Pour le salut de « l’islam » de … France !
26 01 2015Ici, quelque part à Lille (au Nord de la France), j’ai vu, d’un côté, des restaurations de façades, des réhabilitations d’établissements vieillissants, et des rénovations de paysages urbains s’opéraient. Et de l’autre côté, je vois, tous les jours, la « dégradation » des conditions de vie de nombreuses personnes et de nombreuses familles. C’est à peu près, à l’image de ce qui se passe malheureusement, sous nos yeux, un peu partout en France, voire dans le reste du Monde.
La crise s’empare du milieu. La misère s’installe. La pauvreté déploie son QG permanent. Les guerres lointaines, de tous contre tous – dont la France est partie prenante – s’invitent, ici et maintenant, et produisent tous leurs effets néfastes et leurs conséquences négatives, et naturelles car prévisibles par ailleurs ! La question des réfugiés, par exemple, en est une parmi tant d’autres !
Les politiques urbaines, depuis les années 60 et 70 du siècle dernier, à en croire les résultats de nombreuses études sociologiques et rapports pluridisciplinaires gouvernementaux, continuent de produire, tout un ensemble de problèmes complexes, connus de tous mais non résolus par personne.
Ces politiques induisent de nouveaux effets et érigent de nouveaux défis. L’École a faillit. La République n’a pas tenu ses promesses de Justice, d’Égalité, de Fraternité et de Laïcité. La République en paye désormais, malheureusement, le prix le plus fort. Les renoncements d’hier « nous » rattrapent, et sont payés comptant aujourd’hui. Face à cette situation, un « combat » national, en bonne et due forme, doit s’engager, plus intensément qu’avant, contre l’oubli, contre l’individualisme et le chacun pour soi, contre les discriminations, contre la pauvreté, contre les violences de tout genre et contre toutes les défaillances individuelles et collectives. C’est le « combat » de tous. Mais c’est surtout la responsabilité de chaque citoyen, faut-il encore le rappeler !
Chacun est appelé à y participer, car chaque humain peut faire quelque chose. D’ailleurs, dans ma conception, l’humain – quel qu’il soit – cesse d’être « humain », digne de ce nom, du moment où il délaisse et délègue à d’autres – sans qu’il soit forcé de le faire en raison d’incapacités objectives ou de forces majeurs – sa responsabilité sur sa propre condition humaine. De ce point de vue, chaque citoyen(-en) est la République … Chaque citoyen(-ne) est la Justice … Chaque citoyen(-ne) est la Liberté … Chaque citoyen(-ne) est l’Egalité … Chaque citoyen(-ne) est la Fraternité … Chaque citoyen(-en) est la Laïcité … Chaque citoyen(-en) est l’Humanité !
Willy Brandt (1913 – 1992), cet ancien chancelier allemand (1969 – 1974) et prix Nobel de la Paix en 1971, ne disait-il pas : « Celui qui laisse commettre une injustice, ouvre la voie à la suivante ! » ? Une citation que la Ville de Lille a décidé, et elle avait raison de le faire, de graver sur un haut panneau et de l’afficher, pour toujours, à proximité immédiate de la Gare Lille Flandres. Le Coran disait exactement la même chose, il y a 1400 ans.
Dans cette même conception, lorsque l’on touche à cet « humain », par la dégradation volontaire, ou arbitraire, de sa condition de vie, par son exclusion, par sa maltraitance, par l’organisation de son déclassement délibéré, dans des zones dites sensibles, par son appauvrissement intellectuel, culturel et matériel, ou par d’autres procédés abjectes … on touche au cœur même de notre République ! La République finit par se faire rattraper par ses incohérences, par ses insolences insupportables, par ses « deux poids deux mesures » impardonnables, toujours privilégiés mais jamais reconnus ou assumés !
D’ailleurs, lorsque la République, cette entité « une » et indivisible, et surtout diverse et plurielle, se détourne de sa vocation et trahit ses propres principes, elle cesse, dès lors, d’être et d’exister, comme elle se doit d’être et d’exister. Lorsque l’on maltraite l’humain, c’est la République que l’on touche et s’est l’Humanité qui, par extrapolation, en paye le prix.
La spirale des violences s’enclenche alors, avec comme point de départ, cette violence quotidienne, insidieuse, silencieuse de ce « péché originel » qu’est l’incapacité de tous les responsables politiques, de tous bords, de nombreux agents, de nombreux fonctionnaires, de nombreux enseignants, … d’incarner la « lettre » et « l’esprit » de la République et d’être la République à tout moment de l’exercice leurs mandats ou de leurs fonctions respectives.
En ce qui me concerne, j’ai choisi mon principal « combat » personnel. Il est déjà engagé depuis plusieurs années. Il s’est intensifié depuis 2007. Ce « combat » est tout autre et vise un cap : Pour le salut de « l’islam » de France ! Il suit son chemin avec constance et détermination bien qu’il tienne compte de tout ce qui a été dit auparavant : les conséquences des guerres, l’installation de la misère, de la pauvreté, la faillite incontestable de l’École, la faillite plus inquiétante encore des institutions de la République, les politiques urbaines produisant l’Apartheid : Le mot est enfin lâché par le premier ministre pour décrire une réalité sociale et économique connue de tous, mais encore faut-il que le politique adopte un nouveau projet sociétal anti-apartheid … Ce n’est pas encore gagné ! Le sera-t-il un jour ?
C’est un « combat » qui se doit, de mon point de vue, de mettre l’accent aussi, et surtout avec beaucoup d’insistance et de façon permanente, sur une toute autre dimension : la dimension « religieuse », et en particulier « musulmane », de cette situation de crise sociétale française profonde. Car qu’on le veuille ou pas ; que ladite « communauté musulmane » veuille l’entendre ou pas ; que les récents attentats soient l’œuvre de conspirationnistes habitués ou de simples « fous d’Allah » regroupés ou solitaires … la « religion musulmane », la « communauté musulmane », dans son entièreté, en sortent désignées coupables, bon gré, mal gré !
Il est déplorable et insupportable de voir certains politiques, essayistes, écrivains et chroniqueurs tentent d’expliquer que si la France est en crise structurelle aujourd’hui, c’est à cause de « l’étranger », de « l’immigré » et du « musulman ». Les discours du front national, de la droite dite forte, et de l’extrême droite, ne peuvent apporter d’ailleurs ni salut ni solutions, car leurs diagnostics de départ sont à la base erronés et criminellement tendancieux.
Mais il est aussi déplorable de constater les efforts – louables pour certains, critiquables pour d’autres ! – que d’autres spécialistes, d’autres écrivains respectables et d’autres acteurs, fournissent, jour après jour, pour « dédouaner » – le mot est assez faible ! – de toute responsabilité les « musulmans », la « communauté musulmane », leurs écritures « sacrées », leurs textes et leurs interprétations religieuses de ce qu’est l’islam au quotidien.
Certaines figures de gauches, d’extrême gauche, d’altermondialistes, certains universitaires, certains humanistes respectables aussi, minimisent et veulent se montrer conciliants, et être plutôt dans la compassion, dans la solidarité avec une « communauté » qui serait LA « victime » – la principale voire la seule – de ces derniers événements tragiques !
Ceux-là excellent dans l’art de minimiser la responsabilité de ladite « communauté musulmane ». Certes, dit-on, la haine ne peut avoir l’excuse de l’humour. De même, au nom de la compassion, peut-on renoncer à son honnêteté intellectuelle ? à son devoir de dire vrai ?
En lui érigeant le statut de « victime » c’est comme si on lui bandait les yeux pour qu’elle ne voit plus son vrai visage, sur le miroir de la réalité de ses textes et de ses faits et gestes. Ces derniers font injonction à la Terre entière d’assumer sa responsabilité. Et en même temps, ils affranchissent les pauvres « musulmans » – qui ne seraient que de simples victimes – de toutes responsabilités et de tout devoir autocritique.
Comme il est aisé de culpabiliser totalement, et sans l’ombre d’une nuance, la Terre et la République et ses institutions ! Comme il est lâche aussi d’innocenter, sans avoir au préalable, procéder à aucun examen des textes sacrés de cet « islam », qui se déclare français, mais sans l’être réellement ni dans sa forme ni dans son fond, avec ses références historiques moyenâgeuses dépassées ; ses revendications et ses exigences communautaristes institutionnalisés ; ses discours théologico-politiques confiscatoires de l’expression plurielle, pour imposer une seule expression autorisée et condamner au silence les autres ; ses pratiques associatives cultuelles et culturelles quotidiennes sectaires ; ses guerres de chefs et de pouvoirs entre, d’un côté, différents inféodés aux pays du Moyen-Orient et, de l’autre, d’autres inféodés aux pays du Maghreb ; ses ramifications politiques étrangères à des mouvements islamistes transnationales ; ses sources de financements suspectes provenant de fonds du Qatar, du Koweït, des Émirats-Arabes-Unis … et j’en passe!
L’honnêteté intellectuelle veut que l’on désigne un chat par son nom. « L’islam » de France est malade. « L’islam » de France est gravement malade. La maladie grave de cet « islam » de France – tout comme celle de « l’islam » tout court – risque de se dégrader si « nous » continuons à ne pas vouloir regarder les réalités en face. Innocenté cet « islam » de France, et ses acteurs, comme le font de nombreuses voix bien-pensantes aujourd’hui, de toute responsabilité « textuelle » et morale, ne fera que rajouter de l’huile sur le feu. Cela est surtout interprété comme une sorte de carte blanche, donnée aux porteurs des tous ces discours religieux haineux, de continuer leur prolifération pathologique, dans de nombreuses mosquées, dans des cages d’escaliers, dans des cours de récréation, dans des cellules de prisons, … loin de toute lumière !
Ils continueront, dès lors, à communautariser davantage les esprits et dès le bas âge ; à neutraliser par la peur et l’intimidation les intelligences libres ; à légitimer l’auto-exclusion au nom du droit à la différence, au nom de la meilleure communauté quelle soit, et au nom du « peuple élu d’Allah » ; à limiter les libertés, toutes les libertés, au nom du « sacré » … et à produire toute une rhétorique idéologique théorisant et légitimant les violences, d’autres violences, ici comme ailleurs.
Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ! Il n’est pire muet que celui qui consent, par son silence complice ou par son bruit parasitaire insignifiant, et qui ne veut pas dénoncer l’ignoble !
Je sais que la prise en compte de la dimension « religieuse » de ce qui s’est passé, et de ce qui risque de se passer encore si rien est fait, d’abord par les « musulmans » eux mêmes, et aussi par toute autre personne – car « l’islam » de France est aussi un « objet/sujet » publique, cette prise en compte ne va pas tout résoudre, comme par magie. Tous les leviers précités (social, économique, éducatif, politique, …) doivent fonctionner simultanément, et en concert, pour faire sens, pour apporter les corrections vitales indispensables et faire cesser les renoncements de la République envers elle-même. Car lorsque « l’islam » de France va mal, c’est surtout la République qui va mal et qui risque de sombrer dans les abîmes des haines et des violences de tout genre !
Je sais que la prise en compte de cette dimension est bien qu’elle soit nécessaire, reste tout de même insuffisante au regard d’une situation complexe et pluridimensionnelle. Néanmoins, cette prise de conscience de cette dimension en particulier, permet d’identifier les incohérences dans les discours religieux et dans les pratiques qui s’en réclament ; de définir et de désigner clairement les responsabilités sans aucune considération ou connivence ; de formuler des orientations et des objectifs ; d’amorcer un travail autocritique indispensable de « l’islam » de France sur lui-même ; d’aider cet « islam » de France pour qu’il devienne totalement républicain, respectueux du cadre laïque, et pour qu’il existe et apporte, enfin, sa pierre – sa plus belle pierre dorée ! – à l’édifice de la construction d’une société française plurielle, unie et soudée, où chacun puisse, de là où il est, trouver toute sa place et puisse se réaliser avec les mêmes devoirs, les mêmes droits et les mêmes possibilités de réussites.
La France des « bâtiments » pourra toujours réhabiliter les façades des immeubles et des établissements publiques. Elle pourra toujours investir des millions d’euros dans la construction de nouveaux murs, de nouveaux quartiers. Mais la France des « humains » ne pourra exister encore, que lorsque les humains qui l’a compose, quelques soient leurs sensibilités religieuses, philosophiques, politiques ou autres, se mettent à porter soutien sincère et indéfectible, en ces temps durs, à sa composante « musulmane » tributaire d’un « islam » de France presque agonisant. « L’islam » de France n’est pas la propriété privé de la seule « communauté musulmane » de France. C’est un héritage national français datant de nombreux siècles. Et ce n’est que « justice » et « humanité » si toute la communauté nationale s’en occupe. Le salut de la France dépendra, aujourd’hui et demain, du salut de son « islam » et de sa grandeur, hélas inhibée depuis des siècles !
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