Fruits d’hier, graines de demain …
24 05 2017Par : Mohamed Louizi
A trois semaines du premier tour des élections législatives, de nombreuses publications, sur les réseaux sociaux et dans certains médias, s’interrogent quant au sens à donner à ce qui semble être une inquiétante « poussée islamiste ». Des candidats, issus de nouveaux partis assurément islamistes — proche de l’axe Ankara-Doha — ou noyautant d’autres formations républicaines, anciennes ou récentes, se sont déclarés officiellement et espèrent pouvoir gagner quelques sièges de députés de la nation, au terme d’un scrutin incertain et presque décisif. Voici, en huit points, ce que j’en pense :
1- D’un point de vue normatif légal, strictement rien ne peut interdire à un(e) islamiste de se présenter aux élections législatives françaises. Inutile de vouloir les interdire sous quelques motifs que ce soit.
2- Ces candidatures sont, au fond, le fruit naturel d’une stratégie islamiste « soft power », qui a réussie au bout d’une trentaine d’années de labour acharné, dans bien des mosquées et des campus universitaires, depuis le début des années 80. Elles ne sont pas tombées comme ça du ciel. Elles ne sont pas le fruit du hasard, non plus. Ce sont bel et bien des conséquences de causes directes et identifiables depuis bien longtemps.
3- Sous couvert de prêcher « l’islam » — dans bien des structures cultuelles, culturelles, associatives, éducatives, caritatives et j’en passe et des meilleurs — c’est le discours islamiste qui était (et est toujours prêché) à tout va, insistant sur bien des marqueurs « identitaires » que l’islamisme a fabriqué, commercialisé et développé. L’État et des collectivités territoriales, par naïveté, par méconnaissance ou par clientélisme, ont laissé faire. Parfois, ils ont même encouragé et financé la marche islamiste vers le Tamkine : comme, par exemple, lorsque l’État décide de financer par l’argent public des établissements de l’enseignement privé islamiste sous contrat d’association.
4- Ce n’est hélas pas la première fois dans l’histoire que l’islamisme opère de la sorte, et atteint des niveaux juste inquiétants. Des expériences passées peuvent servir de leçons pour comprendre comment l’islamisme s’installe, se développe, s’offre des tribunes, tisse sa toile, gagne des soutiens, diversifie ses leviers, avance masqué, endoctrine la jeunesse, instrumentalise la misère, provoque la rupture sur fond de lutte contre ladite « islamophobie », se place en recours légitime, etc. Ce n’est pas un phénomène nouveau. Si on veut représenter l’islamisme sous forme d’un homme, celui-ci serait un « vieux sage » de presque 90 ans, qui a survécu à toutes les dictatures et les démocraties, capable de muer ses apparences continuellement, mais sans changer sa nature : une idéologie totalitaire qui s’incarne et se transmet.
5- L’islamisme compte sur le temps long et sur les transformations lentes, progressives et régulières de la société ; d’où son insistance capitale sur l’endoctrinement de la jeunesse : la relève. Quand on analyse les parcours de certains candidats aux présentes législatives, on voit bien des similitudes de profil : ils sont passés par des structures islamistes depuis leur jeune âge et ont intégré, par petites doses, les standards idéologiques du projet islamiste global et ses revendications comme étant l’expression « légitime » d’une foi musulmane, que la laïcité — la « méchante » laïcité — se doit de reconnaître et d’accepter, en tant que tels. Bien des candidats sont « sincèrement » convaincus que leurs revendications idéologiques ne sont pas négociables, car, elles représentent pour eux le sacré. Pour eux, c’est à la laïcité de s’accommoder à leur vision définitive et immuable, et non l’inverse.
6- L’islamisme — cette minorité ultra agissante — a toujours eu comme allié les puissances de l’argent et des officines politiques et financiers transnationales insoupçonnables. Une part non négligeable de son pouvoir le tient de cette alliance très pragmatique, et qui sert, in fine, des intérêts autres qu’idéologiques (financiers, géostratégiques, …). C’est un leurre de croire que ses acteurs soient détachés de toute projection hostile à l’idée même d’une République française indivisible, laïque, démocratique et sociale. Consciemment ou inconsciemment, ils servent les intérêts de ceux qui pervertissent un concept philosophique dit « la société ouverte » — développé par Henri Bergson et Karl Popper — pour imposer à terme, à la société française, comme à d’autres sociétés, une sorte de « dictature des minorités ».
7- C’est plus facile pour l’islamisme de s’implanter dans un état laïque et de profiter des moyens démocratiques pour atteindre ses buts. Toutefois, y compris dans des états qui se définissent historiquement comme « musulmans », à l’instar du Maroc, l’islamisme fait de la surenchère à l’islam(s) officiel et populaire et se développe en donnant l’impression qu’il tient la société. Toujours au Maroc, au vu des chiffres connus des législatives de 1997 à 2016, en l’espace de 20 ans, les islamistes sont passés de 9 députés à 125 députés. Ce qui leur permet depuis 2012 de diriger le gouvernement. Pour avoir ce pouvoir, seuls 1,6 millions d’électeurs marocains ont voté pour les frères et sœurs du PJD : une minorité. Alors que la population marocaine dépasse le seuil des 36 millions d’habitants ! Cette inadéquation ne les empêche pas pour autant d’avoir leur mot à dire et d’écrire la loi au sens de leur idéologie liberticide. Leurs alliés transnationaux les couvrent. L’exemple marocain livre des clefs de compréhension de l’ascension qui s’annonce des islamistes français malgré les quelques différences qui peuvent être signalées, à juste titre, entre les objectifs des deux côtés de la Méditerranée.
8- Il y a moins de deux ans, lorsque j’ai commencé à décrypter, preuves à l’appui, la stratégie islamiste Tamkine des Frères musulmans, certains y voyaient des fantasmes « islamophobes » — l’œuvre d’un citoyen musulman ! — et des hallucinations conspirationnistes. Aujourd’hui, un pallier est franchi. Peut-être seraient-ils quelques députés, sœurs et frères, à se qualifier au terme du second tour ? Combien seraient-ils dans 5 ans ? dans 20 ans ? Quels impacts normatifs produirait, à moyen et à long terme, la très probable présence des islamistes et de leurs soutiens au Palais Bourbon ? …
Ce sont des questions vitales qui ne doivent plus être minimalisées par crainte, disent certains, de stigmatiser une partie de la population : elle-même otage du dessein islamiste. Ces questions doivent être posées urgemment dans des termes claires. Car désormais, l’islamisme n’avance plus masqué, ou presque. Il annonce « sa » couleur politique offensive et transgressive, après plus de 30 ans de prudence et de tromperie assumée. Il a produit ses fruits, qui, telles des graines implantées sur de nouveaux terrains inexpérimentés jusqu’à lors, produiraient à ne point douter d’autres fruits, d’autres effets irréversibles. Les 30 dernières années ont conduit à la situation d’aujourd’hui — marqué par un islamisme devenu puissant — qui, à son tour, définirait le visage de la France des 30 prochaines années. La France a (et aurait) l’islamisme qu’elle mérite. A moins que …
L’islamisme avance comme les partis d’extrême droite et gauche (qui ont de l’avance dans le choix des électeurs). Ceux-ci ne se cachent plus du choix électoral qu’ils font et feront. Tout est dédiabolisé, sauf au second tour ou la machine se met en place. Les médias font trop de politiques et ne sont plus dans l’information (par exemple les présidentielles, Fillon faisait le buzz, marine moins et rien sur bayrou, macron et mélanchon. Je comprends la mise au vert de Fillon, il devait vraiment être un obstacle). Le voeu d’attali s’est réalisé : macron/marine. Nous savions au soir du premier tour que macron était président.
Si pour le moment, il ne fait pas de doute que l’idéologie n’aura pas de députés, ils peuvent mener campagne en vehiculant librement leurs idées. Il y a aussi le côté financier des législatives. Cette élection est une poule aux oeufs d’or.
Dans ma circonscription ils seront 16 pour cette compétition.
J’espère vous voir député, vous aurez une marge de manoeuvre plus importante pour éduquer vos confrères à l’assemblée.
Votre courage et votre pugnacité sont à saluer. Merci pour votre pédagogie, toujours preuves à l’appui. Vous dites tout haut se que nous pensons tout bas et sans tomber dans la haine, la manipulations.