAICHRI, Benjamin Yamine WEIL, Frank PETER, Marie-Paule HÉBLÉ, Mohamed Raouf RAHMANIA, Sami Awad ALDEEB ABU-SAHLIEH, Youssef BELGHEYATIYAH et sans doute encore beaucoup d’autres personnes). Il est précisé très clairement, toujours dans cette même « Introduction », que nous nous sommes donnés pour but – et je nous cite – d’inviter tout lecteur « à se livrer par lui-même à la découverte d’un « continent » religieux ancestral et méconnu, face auquel l’intelligence collective semble être entrée – par la violence de l’histoire et du monde des hommes et par la volonté acharnée d’une caste de bien-pensants – en hibernation profonde et inquiétante pour notre futur immédiat ». Au plus tard aujourd’hui, en cette journée festive de la Toussaint, beaucoup comprendront pourquoi ce sens très précis a été donné à cette formulation, particulièrement explicite, assumée par ses auteurs, et tout sauf banale…

    C’est donc, dans un premier temps et à ce titre, comme simple relecteur et comme modeste co-rédacteur de ce gigantesque travail de recherche, de réflexion et de rédaction, fourni et publié gratuitement ici par Mohamed LOUIZI, que je souhaite réagir à votre commentaire ci-dessus, cher Habib :

    Je trouve tout d’abord – et je tiens à le souligner parce que ceci reste encore incroyablement trop rare – que, vous au moins, vous osez poser de bonnes questions ici sur l’internet, par contraste avec la télévision par exemple, à laquelle des milliards de crédules continuent de « croire » mais où se reposent toujours les mêmes questions « bateau », auxquelles personne ne sait d’ailleurs répondre correctement, jusqu’à ce que l’on finisse un jour, dans le fourre-tout médiatique habituel, par les classer « sans objet »… avant d’y avoir apporté la moindre réponse fiable et donc, a fortiori, crédible…

    Et puisque nous vivons donc, en effet, dans ce monde « incroyable » dans le sens premier de ce terme, où les bonnes questions, les vraies questions vitales et brûlantes pour nous toutes et tous, ne peuvent pratiquement plus être posées à cœur ouvert dans nos grands médias (télévisions, radios, journaux et hebdomadaires à grands tirages) lesquels (on comprend très bien pourquoi) s’autoproclament néanmoins et tout naturellement
    « démocratiques » à qui mieux mieux, je vais moi aussi, comme vous cher Habib, poser cette triple question lancinante que plus personne ne pose :

    a) En quel Dieu croyons-nous authentiquement ?

    b) En quel(s) faux dieu(x) nous fait-on encore mine de croire, sans jamais reconnaître authentiquement notre seul et unique Dieu commun à tous les vrais croyants juifs, chrétiens et musulmans ?

    c) En quel Dieu pouvons-nous continuer à placer inconditionnellement et authentiquement toute notre Confiance laïque, c’est-à-dire en nous affranchissant enfin de tous risques « religieux » d’une trahison de plus par Dieu sait quel nouvel Abou Hourayra, Kaâb al-Ahbar, prêtre, mollah, rabbin, ou menteur professionnel de service toujours plus éhonté à la télévision ?

    Quant à vous, cher Habib, je vous souhaite tout d’abord que Mohamed LOUIZI vous réponde aux 3 questions « authentiques » que vous lui avez posées… Mais je vous pose à mon tour cette question nouvelle : N’ai-je pas déjà en partie répondu à ces 3 questions que vous ne m’avez pas posées à moi ou bien vous aurais-je mal compris voire mal interprété sur le fond même de ce que vous avez voulu fustiger ici, sans aucune hypocrisie ?

    Je serais très heureux si vous pouviez nous confier, sans autocensures, dans cette clandestinité ignorée du peuple, et dans laquelle nous tuent tous nos « grands » médias tout aussi mythomanes et « démocratiques » qu’Abou Hourayra et toutes ses fables, ce que vous pensez de tout ceci…

    En Confiance, Joël MOUYSSET.

  3. 1 11 2008
    mlouizi (17:39:48) :

    Habib et Joël, mes chers amis,

    Je partage à hauteur de 99 % vos analyses convergentes. Vos questionnements sont aussi les miens et à vous lire je me demande si des éléments de réponse à ces questionnements respectifs n’y sont pas déjà exprimés ?

    Tu as raison Joël de rappeler cet élément central cité en conclusion de l’introduction de cette modeste étude. Oui, il s’agit effectivement d’inviter tous mes chers lectrices et lecteurs « à se livrer par eux-mêmes à la découverte d’un « continent » religieux ancestral et méconnu, face auquel l’intelligence collective semble être entrée – par la violence de l’histoire et du monde des hommes et par la volonté acharnée d’une caste de bien-pensants – en hibernation profonde et inquiétante pour notre futur immédiat ».

    Et justement, cher Habib, cette caste de bien-pensants – de « savants » de je ne sais quel « savoir » comme tu les a désigné – semble décidée, plus que jamais, à maintenir celles et ceux qui ne veulent (ou qui ne souhaitent) pas ouvrir leurs yeux pour relire l’histoire avec un esprit critique et dynamique, éclairé par une authentique foi en l’Unique. Ladite caste continue de produire sans cesse l’abrutissement et en profite à sa guise !

    Celle-ci, du moins pour les notre « musulmans », est née – ou plus exactement ces « musulmans » l’on fait naître, nourrir et servir – lorsque l’on a perdu de vue la juste signification d’une expression affirmative que nous avons appris et que l’on a pris l’habitude de répéter sans la moindre compréhension du sens et de la dimension, je cite : « Mohammad est le sceau des Prophètes et des Messagers »

    Et bien, je dis que c’est là où réside la réponse principale à toutes nos questions. En effet, il est dit dans le Coran que Mohammad n’était qu’un Messager précédé par d’autres … Qu’il n’avait aucune autorité sur les gens … Que sa mission se résumait au « Rappel » de ce que ces gens savaient déjà et à l’ « Appel », humain, pacifique et non-violent, à ce que ces gens ne savaient pas jusqu’à lors.

    Sa vie de « missionnaire », dans le bon sens du terme, alternait « Rappel » et « Appel » sans contrainte aucune et sans prétention d’un quelconque mérite ou d’une quelconque « surnaturalité » ou exaltation qui va au-delà de sa nature humaine égale à celle de tous ses semblables : simple et humble humain entre les humains ! Il passa ainsi 23 années d’action et surtout d’espérance d’un monde meilleur.

    Il savait qu’il était le dernier de son genre – le sceau – qui est chargé directement par le Seigneur des Cieux d’une mission de réforme structurelle de la Terre.

    Il savait qu’après lui, l’Humanité, toute l’Humanité, sera livrée à elle même – car le temps des prophéties sera révolu – et à sa seule capacité de lire, d’observer, d’apprendre du passé et des erreurs que l’on a commises pour mieux vivre son présent et aussi pour mieux préparer son avenir …

    Il savait que l’essentiel pour bâtir un monde meilleur a été dit, dévoilé et professé bien avant lui mais aussi à travers le « Rappel » dont il était le mandataire … pas besoin donc d’en rajouter !

    Raison pour laquelle je crois, il n’aurait pas jugé nécessaire de désigner un quelconque « calife » assurant sa succession, puisqu’il est considéré dans le Coran même que l’humain, tout humain, est « calife », dans le sens de mandataire depuis toujours d’une mission noble – sans laquelle l’existence même n’aura aucun sens si ce n’est le non-sens. Une mission identique à celle qu’accomplissaient tous les Prophètes et Messagers des temps passés.

    La mort du prophète devrait signifier de manière révolutionnaire la naissance de la responsabilité collective des individus – des différents califes – formant la communauté, de l’affranchissement de tout joug, de la disparition pure et simple de tout intermédiaire et aussi de toute « caste de bien-pensant » qui se dresse entre Dieu et l’humain …

    Cependant – et c’est tout à fait compréhensible à cette époque de l’histoire – la communauté du prophète n’a peut-être pas compris et retenu la leçon. Et très vite, elle s’est retrouvée entrain de reproduire à l’identique ce que le prophète avait combattu de son vivant. L’espérance prophétique ne s’est pas traduite, hélas et jusqu’au jour d’aujourd’hui, sous forme de réalité réelle et perceptible.

    Ainsi, quelques heures avant l’enterrement du prophète, on a assisté au premier conflit – au sens propre du terme – entre les différents prétendants à la succession de Mohammad. Un conflit de pouvoir, de gouvernance,… sur qui va succéder au prophète qui lui, d’ailleurs, n’avait rien demandé !

    Ce conflit a divisé, tout naturellement et de manière quasi automatique la communauté orpheline de son prophète, entre des alliés du pouvoir d’un côté, et de ses adversaires de l’autre ! Un conflit entre ceux qui détiennent l’autorité qui se voulait « islamiquement » légitime et ceux qui la désirent tout en essayant de chercher une autre légitimité religieuse concurrente … L’histoire nous apprends aujourd’hui les violences qui ont accompagnées cette quête – pieuse parait-il – d’autorité de part et d’autres.

    Le pire s’est produit au courant des 40 années qui ont suivi la mort de Mohammad. A qui faut-il encore rappeler que trois des quatre califes, considérés légitimes ou orthodoxe, ont été assassinés, à la marge de ces conflits de pouvoir ? Sans parler, bien sur, des autres guerres sanglantes qui avaient divisé les compagnons du prophète et qui continuent de diviser la supposée « communauté musulmane » aujourd’hui même !

    Tout ceci laisse à penser que le Prophète Mohammad a bien échoué dans sa mission, comme tous les autres prophètes d’ailleurs. Car le sens profond de son message – « chaque humain est un calife affranchi » – n’a pas été compris à sa juste valeur par ses propres compagnons. Qui, rappelons-le, se sont divisés, se sont entretués à mainte reprises et qui par dessus tout, ont enterré le « projet prophétique » avant même d’enterrer le corps du Prophète !

    Comprendre ce qui s’est passé à cet instant précis de l’histoire des « musulmans » c’est aussi pouvoir comprendre la naissance du mariage arrangé entre la politique et la religion, ou plus exactement, entre les politiques d’un côté et les religieux de l’autre. Abou Hourayra, en tant que symbole, s’est illustré justement dans ce contexte de quête du pouvoir politique convoité et surtout motivé par des considérations essentiellement religieuses.

    Nous allons le voir dans les prochains chapitre, ce personnage clé n’était pas sans utilité majeur pour les omeyyades. Au contraire, il était et il est toujours d’une utilité politico-religieuse relativement impérissable. Pour comprendre son rôle il suffit peut-être de connaître et de comprendre la nature des rapports établis entre la majorité des régimes arabes et ceux que tu as désigné par le terme « savants », surtout les « officiels » parmi eux.

    Toutes les monarchies arabes (déclarées ou non déclarées) établissent des liens très intimes avec ces fameux « savants et religieux » de service.

    Et sans aller chercher plus loin, notre chère République, n’a pas résisté elle aussi à la tentation de joindre certains religieux bien choisis au concert républicain – le cas du CFCM et des CRCM – pour mieux maîtriser l’objet islam entre autres et pour vendre, de temps en temps, l’espérance religieuse – bien qu’elle soit nécessaire – à une population avide de solution économique ou alors répondre par des « fatwas » à des révoltes populaires animées par des revendications sociales.

    Le phénomène, je le reconnais, est très complexe. Seule une « archéologie » appliquée aux textes et à l’histoire, notre histoire, pourra nous éclairer davantage sur la nature du rapport politique/religion en général et politique/islam en particulier.

    Enfin, cher Joël, je crois qu’une foi authentique en l’Unique passe principalement, primo par croire en nos capacités respectives à être ce « calife affranchi », cet « humain prophétique » qui n’a besoin ni de rabbin, ni de prêtre, ni d’imam pour s’accomplir. Et secundo, à lutter justement pour libérer, par la voix de la raison et du bon sens, les autres qui restent emprisonné de l’illusion d’une religion qui a perdu son sens premier à l’instant même où le sceau des prophètes a rendu l’âme à son Seigneur.

    Fraternellement, Mohamed.

  4. 5 11 2008
    Joël MOUYSSET (22:15:03) :

    Cher Mohamed, mon ami et mon frère,

    Moi je suis d’accord non seulement à 99 mais à 100 %…

    Mais qu’en pense Habib ?

    Habib qui, dans son commentaire du 12 octobre 2008 à la suite de l’épisode (6) de cette présente série sur Abou Hourayra, nous a écrit ceci (à toi mais aussi à nous et aux centaines d’internautes qui consultent presque quotidiennement ton blog) :

    « Salam.

    Enfin un blog intéressant… parlant de la religion avec une vision un peu plus objective.

    J’espère que cela influencera les musulmans de France, car il me semble qu’ils sont trop influencés par leurs pays d’origines.

    Ici, nous avons l’opportunité de parler librement, sans crainte.

    Puisse Allah t’aider dans cette tâche ! »

    Un nouveau point de vue exprimé « sans crainte » par Habib pourrait donc être un exemple profitable à toutes celles et à tous ceux qui l’attendent ici.

    Fraternellement, Joël MOUYSSET.

  5. 6 11 2008
    habib (13:27:54) :

    Salam à vous deux,
    Mohamed quand tu dis: »Tout ceci laisse à penser que le Prophète Mohammad a bien échoué dans sa mission, comme tous les autres prophètes d’ailleurs. » je pense qu’il le savait d’avance car n’a t-il pas dit que les musulmans suivront les chrétiens et les juifs même s’ils rentraient dans un trou de souris. Nous avons inventé des lois comme les juifs l’ont fait et certains ont pratiqué l’anthropomorphisme au sujet de Dieu comme les chrétiens. Si je me trompe faites moi le savoir.

    Le problème de nos coreligionnaires et qui donnent foi à tous ceux qui « semble » être des officiels (barbe,robe etc…). Dans les mosquées dès que l’imam parle il l’écoute comme s’il était le prophète lui même, certains hadiths y sont pour quelques choses. Quand celui-ci dit une chose qui bouscule leur raison, il préfère la mettre de côté et suivre le « guide ». En fait ce que j’ai remarqué, surtout en ce qui concerne les jeunes dans les banlieues, qui retiennent la première chose qu’ils apprennent et tout ce qui est « neuf » ils le considèrent comme bid’a alors que raisonner par soi même n’est pas du tout une bid’a c’est plutôt le faire de ne pas le faire qui en ai une je pense.

    En ce qui concerne le lien entre religion et politique je ne m’y connais pas suffisamment pour affirmer. Il y a aussi le principe des fatwas auquel je ne comprends rien.

    fraternellement

    habib

  6. 7 11 2008
    La Reine du Funk (06:15:06) :

    Salam à tous,
    merci pour ce blog très instructif et bravo à tous pour cet énorme travail de recherches et de découvertes.

    Je me présente brièvement :
    En demandant à Dieu de me guider vers Le Vrai Chemin, je suis passée du Salafisme au « Coranisme » pratiquement du jour au lendemain.

    Je suis vraiment plus heureuse dans mon quotidien, et je loue le Seigneur des mondes de m’avoir guidée vers Son Amour.

    Avec du recul, j’ai l’impression que je louais de force un dieu rancunier duquel j’avais énormément peur, tout devait être un acquis pour entrer au Paradis (position de prière parfaite, sons des sourates parfaites, ablutions prophétiques parfaites positions des pieds lors du tachahoud parfaites etc..)
    J’ai même porté le jilbeb pour que tout soit parfait extérieurement.
    Jusqu’au jour où je suis tombée sur un hadith attribué au prophète dans lequel on pouvait lire que le prophète avait dit que son successeur était Ali.
    Je me suis mise à pleurer, je ne voulais pas entrer dans le chiisme, ce jour là, j’ai même douté de l’existence de Dieu.
    Puis tout naturellement, j’ai demandé à Dieu de me prendre en pitié et de me guider, et voilà comment je suis devenue Soumise au Dieu Seul.

    Alors imaginez ma joie quand je lis votre blog, sur lequel je passe de temps en temps pour lire les nouveautés.

    D’ailleurs, j’ai connu votre blog en tapant « Mohamed Shahrour » sur google, et dès les premières phrases que j’ai pu lire sur les libres penseurs et la liberté d’expression, j’ai su tout de suite que j’allais entretenir une grande histoire d’amour avec votre blog.

    Gloire et Pureté à Dieu!

    Merci encore Fraternellement.

    La Reine du Funk.

  7. 7 11 2008
    mlouizi (11:47:53) :

    Salam « La Reine du Funk »,

    Merci pour ce message d’encouragement et de soutien …

    Je me permets, à mon tour, de saluer votre parcours si riche et si dynamique…

    En vous lisant, je me suis vu à travers votre expérience lorsque moi-même j’étais l’un des nombreux « prisonniers » actifs de la doctrine sunnite, et surtout de sa branche associative et politique.

    Je me suis rappelé des temps passés … comment j’étais moi aussi l’un des défenseurs zélés d’une certaine religiosité juridiste très ancrée dans les apparences trompeuses tout en étant à la fois vide de tout sens spirituel humanisant et sombré dans la superstition la plus grotesque.

    Néanmoins, lorsque l’on garde une certaine ouverture d’esprit et lorsque l’on est dans l’introspection continue – à l’image de ce que vous avez opéré et enduré – on finit toujours par rectifier le tir au prix, assez souvent, de « décevoir » certaines personnes et, pire encore, au prix de se voir désigné par nos anciennes connaissances comme des ennemis à abattre au moins socialement …

    Je vous dis bien venu au club … le chemin est encore long et nous nous sommes qu’au début d’une aventure : « humaine » dans sa nature … « humaine » dans sa finalité … « humaine » dans ses moyens mais qui, par dessus tout, affirme sans gêne sa loyauté inconditionnelle à Dieu et à tout ce qui est authentique en nous … authentique dans le sens humanisant.

    Bienvenue au club de ces femmes et de ces hommes qui refusent toutes ces étiquettes et toutes ces désignations … Qui se mettent au dessus de toute considération si ce n’est la seule considération valable à mes yeux et qui compte vraiment : Être et rester humain, authentique, humble, affranchi, prophétique et pacifique.

    Je vous encourage à mon tour de partager avec nous votre expérience par écrit … votre expression libre et constructive … vos témoignages qui auront sans doute un retentissement très positif sur les autres, femmes et hommes, qui se cherchent encore et toujours et sont, comme nous étions peut-être, « prisonniers » silencieux de l’endoctrinement de tout genre.

    Merci encore une fois et bon courage pour la suite de votre chemin.

    Fraternellement, Mohamed

  8. 19 11 2008
    Jihane (06:00:09) :

    Les joues perlées de larmes, je vous écris.

    Voilà quelques heures que je lis avec un intérêt particulier vos articles sur Abou Hourayra… Et voilà que je suis émue !

    Non seulement j’y trouve consolation et savoir (puisque cela ne fait qu’appuyer et étayer ma pensée personnelle sur les hadiths), mais aussi soulagement à ne plus être de ces rares, de ces « trop isolés » qui pensent ainsi…

    Je suis en quelque sorte une « convertie » puisque de mère chrétienne et de père musulman non pratiquant « érudit » pourtant dans le verbe et les obligations « haditiques ». A l’âge d’être une jeune adulte, je me suis « séparée » de la religion. Refusant toutes ces contraintes que mon père diffusait et qui allaient à l’encontre même de ma foi en Dieu, déjà. Se soumettre à Dieu ne pouvait être pour moi se soumettre aux hommes , au pouvoir et « savoir » de théologiens ou à mon père qui ne consentait lui-même pas à appliquer ces dites obligations religieuses. L’islam m’apparaissait liberté, et voilà que l’on me privait de celle-ci !

    Puis la religion me rattrapa. De façon très intime. J’ai commencé à lire sur le « sujet ». Beaucoup… Mais malheureusement je ne voyais dans ces ouvrages que de vagues liens avec le texte coranique. Et beaucoup de contraintes. J’avais à peine plus de vingt ans. J’étais en quête de bonheur, d’Amour, de foi et peut-être de communautaire à bien y penser, la vie m’éprouvant intensément via solitude et misère. Je rencontrais alors quelques croyants. Quelque imam. Leurs discours me semblaient restreints… « Mais qui es-tu, me disais-je, pour mettre en doute la parole de ces hommes de foi sinon de science ? » J’obéis quelques temps à leurs discours. Mais n’était point heureuse dans ma soumission à Dieu…

    Le temps passa. Des évènements traversèrent mes maigres jours et me firent grandir plus encore… Depuis quelques temps et après de nombreuses réflexions et remises en question, je me libère enfin de ces emprises religieuses. De la critique des hommes. De ces empreintes traditionnelles et bancales que l’on attribue au prophète Mohamed et que des hommes érigent en lois incontournables…

    Certes cela n’est pas facile tous les jours : non pas que je ne sois pas enfin épanouie dans ma soumission à Dieu seul, mais parce que l’on me dénigre : je serais apparemment blasphématrice, je mériterais l’enfer, je n’aurais aucune humilité à oser faire affront à des « vérités prophétiques »,… Je m’éloigne de mes amis quand ils ne s’éloignent pas de moi. Et je tais en partie (pour ce qui n’est pas du domaine visible notamment) « ma » pratique religieuse à ma famille paternelle sunnite sous peine de jugements lourds… de peine et de rejet. C’est vrai, ce n’est pas facile tous les jours à assumer ! Et pourtant ma foi en Dieu n’a jamais été plus vivace, plus ardente, plus « concrète », plus libre, plus tolérante, plus heureuse…

    Merci d’écrire aussi librement. Cela est richesse, ouverture et puits de culture… Cela manque terriblement en islam aujourd’hui ! Le fait est qu’aujourd’hui nous ne puissions pas faire preuve d’esprit critique à moins d’être classé dans la catégorie « mécréants », que nous ne puissions pas nous questionner librement (aux yeux de tous) et moins encore réfléchir nos croyances alors que tant d’outils médiatiques sont à notre disposition ! La langue de bois n’est certainement pas un mythe… La dictature des médias tout comme des « théologiens » bien calés dans leur chair de pouvoir et d’influence est bien réelle. Les « nouveaux penseurs » de l’islam ne sont-ils pas décriés sinon grandement menacés ? La liberté dite d’expression et tant d’autres libertés (de réflexions notamment !) ne sont pas… Malheureusement. Ou si peu. Nous avons ici la chance d’avoir cet espace de liberté et de questionnements… Merci encore.

    On me tient régulièrement le discours selon lequel je ne peux rien comprendre au Coran puisque que je ne sais ni le lire, ni le comprendre en arabe (et que je n’ai pas consacré ma vie à cela comme tant de savants sunnites)… Mais si toute traduction comporte du subjectif (et donc de l’interprétation), je pense que l’essentiel, le fondamental, l’essence de la Révélation divine est « lisible » dans le texte, quelque soit sa langue de traduction. Les théologiens et croyants souvent débattent sur des détails (port du voile par exemple !) sans même rappeler ce que le Coran « rappelle » : la soumission à Dieu l’Unique, la tolérance, le respect, la générosité, l’humilité… Autant de valeurs fondamentales portées par tous les croyants quelque soit leur confession. Puisque tous « soumis » à Dieu…

    Ceux qui disent que le Coran ne se lit qu’en arabe et démentent ainsi son universalisme, ne l’ont-ils jamais vraiment lu…

    Que Dieu nous guide.

    Je vous salue bien gracieusement, Ms Louizi et Mouysset. Habib et la reine du funk aussi !

    Salam Alaykoum.

  9. 19 11 2008
    Joël MOUYSSET (09:00:05) :

    Jihane,

    Je vous salue et vous remercie cordialement.

    Comme la vôtre, ma foi est elle aussi « d’origine » chrétienne. Mais je ne suis plus ni un juif, ni un chrétien, ni un musulman… fût-il même « converti ». Parce que je ne serai jamais plus rien de plus qu’un simple croyant laïque. Jamais plus et plus rien de plus, le plus longtemps possible, plaise à notre Seigneur Dieu qui Est Amour.

    Vos larmes versées sont aussi les nôtres.

    Vos souffrances passées furent aussi les nôtres.

    Nous vous aimons et grâce, en effet, à tous ces « outils médiatiques » sans précédent, que vous avez eu bien raison de nous rappeler, parce qu’ils sont à l’entière disposition de tou(te)s les citoyen(ne)s, ici et sans aucune exclusive, nous ne sommes plus seul(e)s…

    Encore merci pour votre merveilleux témoignage. Merveilleux, parce qu’il nous appelle à aller encore plus loin aujourd’hui.

    En tout cas, vous pourrez compter sur moi…

    En Confiance, Joël MOUYSSET.

  10. 19 11 2008
    mlouizi (12:45:17) :

    Salam Jihane,

    A mon tour : je vous salue et je vous remercie chaleureusement de votre témoignage sincère et Ô combien profond.

    « Les humains pensent-ils qu’on les laissera dire : « Nous avons cru ! » sans qu’ils soient éprouvés ? Nous avons éprouvé ceux d’avant eux. Dieu sait qui sont les véridiques et sait qui sont les menteurs » ainsi parla Dieu dans le 29ème chapitre révélé (Sourate L’ARAIGNÉE).

    Votre épreuve, qui est aussi celle de toute personne choisissant de vivre pleinement son humanité en se remettant librement à Dieu … et à Dieu seul, libérant son chemin spirituel de toute emprise, et considérant, par dessus tout, le champ de la spiritualité et du rapport avec Dieu, non pas comme un domaine réservé à une minorité de « religieux spécialistes » – nous dit-on – mais au contraire, comme un champ non balisé, non réservé, et ouvert à toutes et à tous … sans exclusive.

    Cette épreuve, éprouvante soit-elle, me semble indispensable justement pour nous permettre de nous remettre en question de manière quasi permanente, d’épurer nos cheminements, divers et variés, de toute sorte de soumission à toute sorte d’autorité qui se réclame de Dieu … Et de donner un sens renouvelé et assumé au rapport intime que l’on tisse avec le Seigneur dans le silence de nos cœurs et dans la joie de nos âmes.

    Vous l’avez bien dit et vous avez raison de le dire et de le rappeler : rien ni personne n’a le droit de nous empêcher l’accès directe au Coran, à toutes les autres Écritures et aussi à toutes les autres Sagesses qui traversent encore et toujours, sans prendre aucune ride, le temps et l’espace.

    Dieu n’est ni arabophone, ni hébreu, ni francophone, ni anglo-saxon, …

    Son langage est universel dépassant même, et de très très loin, l’aspect matériel de n’importe quelle langue, aussi riche soit-elle !

    Pour Le lire, même si on est analphabète, il suffit d’écouter le langage du cœur et assez souvent de méditer et lire son Livre « Visible » – la Nature, l’Univers, la Communauté des humains, l’Histoire,… – sans pour autant être obligé de lire Ses « Livres » lisibles traduites en toutes les langues.

    Détrompons-nous alors, lorsque certains veulent s’approprier le domaine de la spiritualité et de la religion et en faire un domaine, réservé à une infime caste … détrompons-nous puisque c’est de nous faire soumettre à leurs ordres qu’il s’agit … à dire vrai.

    La barrière de la langue peut s’avérer un sérieux handicap quant à la recherche d’un emploi ou pour poursuivre des études dans un domaine de connaissances humaines bien précis.

    Mais elle n’en est pas une lorsqu’il s’agit de nouer ou de renouer des liens brisés avec Dieu. Le silence suffit parfois.

    Plusieurs juifs pieux priaient dans une synagogue quand ils entendirent une voix d’enfant qui disait « A, B, C, D ». Ils tentèrent de se concentrer sur les versets sacrés, mais la voix répétait: « A, B, C, D ».

    Peu à peu, ils cessèrent de prier. Quand ils se retournèrent, ils virent un jeune garçon qui répétait encore: « A, B, C, D ».

    Le rabbin s’approcha du gamin.

    - « Pourquoi fais-tu cela? » lui demanda-t-il.

    - Parce que je ne connais pas les versets sacrés, répondit l’enfant. Alors, j’espère que si je récite l’alphabet, Dieu prendra les lettres pour former les mots qui conviennent.

    - « Merci de cette leçon, dit le rabbin. Puissè-je confier à Dieu mes jours sur cette terre de la même manière que tu lui confies tes lettres »
    (Source « Maktub » – PAULO COELHO)

    A méditer sans aucun autre commentaire de ma part.

    Merci à vous encore une fois.

    Fraternellement, Mohamed.

Laisser un commentaire




rednoize propaganda |
La vie d'une copropriété |
DES BOUTS DE NOUS... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | humanisons la terre
| boit du rouge, broie du noir
| A la Recherche de Soi