Si tu portes la main sur moi pour me tuer, je n’en ferai pas de même !
7012009Par Mohamed LOUIZI
« … Si tu portes la main sur moi pour me tuer, je n’en ferai pas de même … » telle était la réponse, selon le Coran, d’Abel à Caïn après que ce dernier ait menacé de tuer son frère : à méditer !
En effet, la violence n’est jamais une bonne réaction face à la violence, bien au contraire. Une réponse violente, à une violence subite, ouvre le chemin, immédiatement ou après un court délai de préparation, à de nouvelles violences … et ainsi de suite.
Pour affirmer cela, il suffit simplement de relire l’histoire des conflits qui ont rythmé, hélas, la présence humaine sur Terre. Certains historiens nous disent aujourd’hui, que l’histoire de l’humanité n’est rien d’autres que l’histoire de ses guerres : treize ans de guerres pour seulement un an de trêve !
Ce qui veut dire exactement que depuis Abraham, qui prônait jadis la paix, il y a environ 4000 ans, l’humanité s’est entretuée dans des guerres sanglantes pendant 3718 années et elle s’est occupée, pendant les 282 années qui restaient, à soigner ses blessures, à compter et enterrer ses morts et bien sûr, à se préparer pour baigner à nouveau … dans les larmes et dans le sang : attention, une guerre peut en cacher une autre … un constat amer sans doute !
L’amertume se rajoute à l’amertume lorsque l’on constate que les artisans de bon nombre de ces guerres étaient, et sont, les héritiers présumés d’Abraham ; fils et petits-fils de Isaac et de Ismaël … quel gâchis !
Abraham serait-il fier de sa descendance 4000 ans après ? Je ne le pense pas. Son message a été vidé de tout sens humain. Sa leçon de paix n’est pas encore retenue, tout comme celle d’Abel. Ses enfants préfèrent jouer encore à la mort, et refusent toujours de célébrer la vie !
Gaza n’est donc qu’un épisode dans ce jeu abominable, qui a commencé un jour, et qui semble s’installer pour toujours : Je te tue, tu me tues en nous déclarant la guerre … le premier qui périra, sera le martyr … mais quelle horrible chanson !
Hélas, le bout du tunnel n’est pas encore visible. A son obscurité consistante se rajoute de nombreux rideaux de fumées, rendant la visibilité presque impossible, que dégagent la diplomatie mensongère, la désinformation assurée par certains médias aliénés – auxquels nous payons toujours une redevance comme de bons citoyens, les discours de propagande politico-religieuse et les cris de colère, et parfois de haine, qui retentissent de part et d’autres, et qui masquent les vrais cris … les cris innocents … les cris sincères de tous ses enfants en bas âge, qui n’ont pas choisi de naître là-bas, il y a quelques jours, et qui n’ont pas choisi non plus de mourir là-bas … aujourd’hui !
Sortir de ce jeu infernal, en brisant d’abord la spirale de la violence dans les têtes, avant de le faire sur les terrains, de manière consciente, volontaire, unilatérale, désintéressé, et avec ou sans réciprocité, me semble une première condition pour espérer construire la paix. Un travail profond sur soi, concernant cette question, cela me paraît plus qu’indispensable.
Célébrer la sacralité de la vie – en dehors de toute considération religieuse ou ethnique – et redécouvrir la suprématie de celle-ci sur toute autre chose supposée sacrée, permettra à tous ces gens séduits par la monstruosité des conflits guerriers de comprendre que toute vie humaine, quelle qu’elle soit, mérite d’être et d’exister dignement. Et que ses droits doivent être protégés au nom de la vie et au nom de l’humanité qui nous habite.
S’engager socialement, pour promouvoir la paix entre humains par divers moyens et outils, constitue de ce point de vue, une priorité pour celles et ceux qui sont avides de voir renaître notre humanité authentique, après l’avoir fait débarrasser de tous ses penchants violents.
Utopie ? Certainement pas ! Il s’agit simplement des appels à la paix lancés autrefois par Abel, Abraham, Moïse, Jésus, Mohammad et par bien d’autres hommes et femmes de sagesse, de toutes les philosophies, de toutes les traditions et de toutes les cultures, dans lesquelles j’atteste une foi profonde. Des appels qui sont désormais inaudibles, à cause de tous ces bruits assourdissants, émis et amplifiés, entre autres, par certains médias tendancieux, par des religieux apocalyptiques et par des mercenaires de guerre, sans foi ni loi !
Croire en cela est certes nécessaire, mais pas suffisant. Le manque de moyens et d’alternatives non-violents reste le premier handicap de cette magnifique voie du salut. Cependant, l’addition de toutes les intelligences animées par cette espérance pacifique sera, sans doute, porteuse d’espoir, d’imagination et de solutions. Mais faut-il encore que toutes ces intelligences s’organisent davantage pour qu’elles soient à la fois audibles, lisibles et visibles ?
En attendant que la question de sauver l’humanité toute entière des guerres, soit enfin posée de manière correcte et sincère au sein des sphères politiques nationales et internationales, des écoles, des lieux de culte et des plateaux de télévision, il faudra continuer à penser l’avenir de notre condition humaine tout en multipliant, à présent, les initiatives qui donnent la vie et bannir, en même temps, toutes celles qui peuvent la détruire.
Une idée qui m’est venue à l’esprit en écrivant cet article me paraît plus que symbolique. Il s’agit de se rendre à l’établissement de don de sang le plus proche, pour donner son sang et donner ainsi la vie : Chaque jour, 8800 dons de sang sont nécessaires en France. Ainsi, la vie sera célébrée au moment même où les misérables petits-fils d’Abraham continuent à jouer à la mort, dans une guerre sauvage et injustifiable … car rien ne justifie l’acte de tuer !
Aussi, et au nom de notre engagement citoyen, il est temps d’interpeller nos élus politiques par tout moyen légal. Par exemple, des centaines de milliers de lettres d’appel à la responsabilité humaine et politique, adressées chaque jour, au président de la République, au premier ministre, aux membres du gouvernement, aux députés et sénateurs, aux élus locaux,… peuvent avoir un impact positif sur la mission diplomatique que la France doit accomplir de manière impartiale.
Sans oublier au passage, de contester par ce même biais, premièrement la guerre que mène la France en Afghanistan. Car toutes les victimes de guerres se valent. Et nous ne devons pas avoir une contestation à géométrie ou à géographie variable : nous ne pouvons pas être à la fois « contre » la guerre au Moyen-Orient et « pour » la guerre à l’Extrême-Orient !
Et deuxièmement, se désolidariser complètement de l’intention de l’Elysée de rejoindre le commandement militaire intégré de l’alliance atlantique (OTAN) durant l’année 2009. Nos élus doivent comprendre que l’engagement pour la paix signifie le refus catégorique de la guerre, et que le seul moyen pour avoir la paix en France, c’est de refuser de faire la guerre ailleurs. Et s’ils ne veulent pas comprendre désormais ces choses, pourtant simples, donnons-leurs rendez-vous aux prochaines élections !
Enfin, force est de constater que depuis des siècles, les civilisations étaient toutes construites autour de considérations ethniques, religieuses, historiques, linguistiques, économiques,… Et toutes ces constructions ont bel et bien montré leurs limites en conduisant, comme par fatalité, l’humanité à des cataclysmes horribles.
A chaque fois, l’humanité est sortie déchirée et affaiblie à cause de toutes ces considérations génératrices de querelles, que ce soit par la force des choses ou par la faiblesse des âmes. Et en aucun cas, l’humanité ne s’est intéressée sérieusement au nom « humanité » qu’elle porte depuis l’aube de son existence. Elle ne s’est jamais rendu compte qu’elle s’appelle curieusement « humanité » et qu’elle peut construire quelque chose autour de cette essence !
Par conséquent, Il est temps de faire naître, en nous d’abord et autour de nous ensuite, cette belle et nouvelle civilisation humaine qui doit être, comme le souhaitait Malek BENNABI, dans Les conditions de la renaissance : « … ni la civilisation d’un continent orgueilleux ni celle d’un peuple égoïste, mais d’une humanité mettant en commun toutes ses potentialités » … Yes, we can !
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