Hassan Al-Banna et la jeunesse (3/4)
27 05 2015
L’UOIF et l’héritage idéologique d’« al-Tanzim al-Khas » !
Le courant qotbiste, aux manettes de la confrérie, à l’internationale comme ici en France, et bien qu’il soit assurément fidèle à l’idéologie de Sayyid Qotb, n’a pas tout oublié de celle d’Hassan Al-Banna. Il en garde effectivement quelques souvenirs nécessaires pour sa « légitimité » et reprend quelques idées, en parfaite accord avec celles de Sayyid Qotb.
En effet, lors de la préparation de cet article, et après la lecture attentive de nombreux témoignages surprenants, voire choquants, formulés par des cadres « frères » et d’ « ex-frères », se trouvant au cœur égyptien de cette organisation internationale tentaculaire, j’ai découvert cette chose cruelle, effrayante et monstrueuse : mon ignorance et leur fausseté authentique. J’ai compris que ma connaissance de cette entité islamiste, malgré mes quinze années de loyaux services, reste très limitée et parcellaire, à cause de tous ces voiles opaques superposés, les uns entourant les autres, rendant, par absence de lumière, quasi impossible la lisibilité de l’identité réelle et des véritables projections d’un dessein ultra-secret.
Par conséquent, je me dis que tous ces alliés objectifs, tous ces autres compagnons de routes, tous ces idiots utiles de bonne foi, tous ces complices, inconscients ou intéressés, de l’islamisme, dénoncés dans le dernier numéro de « Marianne »[1], tous ceux qui déroulent le tapis rouge, sur le terrain de la République Française, à l’idéologie qotbiste sont, peut-être, de là où ils sont, dans la même ignorance que moi, voire pire.
Il est conseillé par des sages que dans le doute, la moindre des choses, serait de s’abstenir. Il est aussi conseillé par un prétendu « sage » islamiste, que dans le doute aussi, il faut décréter un … moratoire. D’ailleurs, il est urgent et vital, pour la survie de ce qui reste de la République, d’exiger un « moratoire républicain contre l’islamisme », de faire un état des lieux détaillé et exhaustif et d’allumer de puissants projecteurs pour éclairer, sur la base du peu que l’on sait, l’étendu des zones obscures que l’on ignore. Le salut de la France en dépend.
J’ai découvert, par exemple, que « l’épître des enseignements » (رسالة التعاليم) – se trouvant en seize pages en arabe – n’était autre que le programme spirituel spécifique qui, à l’époque d’Hassan Al-Banna,était exclusivement réservé à la préparation militaire des membres d’ « al-Tanzim al-Khas », pour les amener à rejoindre cette fraction violente. J’ai découvert que ce texte n’était pas destiné à tous les « Frères Musulmans » engagés au sein de la confrérie. Il n’était pas destiné non plus aux différentes catégories socioprofessionnelles qui se cherchaient un chemin et un cadre pour donner sens à leurs existences et leurs engagements associatifs respectifs.
Non, cette « épître » était destinée uniquement, aux membres de cette branche pour leur donner la matière adaptée au conditionnement militaire et à la préparation psychologique des jeunes candidats au Jihad armé. Dans l’esprit du fondateur, il y avait deux catégories de « frères » : les civiles et les militaires. Les civiles avaient un programme idéologique adapté. Les militaires avaient un autre programme idéologique, adapté aussi. Ces derniers devaient, en plus d’être « frères », être prédisposés, à l’issue d’un parcours initiatique très contraignant, à obéir aux ordres du commandement militaire et à y témoigner, sans hésitation, à tout moment, une totale confiance. Ils devaient être prêts à obéir, sans discuter les ordres, et à considérer les décisions des supérieurs comme étant indiscutables.
Le soldat, dans toutes les armées du monde, obéit aux ordres. Le soldat « frère », ce « frère » militarisé, membre de cette branche armée devait obéir, en toute confiance, aux ordres militaires exigeant de porter des armes, de conduire des opérations commando, d’incendier des bâtiments, d’appuyer sur une gâchette pour éliminer des ennemis et autres adversaires politiques, de faire exploser des trains et des bateaux, etc. Les responsables de ce Tanzim secret avaient cette « épître » d’Hassan Al-Banna qu’ils transmettaient, à leur tour, aux nouvelles recrues !
Le Qotbisme au cœur de l’Europe !
J’ai appris aussi que le troisième guide-suprême, Omar Tilmisani, avait interdit définitivement l’usage de cette « épître » purement jihadiste, durant son mandat de guide. Il l’avait écarté de tout programme éducatif de la confrérie, car il la jugeait catastrophique et dangereuse, à bien des égards, et qu’elle était source de nombreuses difficultés qu’a traversé la confrérie, avant et après, l’assassinat de son fondateur.
J’ai appris aussi que le courant qotbiste, et dès le décès du troisième guide a réussi progressivement, à réintroduire à nouveau l’enseignement de cette « épître ». Aussi, avec l’arrivée au pouvoir du cinquième guide-suprême, Mustafa Machhour, qui était, pour le simple rappel, membre dirigeant d’ « al-Tanzim al-Khas », dans les années quarante, en plus, qu’il était le principal suspect dans « l’affaire de la Jeep » susmentionnée, datant de 1948, et qu’il était le fondateur du Tazim international, et accessoirement de l’UOIF, cette « épître » a été officiellement réintégrée, non seulement comme support idéologique d’endoctrinement militaire pour de jeunes jihadistes, mais surtout comme étant « la » base idéologique à enseigner, un peu partout dans le monde, y compris ici en France, à toute personne repérée par les « frères » chasseurs de têtes et sélectionnée pour s’asservir et servir la confrérie. Cette récente découverte m’a bouleversé profondément car sa signification idéologique m’est juste insupportable, bien qu’elle ait le mérite d’éclairer ma lanterne sur d’autres sujets.
Le prédicateur qotbiste, qui m’avait repéré et chassé dans une salle de prière, lorsque j’étais étudiant au campus universitaire de Lille 1, en 1999/2000, me considérait, en réalité, tel un « soldat », obéissant, docile, et apte à défendre l’idéologie qotbiste. Dans sa tête, il voyait en ma pauvre personne, peut-être un jeune guerrier, potentiellement capable de porter des « armes » idéologiques pour défendre son qotbisme, ou des armes tout court, si besoin est. Maintenant, que j’ai découvert tout ceci, je serais intéressé de connaître les raisons réelles qui l’ont poussées à s’intéresser à mon cas, et à me proposer d’intégrer le bataillon de l’UOIF !
Il nous expliquait les dix piliers de l’allégeance. Exactement les mêmes piliers, expliqués dans les années quarante, à tout jeune paramilitaire, lors de sa présence devant un maître d’armes, intégralement voilé, lors de la cérémonie d’allégeance, où ce jeune candidat avait une main posée sur le Coran et l’autre main sur le pistolet. Il nous disait que le « frère musulman » devait s’engager, une fois cette allégeance attestée, à observer ces dix piliers, qui sont : La compréhension (Fahm en arabe) ; la sincérité ; l’action ; le Jihad, y compris le recours aux armes ; le sacrifice ; l’obéissance totale ; la persistance ; la fidélité à l’engagement ; la fraternité et la confiance totale placée à l’endroit de la direction et du commandement.
Les cercles suivants, ce recruteur nous expliquait le sens de chaque pilier ainsi que ses principes fondamentaux. Il nous expliquait les vingt principes de la compréhension et insistait, bizarrement, sur deux piliers en particulier, à savoir : « l’obéissance » et « la confiance totale en la direction ». Il nous expliquait les trente huit devoirs que chaque « frère » devait accomplir, au quotidien, en nom de son allégeance à l’UOIF. Ce sont les mêmes trente huit devoirs qu’Hassan Al Banna exigeaient aux membres de son bras armé, et qui sont explicités dans cette fameuse « épître des enseignements », sur environ cinq pages.
Esprit d’une allégeance, entre hier et aujourd’hui !
Cette découverte m’a fait plongée dans mes pensées. Car, que je le veuille ou pas, lorsque j’avais intégré l’UOIF, une organisation française visiblement civile, j’avais prononcé exactement les mêmes mots que prononçaient, jadis, uniquement les « frères soldats », les « frères moujahidouns » d’ « al-Tanzim al-Khas » !
J’avais prononcé les mêmes paroles que celles récitées par tous les « frères » assassins qui ont tué des hommes politiques égyptiens, brulé des bâtiments, saccagé des espaces publiques, explosé des bombes, etc. Une sorte de continuité et d’alliance symbolique, malgré moi, s’est matérialisée inconsciemment, au moment où j’ai serré la main de mon recruteur, et surtout d’un certain Amar Lasfar, pour lui exprimer mon allégeance et mon engagement de servir l’islam, fidèlement, à côté de mes autres « frères » et « sœurs » de l’UOIF. J’avais cru que j’étais un « simple frère musulman », je découvre aujourd’hui que cela n’était pas tout à fait le cas.
Car un simple « frère musulman », selon la propre littérature d’Hassan Al-Banna, devait juste exprimée une « allégeance générale », faite d’engagement de repentance et de bonnes actions pour servir les musulmans et soutenir la cause de l’islam. Force est de constater que cette « allégeance générale » ne suffisait pas, au début des années deux milles, pour adhérer à l’UOIF. L’UOIF préfère plutôt la version militaire de l’allégeance, en prenant le risque de contredire les recommandations de son guide fondateuret la différenciation, que celui-ci, faisait en son temps, entre des « frères musulmans » et des « frères moujahidouns » !
En introduction de cette « épître » – écrite dans un contexte de colonisation britannique et de guerre – Hassan Al Banna disait, je traduis :
« Voici ma lettre destinée aux « frères moujahidouns » parmi les « Frères Musulmans ». Ceux qui ont cru fermement en la suprématie de leur apologie, et en la sacralité de leur idée, et qui ont décidé véridiquement de vivre avec cette idée, ou de mourir pour sa cause.
A ces « frères moudjahidines », à eux uniquement, j’adresse ces quelques brèves paroles. Ce ne sont pas des leçons à apprendre par cœur, mais ce sont des instructions à exécuter.
Au travail, chers frères authentiques ! Dieu dit : « Dis leurs : Agissez ! Dieu appréciera vos œuvres, ainsi que le Messager et les croyants. Et quand vous serez ramenés vers Celui qui connait l’invisible et l’apparent, Il vous renseignera sur ce que vous aurez fait »[2]. Il dit aussi : « Telle est ma Voie dans toute sa rectitude. Suivez-là ! Ne suivez pas les pistes tortueuses qui ne feront que vous éloigner de la Voie du Seigneur ! Voilà ce que Dieu vous recommande de faire ! Peut-être serez-vous ainsi amené à le craindre ! »[3].
Par contre, les autres « frères musulmans » – poursuit Hassan Al-Banna – ils ont d’autres enseignements et conférences, des livres et des articles, des manifestations et des réunions.
A chacun sa direction vers laquelle il s’oriente. L’essentiel est de chercher à vous surpasser, les uns les autres, dans l’accomplissement du bien. Les promesses divines s’étendent aux uns et aux autres »[4] !
La signature de Mostafa Machhour ?
Ainsi, la différenciation entre les deux catégories, civiles et militaires, est plus qu’évidente. L’UOIF a choisit, elle, ce texte militaire pour engager de simples acteurs civiles, de différentes catégories socioprofessionnelles. Pourquoi ce choix ? Serait-il le choix d’un certain Mostafa Machhour, cet ultraqotbiste, ancien dirigeant d’ « al-Tanzim al-Khas », fondateur du Tanzim international, qui encourageât en 1983, depuis Munich en Allemagne, son gendre à Nancy, pour créer et présider l’UOIF ? Je n’ai pas la moindre idée !
Ce qui est clair et limpide dans mon esprit, c’est que l’UOIF, minée par le qotbisme jusqu’à sa moelle épinière, n’a pas choisi de suivre les recommandations du fondateur. Elle suit depuis sa création, par des qotbistes, les injonctions des héritiers de Sayyid Qotb, les membres du fameux « Tanzim des dizaines ».
En vérité, ce ne sont pas des « frères musulmans » qu’elle recrute depuis le temps, mais ce sont des « frères moujahidouns ». Pire encore, cette épître prévue pour la branche paramilitaire est désormais enseignée à un public jeune, au sein de l’Institut Al-Qods, par le recteur de la mosquée de Villeneuve d’Ascq, en personne, qui est aussi professeur de mathématiques au « Collège-Lycée Averroès » !
La fidélité de l’UOIF à la lettre de cette « épître » ne s’arrête pas là. Elle se poursuit après l’expression rituelle de l’allégeance. Dès lors, chaque « frère » se doit d’observer les trente huit « ordres et devoirs » qui y sont annexés. Parmi ceux-ci, le vingt-cinquième, dans l’ordre, par exemple, dit clairement, je traduis :
« Il faut que tu boycottes les tribunaux civils et toute justice non islamique. Il faut que tu boycottes aussi les clubs, les journaux, les associations, les écoles et les organisations qui s’opposent à ton idée islamique »[5] ! Le « frère moudjahid » de l’UOIF a apprit cela avant l’allégeance dans des cercles fermés. Par cet engagement, il/elle se doit d’observer les trente huit devoirs, y compris celui qui lui ordonne, sans équivoque, de boycotter les « écoles » qui s’opposent à l’idée islamique. La création d’un établissement privé musulman, comme le « Collège-Lycée Averroès », par les « frères moujahidouns » de l’UOIF est une forme d’exécution de cet ordre même si les prétextes exprimés, face caméra, ne s’y réfèrent pas !
L’UOIF et la jeunesse …
En octobre 2005, lors d’une assemblée générale élective des « Frères Musulmans » de la métropole lilloise, Amar Lasfar, et le bureau de sa « Ligue Islamique du Nord » (LIN), ont présenté le rapport « moral » de leur mandat précédent. Ce rapport dressait l’inventaire des priorités d’action de la LIN. L’on y trouve, par exemple, la vision claire des « frères » concernant l’école d’apprentissage du Coran et de la langue arabe.
A ce sujet, le rapport d’Amar Lasfar dit expressément, je cite : « Cette institution doit être une de nos préoccupations majeures. Elle est l’un des lieux de renouvellement de notre potentiel humain. Elle est le terrain de culture de nos idées et de notre pensée. Elle est l’institution qui héritera de nos acquis pour en faire un avenir meilleur » !
Ici, il faut comprendre que l’on parle bien d’enfants de cinq à quinze ans, considérés par les « frères moujahidouns » du Nord, comme un terreau fertile, où il est impératif de cultiver l’idéologie qotbiste de la confrérie, dès le jeune âge, pour assurer l’avenir.
Au sujet de la formation religieuse des jeunes, le rapport d’Amar Lasfar précise que: « Ce secteur est très dynamique et affiche de grandes ambitions quant à l’encadrement d’une jeunesse qui a soif de savoir, et d’un public en besoin de langue arabe […]. L’institut doit continuer d’exister et constituer un des outils privilégiés dans la formation et l’éducation ».
A cette époque, la LIN avait un seul centre de formation : « L’institut Al-Imane ». Aujourd’hui, cet institut s’est beaucoup développé et diversifié. Il est très actif à la « Mosquée de Lille-Sud » et au « Centre Islamique de Villeneuve d’Ascq ». Mais de temps en temps, il déborde aussi sur le « Collège-Lycée Averroès », naturellement, avec la bénédiction de la direction actuelle. Et ce, pour deux raisons : D’abords, parce que certains formateurs, « frères moujahidouns », à « L’institut Al-Qods » sont aussi des enseignants au « Collège-Lycée Averroès ». Et ensuite, parce que certaines activités idéologiques de cet institut islamiste sont organisées au sein même de cet établissement privé, sous contrat d’association avec l’Etat !
La littérature idéologique et jurisprudentielle des « frères » y occupent une place centrale, comme en témoigne son programme éducatif et ses invités. Il ne s’appelle plus « L’institut Al-Imane » – Al-Imane, veut dire, selon une acception très répandue : la foi – mais « L’institut Al-Qods » (Jérusalem) : Tout un symbole !
Reste à préciser, encore une fois, que l’idéologie dominante, au moins dans cette puissante baronnie nordiste, si ce n’est pas à l’échelle nationale, est celle d’un courant majoritaire d’obédience qotbiste, salafiste, takfiriste, tamkiniste et califaliste, défendant, si besoin est, ouvertement le recours à la violence, au nom de ladite résistance légitime. Un courant idéologique bien différent de celui des supposés « frères » réformistes séculiers, que pourrait représenter le très minoritaire, et le très médiatique aussi, l’imam Tareq Oubrou, sur l’échiquier national.
Ce courant qotbiste dominant ne se gêne point lorsqu’il s’agit de diffuser et de défendre, à travers tous les canaux, à sa disposition, et depuis plus de trente ans, les standards idéologiques de Sayyid Qotb, en plus de l’ensemble des épîtres d’Hassan Al-Banna. Plusieurs « frères » et « sœurs » participent activement à répandre l’idéologie qotbiste et ses pratiques takfiristes, à l’image de cette puissante « courroie de transmission » : Mon ancien recruteur !
Lorsque l’on sait que derrière le sourire vaurien, mécaniquement entretenu pour séduire les médias et autres interlocuteurs, d’un certain Amar Lasfar, se cache en vérité, un autre visage qotbiste grave et renfrogné, d’un certain Mohammed-Taïeb Saghrouni, de sérieuses inquiétudes devraient être exprimées. Cet homme est une mémoire vivante et très active du courant qotbiste. Il était aussi le « garde du sceau de l’allégeance » dans la région. Rien ne me permet de confirmer qu’il ne l’est plus. D’ailleurs, jusqu’en 2006, l’on ne pouvait pas être coopté pour adhérer à la confrérie qu’après sa totale bénédiction. En Egypte, derrière l’ex-guide-suprême Mohammed Badie, il y avait Mahmoud Ezzat. En France, derrière Amar Lasfar, il y a naturellement, en arrière-plan idéologique, Mohammed-Taïeb Saghrouni, depuis toujours !
N.T.F. : Première cible du « Collège-Lycée Averroès » !
Suite à la réélection d’Amar Lasfar, entouré du même noyau dur – du même arrière plan qotbiste – et de quelques autres « frères moujahidouns » très obéissants, celui-ci nous a réuni, le vendredi 18 novembre 2005, de dix-neuf heure trente à minuit, pour penser l’avenir des « frères », rêver ensemble à haute voix, formuler des propositions et définir des perspectives. La technique Brainstorming a été privilégié et expliquée pour mener à bien cet exercice collectif de projection stratégique à long terme.
Ce soir là, nous étions trente-deux « frères ». Vingt-six ont exprimé diverses propositions et améliorations concernant tous les champs d’action de l’UOIF (Mosquées, CRCM, écoles, femmes, jeunes,…). Dix « frères » ont fait des propositions en lien direct avec la formation religieuse des jeunes et surtout avec le « Lycée Averroès ». Parmi ces dix intervenants, six assumaient, et assument toujours, des fonctions d’enseignement ou de direction au sein de cet établissement privé musulman. Amar Lasfar s’est chargé, à la fin de cette rencontre inhabituelle, de faire la synthèse, avec son bureau exécutif, et s’est engagé d’en faire sa feuille de route pour les années à venir.
Ici, je me permets de publier, pour la première fois, quelques extraits représentatifs d’un état d’esprit collectif, au sein de cette confrérie, et révélateurs de certaines convictions profondes, jamais avouées, surtout en ce qui concerne la raison d’être, le fonctionnement interne, un peu particulier, et les motivations réelles de la création même du lycée de la confrérie qotbiste.
Je ne vais pas respecter, hélas, l’ordre d’Amar Lasfar, qui, à la fin de la réunion, « nous » a interdit de parler de ces propositions en dehors de ce cadre, et par la même « nous » a interdit aussi de critiquer l’équipe dirigeante dans les couloirs ou dans les parkings des mosquées. Je ne respecte plus ce devoir de réserve. Parce que je ne fais plus parti de « ses » sujets. Et, parce que se taire et laisser prospérer l’infâme déni, dans de telles situations, c’est consentir et trahir la cause de la jeunesse française, musulmane en particulier, surtout en ces temps troubles !
Ci-après, je ne respecte pas l’ordre des citations tel qu’il s’est déroulé lors de cette soirée. Toutefois, j’atteste, en toute conscience et sur la base de preuves matérielles en ma possession, de l’authenticité de ces propos et j’assume totalement la responsabilité de les avoir rendus publiques. L’identité des auteurs ne sera pas révélée. La proximité avec le lycée le sera pour permettre au lecteur d’imaginer le degré d’influence, des uns et des autres, au sein de cet établissement. Les auteurs se reconnaîtront sans doute. Car bien que les années passent, le qotbisme idéologique reste sclérosé. L’essentiel n’est pas l’identité de la personne mais plutôt le contenu d’une pensée et les constances d’une stratégie qui, à partir d’un cotexte local, vise le Tamkine à long terme, avec des « armes » différentes de celles utilisées, jadis, par « al-Tanzim al-Khas » !
Pour commencer, je cite le propos d’un « frère », parmi les notables de l’UOIF, à l’échelle nationale, qui qualifia, d’entrée de jeu, la jeunesse française, de confession ou de culture musulmane, en utilisant l’abréviation : « N.T.F. » !?
En effet, bien que cette abréviation pourrait signifier quelque chose de particulièrement vulgaire, surtout lorsqu’elle serait prononcée par un jeune adolescent insouciant. Cette même abréviation, sortant de la bouche d’un « frère moudjahid» cumulard, qui a occupé des fonctions éducatives au sein du « Lycée Averroès » en plus de ses influences remarquées au sein de l’association EMF, est encore plus vulgaire et plus choquante !
« N.T.F. » signifie, pour ce « frère » les « Natifs en Terre Française », pour désigner – sourire aux lèvres pour cette trouvaille linguistique ! – des jeunes citoyens français, issues de familles musulmanes. L’identité de ces jeunes citoyens français est réduite à un territoire de naissance. C’est la terre qui serait française selon ce « frère », les jeunes, eux, ne sont que des « natifs » sur son sol, ce qui n’est pas faux, mais ô combien réducteur et révélateur d’une certaine conception.
« Il faudrait élargir l’UOIF pour qu’il soit profitable pour plus de monde. Il faudrait désigner une personne du bureau exécutif de la LIN, qui soit chargée exclusivement des N.T.F., de la formation et la préparation de ces jeunes », suggérait-il, avant de conclure son propos, en déplorant : « Nous sommes, chers frères, dans l’attentisme par rapport à la question des jeunes ».
Recrutement de jeunes : Comment redémarrer la machine ?
Un autre « frère » regrettait la même chose en disant : « Notre machine de recrutement est en panne, il faut aller davantage vers les jeunes ». Dans le même sens, un « frère » proposa de s’organiser plus, de sonder le terrain de la jeunesse en vue de sa conquête vitale : « Il nous faudrait une cartographie détaillée de la région. Notre esprit doit être un esprit de guerre ». Le propos ici, est celui d’un « frère moudjahid » !
« L’une de nos actions futures devraient-être la promotion de la pensée du « juste milieu » (الوسطية) » précisait un cadre, très intelligent, et l’un des rares à être nettement en dessous de la moyenne du qotbisme ambiant. Il faisait parti du premier cercle qui avait investi le projet de la mise en place du « Lycée Averroès ».
Un autre « frère », fin connaisseur de la littérature frériste – les « épîtres » – et de la pensée stratégique d’Hassan Al Banna, toujours professeur au « Collège-Lycée Averroès », et l’un des conseillers privilégiés de la direction, disait : « Il faudrait rappeler notre tâche principale : « une foi ancrée et profonde », « une formation spécialisée et qualifiante » et une « action ininterrompue ». D’où la nécessité de redéfinir de nouvelles compétences à atteindre. Il faudrait diffuser et promouvoir notre discours, tout d’abord dans les mosquées, et surtout auprès des jeunes » !
Ce « frère », en plus de son ciblage remarquable de la catégorie des « jeunes », utilisa délibérément, dans son propos, trois expressions qui ne sont pas neutres, ni idéologiquement, ni stratégiquement, je cite : « une foi profonde » (الإيمان العميق), « une formation précise » (التكوين الدقيق) et « une action ininterrompue » (العمل المتواصل). Pour comprendre la portée idéologique de ces trois expressions, il faudrait revenir un peu plus de soixante-dix ans en arrière. Ces trois expressions ont été utilisées, mot par mot, par Hassan Al Banna, vers les années 1940, dans une autre épître intitulée : « Entre hier et aujourd’hui » !
Il s’agissait, en effet, d’une épître d’évaluation d’étape et de rappel des idées essentielles du projet tamkiniste de la confrérie. Dans cette épître, le fondateur rappela que les deux buts principaux de sa mouvance islamiste sont : premièrement, libérer la patrie islamique de la colonisation étrangère, et deuxièmement, fonder un état islamique (un Califat), gouverné par les lois de l’islam, en Égypte, dans les pays arabes et sur toute autre terre qui connait le bonheur de la foi musulmane[6]. Le fondateur y explique ensuite les trois moyens généraux et synthétiques pour atteindre ces deux buts, en disant, je cite : «une foi profonde, une formation précise et une action ininterrompue »[7].
Élite, leadership et Tamkine !
Hassan Al Banna avait, depuis la création des « Frères Musulmans » imaginait, pour mener à terme son projet stratégique d’islamisation, vers le Tamkine global, trois étapes : Premièrement, « présentation et diffusion de l’islam ». Deuxièmement, « sélection et formation » et troisièmement, « exécution ». Les échecs et obstacles qu’a connu la confrérie depuis l’assassinat du fondateur, ont convaincu des idéologues et stratèges contemporains de la confrérie – à l’image du libyen Ali Sallabi – d’intercaler une quatrième étape d’autoévaluation intermédiaire entre la phase dite « sélection et formation » et la phase « exécution » ou « Tamkine ». Par ailleurs, les trois expressions réutilisées par le professeur du « Collège-Lycée Averroès », dans le cadre de cette soirée de réflexion stratégique, au premier étage de la mosquée de Lille-Sud, s’intègrent parfaitement dans cette deuxième étape d’un processus à quatre marches et d’une main à quatre doigts. Les mots ont toujours un sens !
Ce professeur recommandait ensuite, je cite : « Il faudrait former nos cadres pendant les périodes des vacances et proposer aussi aux jeunes des stages de formation religieuse et spirituelle. L’objectif étant de faire émerger une élite pour garantir les besoins du leadership ». En effet, parler de la stratégie du Tamkine sans évoquer, naturellement, la notion et le rêve du leadership serait étonnant. Ainsi, les termes « élite » et « leadership » ont été lâchés, avec beaucoup d’assurance et d’espérances.
Ce même terme « élite » a été utilisé par un autre « frère », vieux routiers de la confrérie, à Lille et à Paris, totalement à l’aise avec la stratégie Tamkine, qui disait en arabe, je traduis : « En vue des prochaines élections présidentielles, parlementaires et municipales, il va falloir sélectionner et préparer une élite qui s’occupera de l’action politique. Il faudrait intégrer les partis politiques pour les influencer de l’intérieur » !
L’art de la guerre !
Toutefois, la stratégie Tamkine nécessite la prudence, recommande le secret et préconise la dissimulation. Sun Tzu, dans « l’art de la guerre », recommandait de joindre la ruse à la valeur, la sagesse à la force. « A quoi servent la bravoure sans la prudence ? La valeur sans la ruse ? » S’interrogeait-il. Un « frère moudjahid » recommandait cette prudence nécessaire. Ainsi, l’image renvoyée au public et aux médias ne devrait pas refléter la réalité des faits, les faits de la réalité. Hassan Al Banna répétait toujours ce hadith, supposé authentique, attribué au Prophète : «la guerre est une ruse » !
Ce « frère moudjahid » semble avoir bien assimilé cette maxime stratégique. Lors de cette soirée, il avait juste murmuré : « Il faudrait assurer une indépendance [de façade] du Lycée Averroès et de l’Institut Al-Imane. Ces deux institutions ne doivent pas être présidées par un membre connu du bureau de la LIN ». Les présidents de ces institutions ne devraient pas « être connus » comme étant des « frères moujahidouns » !
D’ailleurs, la première directrice du « Lycée Averroès » fut Madame Sylvie Taleb Duchemin. Elle avait compris par la suite qu’elle n’était là que pour le décor. Elle a fini par démissionner. L’actuel directeur, Hassan Oufkir, a été rapatrié du bastion valenciennois, d’un certain Hassan Iquioussen : son maître. Ce directeur, presque inconnu du microcosme islamiste de la métropole lilloise, est épaulé par un certain Eric Dufour, converti à l’islam, et conseillé par un certain Michel Soussan. Toutefois, il est très difficile de ne pas apercevoir, en filigrane, la main à quatre doigts d’Amar Lasfar !
Toujours au sujet de cet établissement privé musulman, un autre « frère » disait : « Nous devons parachever l’œuvre et la réalisation du Lycée » ! Quelques années plus tard, c’est chose faite. Cet établissement frériste à signer son contrat d’association avec l’Etat en 2008. Il s’est procuré de nouveaux bâtiments et a déménagé de la mosquée de Lille-Sud en 2012. Son exemple tente d’être exporté à d’autres baronnies, à d’autres bastions de « frères moujahidouns ».
Par ailleurs, le « frère moudjahid », fin connaisseur de la littérature d’Hassan Al Banna, que j’ai cité auparavant, toujours professeur dans cet établissement et élément incontournable de l’échiquier islamiste du Nord, après avoir expliqué certaines contraintes que rencontrait cet établissement depuis sa création, il déclarait : « Si aujourd’hui nous subissons les enseignants et les formateurs, demain nous devons les choisir. Il faudrait tout faire pour que nos cadres frères musulmans aient la mission de formation de nos jeunes, au sein du lycée et dans d’autres structures » !
Force est de constater que, désormais, l’Etat finance, avec l’argent du contribuable, et le soutien de l’UMP, plus de dix-sept postes d’enseignants au « Collège-Lycée Averroès ». Parmi ces dizaines de professeurs, il y a bel et bien des professeurs « frères moujahidouns ». Il y a aussi des professeurs, plus ou moins, proches de l’idéologie islamiste. Et il y a des professeurs lambdatiques, recrutés pour simuler l’ouverture et la diversité. Il est toujours conseillé de joindre la ruse à la valeur, dit-on.
Une interrogation me hante désormais : Si l’Etat peut, après la vérification du respect de certains critères, et au nom de la loi républicaine, prendre en charge les rémunérations des professeurs de l’enseignement privé, quel qu’il soit, l’Etat devrait-il continuer à financer des agents connus, qui ne se cachent plus, de l’islamisme et de nombreux héritiers d’Hassan Al Banna et de Sayyid Qotb ? Les fameux critères ne seraient-il pas appelés à évoluer ? Simples interrogations.
Pour le Tamkine, il faudra suivre le modèle juif !
Par ailleurs, puisqu’il est très rare que des « frères moujahidouns » traitent un sujet, un quelconque sujet, sans parler des juifs, les fils d’Israël, ce « frère » recommandait d’étudier la [supposée] stratégie des juifs de France, qui selon ses dires, ont réussi leur Tamkine politique, ici en France et partout ailleurs.
Il disait : « Nous devons prendre l’exemple des juifs de France. Nous devons tirer des enseignements de leur expérience. Ils ont bien ciblé leurs besoins communautaires, en ce qui concerne les institutions et les domaines de spécialisation. Nous voyons le pouvoir qu’ils ont atteint depuis. Ils ont réussi à former des compétences. Nous devons étudier et suivre leur exemple ». Selon ses dires, si la communauté juive de France a réussi à faire émerger une élite « juive » (!) avec des compétences diversifiées et spécialisées, qui influencerait (!) désormais toutes les institutions françaises, les « Frères Musulmans » n’ont qu’à reproduire ce modèle. Ainsi parla ce professeur, loin des caméras et des microphones.
Cette dernière citation résume, sans langue de bois, la visée politique tamkiniste de cet établissement scolaire, ses objectifs réels et le modèle – imaginé et imaginaire – qu’il souhaite produire en utilisant la jeunesse musulmane scolarisée – ces fameux N.T.F. – comme matière première à façonner, selon les standards idéologiques de la confrérie, et en sollicitant les deniers de l’Etat laïque pour financer des agents « d’usinage » islamiste, idéologiquement très « qualifiés » !
La recommandation de ce professeur « frère moudjahid » est parfaitement en phase avec le contenu de la plaquette de présentation[8] (en arabe) de cet établissement, rédigée par l’équipe d’Amar Lasfar, et adressée aux riches donateurs des pays du Golf (Qatar, Koweït, etc.). Celle-ci explique que l’un des objectifs de cet établissement est de : « mettre en place un nouveau prototype éducatif musulman, rivalisant avec les écoles françaises, et permettant de former, en son sein, des hommes musulmans et des femmes musulmanes qui, le moment venu, permettront d’atteindre le Tamkine, pour notre majestueux islam dans ces contrées » !
Quant au but ultime, cette plaquette explique clairement que ce lycée a l’obligation de : « former et préparer une élite, choisie parmi les enfants de la communauté musulmane, pour qu’ils puissent occuper des postes sensibles au sein de la société française comme : l’ordre des avocats, l’enseignement supérieur, la médecine, les médias, etc. » !
Hassan AL Banna, n’avait-il pas ordonné, dans son « épître des enseignements », à ses « frères moujahidouns » de boycotter, les « écoles » qui s’opposent à l’idée islamique ?
Le « Plan Tamkine » de 1992, découvert chez le qotbiste Mohamed Khayrat Chater en Egypte, ne préconisait-il pas comme recommandation stratégique d’utiliser l’élite des « Frères Musulmans » pour faire de l’entrisme politique et infiltrer les corps de « l’armée », des « médias » et de la « Justice », entre autres ?
Lorsqu’ Hassan Al Banna menaça la France !
Je ne pourrais jamais décrire intégralement ce qui se trame réellement, dans le secret absolu, au cœur de ce véritable « nid de vipères ». Des vipères qui muent, certes, au gré des circonstances, des temps et des interlocuteurs, mais des vipères qui restent naturellement vipères. Chasser le naturel, dit-on, il revient en rampant ! Les « frères moujahidouns » n’oublient jamais leur identité, leur allégeance et leur projet. Ils n’oublient jamais les promesses et les menaces de leur guide-suprême. Ils n’oublient jamais cette « menace » directe d’Hassan Al Banna à l’adresse de la France en particulier. Ils la lisent dans le secret des cercles fermés, mais ne la traduisent jamais. Elle est là, écrite noire sur blanc, dans les « épîtres » qu’ils enseignent aux jeunes recrues, dans les cercles et dans les centres de formation religieuse.
En 1939, dans un discours très particulier traitant de la stratégie du Tamkine global, de ses trois étapes, de ses objectifs et de ses moyens, le fondateur adressa ces paroles dédiées à la France, à ses « frères », réunis au tour de lui, au cinquième congrès de la confrérie. Son propos est fidèlement transmis aux générations suivantes. Il disait, je traduis :
« … La France qui avait prétendu, pendant un temps, être l’ami de l’islam, elle devra rendre longuement des comptes aux musulmans. Nous n’oublierons jamais son honteux positionnement à l’encontre de notre chère Syrie. Nous n’oublierons jamais sa position vis-à-vis de la question marocaine et du Dahir Berbère[9]. Nous n’oublierons pas nos frères nombreux, tous ces jeunes de la patrie marocaine, libre et combative, jetés aux fonds des prisons et aux extrémités des exiles. Viendra le jour où ce compte sera réglé. C’est ainsi que nous faisons alterner les jours fastes et les jours néfastes parmi les hommes »[10], disait-il !
Ce compte sera réglé un jour, les « frères moujahidouns » le pensent vraiment. Certainement pas avec la force des armes mais au terme d’un processus stratégique, qui a commencé en 1983 et qui se poursuit. Un professeur du « Collège-Lycée Averroès » rappela la recette d’Hassan Al Banna, pour gravir chaque palier de la stratégie de règlement de ce différend historique. Je cite : «une foi profonde, une formation précise et une action ininterrompue »[11].
Pour Amar, l’ère de l’école est venue !
Les « frères moujahidouns » de l’UOIF poursuivent le chemin, petit-à-petit. Amar Lasfar expliqua, le 25 mai 2015, à une journaliste de l’Express qu’après la focalisation sur la construction des mosquées : « l’ère de l’école est venue »[12]. Et « après l’ère de l’école » ? Dommage, la journaliste ne lui a pas posé cette question. Dans la tête du guide français des « Frères Musulmans », à chaque ère, ses structures. « La présentation et la diffusion » de l’islamisme, exigent le contrôle des mosquées. « La sélection et la formation » des jeunes, exige des écoles, collèges et lycées. S’enchaînera, en parallèle, l’infiltration et l’entrisme, avant peut-être, l’assaut final, qui se produirait, ou pas, dans quelques décennies. La France devrait-elle se rappeler qu’elle a des comptes à rendre, tôt ou tard, aux islamistes d’Hassan Al Banna ?
La marche avance, à son rythme, mais elle avance tout de même. Dans le début des années 2000, il y avait une seule école privée musulmane en France. En 2015, la « Fédération Nationale de l’Enseignement privé Musulman »[13] (FNEM), créée et dirigée par les « frères moujahidouns » de l’UOIF depuis 2014, dénombre trente cinq établissements. La presse de cette semaine révèle la création prochaine d’une cinquantaine d’autres établissements. En quinze ans, l’on est passé d’un seul établissement à plus de quatre-vingt, qui sont, soit en phase projet ou en cours d’exploitation … islamiste !
Complicités Nord-Sud !
Mais l’UOIF, bien qu’elle soit soutenue généreusement par des cheikhs pétrodollars et financée, en partie, par les deniers publics sous couvert de contrats d’association avec l’Etat, cette entité islamiste, très organisée et très active par ailleurs, ne peut strictement rien sans le soutien effectif d’hommes politiques, de gauche comme de droite, et la connivence d’autres acteurs associatifs et médiatiques. Dans le Nord, à Lille, c’est bien la droite de Jean-René Lecerf (UMP) qui déroule le tapis rouge aux qotbistes de l’UOIF. Dans le Sud, au quartier Nord de Marseille, c’est bien la gauche de Samia Ghali (PS) qui passe l’aspirateur[14]. Cette dernière se vante aujourd’hui, sur sa page Facebook d’avoir défendu, au nom de l’égalité et de la diversité, auprès du « Ministère de l’Éducation Nationale » la demande d’un certain Mohsen Ngazou, de signer le contrat d’association entre l’établissement scolaire Ibn Khaldoun de l’UOIF et l’Etat.
Je ne sais pas si cette élue PS a au moins une idée de ce que représente le directeur de cet établissement privé, Mohsen Ngazou pour ne pas le citer, sur l’échiquier européen et hexagonal des « Frères Musulmans » ? Cumulant, à la fois, plusieurs responsabilités éducatives au sein de l’UOIF, de la « Fédération des Organisations Islamiques d’Europe » (FOIE) à Bruxelles et de la FNEM, ce « frère moudjahid» est aussi l’une des rares « plumes » de la confrérie, surtout en langue arabe, qui diffuse sans gêne l’idéologie d’Hassan Al Banna. Je ne sais pas si l’élue marseillaise a déjà eu l’occasion de le lire, avant de le soutenir auprès du Ministère de l’Éducation Nationale ! Je la renvoie simplement vers un article, en particulier, publié en mai 2006, en arabe, intitulé : « Les défis éducatifs que rencontrent la jeunesse musulmane en Occident »[15].
Dès l’introduction, la couleur idéologique est affichée. La référence à l’épître qu’Hassan Al Banna avait adressée à la jeunesse est clairement assumée, au mot près, et sans l’ombre d’un doute. Ses références bibliographiques, indiquées en marge de l’article, sont toutes fréristes sauf une : Jocelyne Césari. Les autres sont : Hassan Al Banna, Issam Al Attar, Tariq Ramadan, Kamel Helbawi et Badr Al Mas. Cet article mérite d’être analysé en profondeur. J’y reviendrai, peut-être prochainement. Toutefois, je me permets de citer un seul passage, je traduis : « La base de notre vie, c’est de vivre musulmans et libres. Chaque institution, parmi les institutions musulmanes, n’est qu’un moyen qui doit servir le but visant à permettre aux musulmans d’atteindre le Tamkine, pour qu’ils puissent vivre libres, par la guidance de l’islam » !
Aussi, cette élue PS a-t-elle lu, un autre article en arabe, intitulé : « Dis : Agissez … et ne désespérez pas ! », du même auteur Mohsen Ngazou, paru dans la même revue AL EUROPIYA, numéro 34 en juin 2003 (cf. photo ci après) ? Dès l’introduction de cet article d’exhortation, le ton est donné. Après avoir expliqué les conditions difficiles que subit ladite « Oumma » islamique, « sous l’ombre d’une mondialisation envahissante et d’un matérialisme tyrannique » déplorait-il, il dit avoir trouvé dans le Coran et la sunna du Prophète la promesse divine du … Tamkine !
Pour appuyer son propos, il cita le verset suivant : « Allah a promis à ceux d’entre vous qui ont cru et fait les bonnes œuvres qu’Il leur donnerait la succession sur terre comme Il l’a donné à ceux qui les ont précédés. Il donnerait force et suprématie à leur religion qu’Il a agrée pour eux … » (Coran, 24, 55). Ensuite, l’actuel directeur du « Collège-Lycée Ibn Khaldoun » de Marseille, expliqua, toujours en se basant sur des versets coraniques, le sens donné au concept Tamkine : la force, avoir de l’importance, s’élever de grade et devenir puissant et majestueux, etc. Il détailla ensuite tout un programme d’action, prenant de la « jeunesse » la cible et la matière brute.
Ainsi, les constances idéologiques depuis Hassan Al Banna sont les mêmes. Le projet tamkiniste est toujours le même. Les méthodes s’adaptent. Des alliances incroyables sont désormais scellées. Les « frères » muent. La jeunesse N.T.F. reste la cible privilégiée pour assurer l’avenir de l’islamisme. Des établissements islamistes sont désormais soutenus par les deniers publics. Une part des impôts payés par de simples contribuables tombent, tous les fins de mois, dans des comptes courants de nombreux agents d’Hassan Al Banna.
Enfin, au-delà des aides financiers de l’Etat, l’UOIF compte beaucoup sur des soutiens idéologiques, d’autres acteurs agissant, activement, sur le terrain de la prédication salafiste, qui parlent parfaitement le langage de la jeunesse. Le dernier article de cette série en présentera un cas, qui est loin d’être un cas isolé. Cela permettra au recteur Bernard Toulemonde de diluer un peu son propos, dans l’Express d’hier, je cite : « Il existe une forme de suspicion à l’égard des établissements musulmans. Mais ceux qui demandent à passer sous contrat ne sont pas tenus par des salafistes »[16] .
A vérifier !
[1] Marianne, Dossier : « Les complices de l’islamisme », n°944, du 22 au 28 mai 2015
[2] Coran, 9, 105.
[3] Coran, 6, 153.
[4] Hassan Al Banna, Épîtres de l’imam martyr Hassan Al-Banna (en arabe), Dãr Al-Hadarah Al-Islamiyyah, p. 355.
[5] Hassan Al Banna, Ibid. p. 367.
[6] Hassan Al Banna, Ibid. p. 107.
[7] Hassan Al Banna, Ibid. p. 108.
[8] Citée et analysée dans mon témoignage-citoyen d’intérêt public publié le 19 mars 2015.
[9] Lire ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dahir_berb%C3%A8re
[10] Hassan Al Banna, Ibid. p. 151.
[11] Hassan Al Banna, Ibid. p. 108.
[12] http://www.lexpress.fr/education/education-le-long-chemin-de-l-ecole-musulmane_1681519.html#kJodPYBdVqOfUkob.99
[13] Ici, le site officiel de la FNEM : http://www.fnem.fr/
[14] https://www.facebook.com/page.samia.ghali/posts/710989915678328
[15] Paru dans la revue « Al-EUROPYA », numéro 45, qu’édite la FOIE
[16] http://www.lexpress.fr/education/education-le-long-chemin-de-l-ecole-musulmane_1681519.html#kJodPYBdVqOfUkob.99
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.