Jérusalem : du calife Omar au président Trump …
13 12 2017Dès qu’il s’agit de Jérusalem, d’Israël et de la Palestine, des esprits s’échauffent. Des ressentiments, tel un serpent de mer, refont surface. Une partie d’un monde arabe, que presque tout divise, semble retrouver une raison valable pour afficher une union, somme toute de façade ; pour crier sa colère devant des ambassades ; pour bruler des drapeaux à la sortie des mosquées, après les prières de vendredi. Des menaces fusent. Des échauffourées éclatent. Au-delà-même des pays arabes, voici désormais la Malaisie, dont la capitale Kula Lumpur se trouve à plus de 7.700 km de Jérusalem, qui se dit «prête à engager son armée pour défendre al-Qods»[1]: al-Qods (القدس), en arabe veut dire Jérusalem. Le roi Hassan II n’avait-il pas dit, un jour, que «la Palestine est l’aphrodisiaque du monde arabe»? Dans une autre version: «La haine d’Israël est l’aphrodisiaque le plus puissant du monde arabe»?
En cause, la décision du président américain Donald Trump, datant du 6 décembre 2017, de reconnaître officiellement Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y transférer l’ambassade américaine depuis Hayarkon Street à Tel-Aviv. Cette décision n’est, en vérité, que l’exécution d’une loi référencée 104–45, adoptée par le Congrès américain le 23 octobre 1995 — il y a 22 ans — portant le nom «Jérusalem Embassy Act of 1995»[2]. A l’époque, 93 des 100 sénateurs américains, démocrates et républicains, ont voté conjointement la loi autorisant cette reconnaissance officielle et ce transfert. Quant à la Chambre des Représentants, elle l’avait approuvée par une écrasante majorité de 374 voix «pour», démocrates et républicains, et seulement 37 voix «contre»[3]. C’est donc toute la démocratie américaine, et non seulement Donald Trump, qui a construit et voulu cette loi hasardeuse, dans une région volcanique.
1- Trump exauce le vœu d’Obama.
D’ailleurs, alors candidat à la Maison Blanche pour la première fois, Barack Obama, le démocrate très apprécié par ceux qui manifestent aujourd’hui — et notamment par des islamistes qui espéraient la victoire de la démocrate Hillary Clinton — avait déclaré en juin 2008 que «Jérusalem devait être la capitale indivisible d’Israël»[4] et qu’une fois président, il assurera que «Jérusalem restera la capitale d’Israël, sécurisée et unifiée»[5]. Quelques semaines plus tard, le mercredi 23 juillet 2008 à Sdérot, dans le sud d’Israël, il a affirmé sa position: «Je n’ai pas changé ma position. Je continue de dire que Jérusalem sera la capitale d’Israël. Je l’ai dit dans le passé et je le répète. Mais j’ai aussi dit qu’il s’agit d’une question liée au statut final»[6].
En 2012, alors candidat à sa propre succession, il a insisté pour que l’expression «Jérusalem soit la capitale d’Israël» soit inscrite dans le programme démocrate[7]. Le même Obama avait prononcé en septembre 2016, à Jérusalem, un discours en hommage à Shimon Peres[8], lors des funérailles de l’ex-président israélien. Quelques heures plus tard, le département d’Etat a pris soin de rayer Israël dans la retranscription écrite du discours d’Obama, comme pour en dissocier Jérusalem[9] alors que la présence d’Obama à cette cérémonie à Jérusalem, tout comme son discours, s’inscrivaient dans la continuité de sa position quant au statut même de cette ville.
Donald Trump s’inscrit donc dans la continuité d’Obama et exauce les vœux de l’ex-président démocrate qui ne sont autres que l’expression juridique de la volonté de la démocratie américaine. Ainsi, la décision de Trump, de ce point de vue, n’a rien d’extraordinaire. Elle s’inscrit, ni plus ni moins, dans la constance de la politique étrangère américaine, vis-à-vis d’Israël, quelque soit la couleur politique du président à la Maison Blanche : démocrate ou républicain.
2- L’ONU, cette créature «péntaplégique» !
Ceux qui, désormais, semblent être étonnés de cette officialisation, en commettant l’erreur de faire porter le chapeau au seul actuel président américain, devraient revisiter la liste des vétos des États-Unis, au Conseil de Sécurité de l’ONU, qui ont soutenus, à tort ou à raison, la politique israélienne, qu’elle soit menée par des colombes ou des faucons, en bloquant des résolutions allant dans le sens d’une paix durable, au moins depuis 1973.
Cela étant dit, ce n’est pas à la démocratie américaine, quel qu’en soit le représentant à sa tête, de dire ce que doit être le droit international. En théorie, et en théorie seulement, depuis 1945, celui qui en a la légitimité exclusive reste l’ONU et ses institutions, y compris lorsqu’elle traverse des moments difficiles, toujours impuissante à faire respecter le droit international à cause, en partie, de ce «droit» injuste qui la paralyse. Il s’appelle le «droit de véto», accordé uniquement à 5 pays au Monde, et privant les 188 autres pays de ce privilège: un scandale démocratique quoi que l’on puisse penser du reste.
3- Quand le religieux se mêle du politique !
Par ailleurs, au-delà de la décision de Donald Trump, certes condamnable à bien des égards, ce nouvel épisode montre surtout la fragilité de nombreux résonnements, basés sur des mensonges, des mythes et des contradictions flagrantes, de tous ceux qui sont vent debout: que ce soit ceux qui sont favorables à cette officialisation comme ceux qui en sont hostiles. Le point commun entre tous ceux-là, est ce mélange explosif qu’ils opèrent, comme d’habitude, consciemment ou inconsciemment, entre le «politique» et le «religieux», à ce sujet en particulier.
Les uns comme les autres invitent la religion et ses supposés dogmes et symboles — le judaïsme d’un côté, l’islam de l’autre — pour soutenir Trump, dans un cas, ou pour s’y opposer dans l’autre. Comme si l’une ou l’autre religion pouvait être une solution d’un conflit éminemment politique que les religions, par ailleurs, ne font qu’envenimer, que cristalliser et que faire perdurer avec toute une littérature ancestrale justifiant le repli sur soi et le rejet de l’autre, avec son lot de divisions, de haine et d’antisémitisme.
4- Un laïque, peut-il défendre le principe d’un état religieux ?
Le plus saisissant dans toutes ces oppositions, presque pavloviennes, s’agissant du débat franco-français, est de voir comment certains défenseurs d’un état laïque en France, par exemple, se muent en fervents défenseurs d’un état religieux en Israël : les justifications que l’on entend concernant le statut de Jérusalem sont toutes d’ordre religieux biblique. Ainsi, la laïcité, est-elle un concept qui vise l’universel, au-delà même de Paris, ou bien un concept fugace, à géographie variable, qui toucherait sa limite à Jérusalem ?
Comment peut-on, sans se contredire, défendre à la fois le principe d’un état civile laïque neutre, religieusement parlant, en France, séparant depuis le 9 décembre 1905, les Églises et l’Etat, et d’assurer, en même temps, la défense de Jérusalem, comme capitale d’Israël, sur la base d’arguments purement religieux issus de l’Ancien Testament comme si la Bible était un titre de propriété immobilière ou un plan cadastral ?
Comment peut-on, sans se contredire, refuser le principe de la création d’un État Islamique (par Daesh ou par d’autres islamistes) — tenant par ailleurs sa légitimité des textes religieux sunnites ou chiites — et soutenir la dure droite Likoud alliée à l’extrême-droite israélienne qui vise à amplifier le caractère religieux de l’état, en visant la construction du Grand Israël, la Terre promise aux enfants d’Israël, selon la vision biblique, principalement par le biais de la colonisation d’autres territoires voisins, au-delà mêmes des frontières de 1967, en privant, de la sorte, des palestiniens de leurs foyers, de leurs propriétés, de leurs terres agricoles et surtout de leurs libertés ? Le jeudi 7 décembre 2017, interviewé par Jean-Jacques Bourdin, le député français Meyer Habib a demandé au président Macron d’acter, dit-il : « une réalité historique: «Jérusalem est la capitale du peuple juif depuis 3000 ans»»[10] !
5- Parler politique dans un lieu de culte ?
Côté musulman, on n’est pas à une contradiction près, hélas. L’islamisme conquérant, cet héritier de l’islam politique califal, depuis les premiers temps fondateurs et qui fait une fixette exhaustive sur la Palestine, construit son idéologie sur tant de mythes, sur tant de mensonges éhontés, et sur tant d’ignorances aussi. Il empêche, de la sorte, tout espoir d’une solution de paix durable, sur le principe de deux états, de se transformer en réalité. Là aussi, l’argument religieux fallacieux est mobilisé à tout-va.
En effet, quand un jeune islamiste nommé Nabil Ennasri, pour ne citer que lui — devenu récemment docteur en sciences politiques sous la direction de François Burgat, en consacrant sa thèse à son excellence le fameux cheikh égypto-qatari Youssef al-Qaradawi, celui qui a légitimé les «attentats suicides», ciblant des civils israéliens — adresse un message Facebook, le jeudi 7 décembre 2017, aux imams des mosquées de l’Hexagone, à la veille de la prière hebdomadaire du vendredi, pour leur livrer des éléments d’argumentaire politique afin d’alimenter leurs serments religieux — en ne tenant pas compte de l’article 26 de la loi 1905 qui stipule clairement qu’ «Il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l’exercice d’un culte.»[11] — il résuma, en quelques phrases, les standards de cette idéologie, je cite :
«D’abord, l’imam peut naturellement développer des éléments sur la centralité d’al-Qods [Jérusalem, ndlr] dans la vie du musulman. Rappeler son histoire, sa dimension sacrée, le fait qu’elle est mentionnée dans le Coran, le fait que cette ville et plus largement la terre de Palestine ait été l’un des endroits qui a été le plus sillonné par les Prophètes. Rappeler aussi la dimension du vivre-ensemble présente dès le deuxième calife de l’Islam, Omar qui avait établi un pacte de respect des croyances non musulmanes. Rappeler par exemple que c’est sous son califat que les musulmans ont laissé les juifs retourner prier à Jérusalem alors qu’ils en avaient été chassés depuis l’époque romaine. […] Ensuite, rappeler que sur ce sujet d’al-Qods, quand bien même elle est considérée par le milliard et demi de musulmans de la planète comme le troisième lieu saint et la première Qibla, nous sommes en phase d’un sujet qu’il faut traiter politiquement…»[12]. Dans une mosquée ?!
6- Non, Jérusalem n’est pas citée dans le Coran.
Au-delà de ce non-respect de la loi républicaine, le premier mensonge de l’islamiste Nabil Ennasri se situe dans son affirmation lorsqu’il dit que la ville d’al-Qods (Jérusalem) est mentionnée dans le Coran: ce qui est totalement faux. Strictement aucun verset du Livre Saint (Coran compris) ne cite expressément le nom de cette ville, à aucun endroit. Strictement aucun verset coranique ne cite expressément le nom de la Palestine et à aucun endroit, aussi. Nabil Ennasri devrait, de part sa nouvelle qualification universitaire, être plus précis dans ses affirmations, surtout en s’adressant à des imams arabisants, qui, pour la plupart d’entre eux, connaissent les versets du Livre Saint (communément appelé Coran) par cœur.
Peut-être, en affirmant une telle affabulation, ferait-il allusion au premier verset équivoque de la sourate 17 ? Qui, selon certains exégètes, parlerait de cette mosquée nommée par la tradition canonique «la mosquée al-Aqsa», que l’on a située à Jérusalem alors qu’elle n’avait aucune existence physique à l’époque du prophète Mohammed, contrairement à la Mosquée sacrée de la Mecque. En effet, la sourate 17, al-Isrâ’ (الإسراء) que des traducteurs ont traduite par l’expression « Le voyage nocturne », commence ainsi, en arabe : «سبحان الذي أسرى بعبده ليلا من المسجد الحرام إلى المسجد الأقصى الذي باركنا حوله». L’expression arabe «al-masdjid al-harâm» (المسجد الحرام) a été traduite par l’expression «la Mosquée sacrée».
Quant à l’expression «al-masdjid al-aqsa» (المسجد الأقصى), elle a été traduite par certains traducteurs comme étant un nom propre, désignant un lieu de culte nommé: «la Mosquée al-Aqsa». Ceux-là confirment qu’il s’agit de ladite mosquée de Jérusalem. D’autres traducteurs ont traduit cette même expression, dans ce verset, comme ceci «la Mosquée la plus éloignée ». Ce n’est pas la même chose. Car le terme «al-aqsa» (الأقصى), en arabe, est d’abord un adjectif qualificatif, et non un nom propre. Cet adjectif qualificatif signifie : «le plus éloigné de…», en opposition à l’adjectif qualificatif «al-adnã» (الأدنى) qui veut dire « le plus proche de…».
7- Que dit la traduction des Éditions Tawhid ?
Nabil Ennasri devrait consulter la traduction — qu’il doit connaître par ailleurs, puisqu’elle est éditée chez les Éditions Tawhid de Lyon en 2004 : le fait maison quoi. Une traduction faite par le marocain Mohamed Chiadmi avec les préfaces des frères musulmans Zakaria Seddiki et Tariq Ramadan. Il constatera que ce verset a été traduit ainsi, je cite: «Gloire à Celui qui fit voyager de nuit Son Serviteur de la Mosquée sacrée à la Mosquée la plus éloignée»[13]. Le traducteur ne parle pas de «la mosquée al-Aqsa» mais de «la mosquée la plus éloignée». Il a raison de la formuler ainsi.
Toutefois, il remarquera aussi que le traducteur, comme pour se rattraper — peut-être pour rester cohérent avec les prétentions de l’idéologie — s’est permis d’écrire une annotation de bas de page, pour orienter le lecteur vers une direction en particulier : celle qui s’appuie sur ce verset pour accréditer la thèse d’un «voyage nocturne» (الإسراء) du prophète — corps et âme, dit-on — sur le dos d’un animal fabuleux nommé al-Burâq (البراق) de la Mecque à Jérusalem, et surtout son «ascension» (المعراج), la même nuit, vers les sept étages du ciel, à la rencontre du Seigneur, après avoir conduit une prière collective devant des prophètes — tous morts depuis des siècles (!) — en attachant, raconte la tradition canonique, l’animal mythique al-Burâq — qui n’est jamais mentionné nulle part dans le Livre Saint — dans un anneau, fixé sur un mur, que les israéliens appellent «le mur des lamentations» et que les musulmans appelles «le mur d’al-Burâq»: les deux en réclament la possession, la sacralité.
8- Et le Coran réfuta le mythe de « l’ascension » du prophète vers le Ciel.
Cette histoire légendaire mérite un article à part entière — voire un ouvrage dédié — non pas de part sa sensibilité — je n’en ai que faire, alors que des vies humaines sont sacrifiées sur l’autel de la sacrée bêtise — mais plutôt de part les éléments historiques et religieux qu’il va falloir mobiliser pour la déconstruire méthodiquement, avec clarté, pédagogie, précision, et montrer comment le mythe de «l’ascension», tel que le décrit la fabuleuse histoire du Voyage nocturne, contredit d’autres versets coraniques explicites, notamment ce long passage très clair, cité aussi dans la même sourate 17. Preuve qu’il ne faut jamais s’arrêter au premier verset pour comprendre une sourate !
Ce passage, plein d’humanité, car il fait état de la souffrance du prophète face à sa tribu qui n’a cessé de lui demander l’impossible comme preuve pour certifier son message, dit, je cite la traduction des Éditions Tawhid: «Nous avons proposé aux Hommes, dans ce Coran, toutes sortes d’exemples ; mais la plupart des Hommes refusent de se départir de leur impiété. [90] Ils disent : «Nous ne croirons pas en toi, à moins que tu ne fasses jaillir pour nous une source du sol ; [91] ou que tu n’aies un jardin de palmiers et de vignes, entre lesquels tu feras couler des ruisseaux en abondance ; [92] ou que tu ne fasses tomber sur nous, comme tu le prétends, des fragments du ciel ; ou que tu n’amènes devant nous Dieu et les anges ; [93] ou encore que tu n’aies une maison ornée de dorures ; ou que tu n’escalades le ciel. Et encore nous ne croirons à ton escalade que si tu nous en ramènes un livre que nous puissions tous lire.» Réponds-leur: «Gloire à mon Seigneur ! Suis-je donc autre chose qu’un être humain envoyé comme Prophète ?» [94] Rien n’empêche les hommes de croire quand la bonne voie leur est indiquée, si ce n’est cette question qu’ils posent: «Comment Dieu peut-Il envoyer un simple mortel comme Messager?» [95] Dis-leur: «Si les anges vivaient en permanence sur la Terre, c’est un ange que Nous leur aurions envoyé comme messager.» [96] Dis-leur: «Dieu me suffira comme Témoin entre vous et moi, car Il a une claire vision de Ses créatures et Il en est parfaitement Informé.»»[14]
Le verset 93, de cette sourate, montre que le prophète était un homme mortel parmi les mortels, combien même prophète. Il n’était pas un ange parmi les anges. Il ne pouvait, de l’aveu même de ces versets, faire des miracles. Il ne pouvait pas « escalader le ciel », dans une quelconque «ascension» miraculeuse, pour prouver matériellement qu’il était Prophète et Messager. C’est le Livre Saint qui le dit expressément, dans la même sourate 17. Pas d’ascension possible. Pas d’animal al-Burâq qui aurait été attaché au mur d’une mosquée qui n’existait même pas à cette époque. Que reste-t-il de la légende?
Toutefois, les exégètes classiques et tous ces gardiens de la tradition canonique officielle ont d’autres avis, somme toute très divergents les uns des autres. J’y reviendrai prochainement. Nabil Ennasri, fidèle à la tradition canonique de l’islam politique, fidèle à ses mythes aussi, en fait un élément de combat idéologique, aujourd’hui contre Donald Trump, pour démontrer, dit-il, «la centralité d’al-Qods [Jérusalem, ndlr] dans la vie du musulman» : chiche !
9- C’est le Coran qui certifie le Message et non … al-Burâq !
Dans mon dernier essai « Plaidoyer pour un islam apolitique : immersion dans l’histoire des guerres des islams », dans l’ultime acte (n°VIII), en conclusion d’un paragraphe intitulé «Expiré le temps des miracles», j’ai écrit: «Le Message de Mohammed n’avait donc pas besoin de miracles, en dehors du Livre lui-même, pour espérer convaincre et appeler les gens à y adhérer. Le Livre assurait, par sa partie coranique, sa propre auto-certification. C’est l’expression du savoir divin de la Prophétie, que synthétise le Coran, qui authentifie l’origine divine du contenu de l’Ecriture-mère, explicitant Le Message.
Pour leur prouver que son message provenait du Ciel, Mohammed n’avait pas besoin de séparer la mer en deux, ni de transformer un bâton en serpent, ni de ressusciter les morts, ni de marcher sur l’eau, devant des yeux émerveillés des membres de sa tribu, qui demeuraient très attentifs aux arts oratoires et marquées à jamais par une tradition poétique très ancienne. Le seul prodige accordé à Mohammed fut le Coran et rien d’autres. Croira qui voudra et niera qui voudra. Tous les hadiths qui attribuent des miracles à Mohammed, que ce soit avant ou après la Révélation, devraient être rangés dans la corbeille de l’histoire médiévale. Car apocryphes, sans doute. Le seul prodige de Mohammed s’appelle le Coran.»[15] Je persiste et signe.
Si l’hypothèse d’un «voyage nocturne» de nuit — corps et âme — à la vitesse de l’éclair, pour traverser en quelques secondes les quelques 1.500 km, séparant la Mecque de Jérusalem, sur le dos d’un animal imaginaire, suivi d’une « ascension » vers le ciel, ne tient pas debout face à l’évidence du récit coranique lui-même, comment peut-on, à ce point, continuer, 14 siècles plus tard, à alimenter l’idée d’une sacralité d’un lieu, d’une ville, d’un pays, sur des interprétations chimériques ?
Pis, comment au nom de cette sacralité supposée, se permet-on, encore et toujours, à justifier la poursuite d’antagonismes violents, sacrifiant des vies humaines, de part et d’autres, pour dominer des rochers et du sable ? En effet, pour jurer que son islam politique est un «islam de paix», les yeux dans les yeux, un islamiste citerait, avec exaltation, ce hadith qui dit: «Briser le cœur d’un musulman [pacificateur, ndlr] est pire que de détruire soixante-dix fois la Ka’ba» En même temps, il ne se gênera pas à soutenir le jihad armé et ses attentats, faisant des morts et des blessés parmi les civils innocents, pour défendre la sacralité supposé d’un lieu, d’un mur ou d’un rocher.
10- Oui, la surnommée mosquée al-Aqsa n’existait pas au temps du prophète.
Par ailleurs, la rhétorique islamiste, voulant «imposer une vision du monde ne manque pas d’idées que Nabil Ennasri ait réussies à synthétiser, dans son post Facebook précité, en quelques phrases, telles des «idées-force», dit-il. Pour le coup, il a raison de les nommer ainsi car elles sont loin d’être des idées vraies. L’idée vraie cible le fait, indépendamment de l’adhésion (ou pas) de la foule. L’idée-force cible la mobilisation de la foule, indépendamment de la vraisemblance des faits. Au sens de Pierre Bourdieu: «À une idée vraie, on ne peut opposer qu’une réfutation, alors qu’à une idée-force il faut opposer une autre idée-force, capable de mobiliser une contre-force, une contre-manifestation»[16].
En l’espèce, cette rhétorique continue d’affirmer que ladite « Mosquée al-Aqsa » est le « troisième lieu saint de l’islam ». Mais cette confirmation n’apparait nulle part dans le Livre Saint. Aucun verset coranique ne valide cette thèse. Seuls quelques hadiths, retranscrits plus de deux siècles après la mort du prophète, la confirment. Mais ladite rhétorique évite de préciser que, du vivant de Mohammed, la surnommée «mosquée al-Aqsa», telle qu’elle existe aujourd’hui à Jérusalem, n’existait même pas. Un fait. Une idée vraie!
En effet, sans mobiliser ce que disent les premiers historiens d’autorité chez les sunnites, notamment al-Tabari, un paragraphe dans un livret de propagande, que je garde dans mes archives depuis le temps, intitulé «La mosquée sainte al-Aqsa», distribué par le CBSP (Comité de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens) dans les années 2000, précise: «Lorsque le calife Omar ibn al-Khattab vint à al-Qods [Jérusalem, ndlr], il voulut réserver une partie de la surface d’al-Aqsa pour la prière. Il choisit alors la partie sud orientée vers la Qibla [direction de la Mecque, ndlr] pour construire sa mosquée qui fut appelée par la suite, la Mosquée al-Aqsa. Quand le calife omeyyade Abdel Malik ben Marwane vint à al-Qods, il voulut bâtir une mosquée grandiose afin de mettre en valeur la grandeur de l’Islam d’une part, et concurrencer l’église Saint Sépulcre qui ravissait par sa beauté à l’époque, d’autre part. Il voulut enfin rendre hommage au lieu de l’ascension du Prophète Mohammed. Il bâtit ainsi le Dôme du Rocher en respectant le mode architectural de l’époque. Il restaure par la même occasion la mosquée bâtie par le calife Omar». Plus clair, tu meurs !
La construction de la surnommée «mosquée al-Aqsa», est l’œuvre du deuxième calife Omar ibn al-Khattâb. Ce que confirment les références historiques d’autorité, dit-on. Donc, elle n’existait pas à l’époque de Mohammed. Quant à la mosquée « Dôme du Rocher », elle n’a été construite qu’à l’époque du 5ème roi de la dynastie omeyyade. Donc, elle n’existait pas, non plus, à l’époque de Mohammed. Au cas où, je rappelle que le prophète de l’islam s’appelle Mohammed et non Omar ou Abdelmalik.
11- Le Dôme de l’illusion.
Ainsi, Nabil Ennasri — en supposant qu’il soit au courant de ces récits, relatés bel et bien, et dans les détails, dans des références historiques en arabe — ne pourrait pas les mettre en perspective car ils témoignent que les deux mosquées, situées dans l’espace nommé al-Haram ash-Sharîf (الحرم الشريف), le sanctuaire saint, n’existaient pas à l’époque du prophète. Je prends le risque de la réédition pour que ça rentre :
La «Mosquée al-Aqsa» aurait été construite à l’époque du deuxième calife Omar, pas avant. Quant au «Dôme du Rocher» — que j’ai surnommé le « Dôme de l’illusion » dans mon plaidoyer — il n’a été construit qu’à l’époque du 5ème monarque omeyyade, Abdelmalik ibn Marwan, au même moment que son armée, conduite par le commandant assassin al-Hajjaj ibn Youssef al-Thaqafi ait catapulté, en 692, la Mosquée sacrée de la Mecque — le premier lieu saint de l’islam.
La mission de ces milliers de soldats, qu’il a dépêchés pour mener un blocus contre la Mecque, était d’y déloger, par les armes et les mangonneaux, l’opposant politique Abdellah ibn az-Zubayr, un compagnon du prophète, petit-fils du premier calife Abou Bakr, le fils d’Asma, celle qui a joué un rôle capital dans la Hijra du prophète vers Médine. Sans aucun respect pour la sacralité millénaire de la Mecque, l’armée omeyyade a décapité ce vieux dissident. Sa tête coupée, fut expédiée, dans un sac à Damas, la capitale de la dynastie. Son corps crucifié au sein de ce lieu saint, servait de donner une leçon de barbarie à toute autre opposition. Au même moment que son armée ait détruit la Ka’aba, ses maçons érigeaient les murs les mosquées de Jerusalem. Quelle coïncidence !
En commentaire de cet épisode sanguinaire pour stabiliser le pouvoir politique des omeyyades, j’ai écrit: «Plus tard, des religieux se sont mis à l’œuvre pour effacer les traces du crime et doter la mosquée de Jérusalem de ce qu’il faut, comme textes apocryphes, lui attribuant le statut du troisième Lieu Saint de l’islam … Une pure fabrication qui a presque réussi à effacer, de la mémoire collective des générations successives, les sacrilèges omeyyades commis à la Mecque et à Médine … Ce nouveau totem omeyyade s’érige désormais comme un symbole de «l’islamité» prétendue de la question palestinienne, alors que le conflit, entre israéliens et palestiniens, est de nature politique. Ce totem participe de cette guerre des sacrés qui n’est toujours pas prête de s’essouffler.»[17] Ce n’est pas Nabil Ennasri qui me contredira alors que son propos est clair par ses silences, par ses confusions.
12- « Bayt al-Maqdis » est un patrimoine israélite.
En plus de l’argument «le troisième lieu saint de l’islam». L’islamiste décrit Jérusalem et sa mosquée, comme étant «la première Qibla»: la première direction de la prière. Là-aussi, le jeune politiste, pêche par simplisme et prend un slogan de la propagande islamiste pour une vérité historique. En effet, quant à l’argument évoquant le «fait» que le prophète aurait fait, dans un premier temps, sa prière en direction de cette «mosquée» imaginaire de Jérusalem, avant que cette direction ne soit réorientée vers la Mecque, des exégètes notoires, tels que al-Qortobi et al-Zamakhshari, entre autres, ne sont pas du tout de cet avis. Au moins, ils pointent bien plus que des divergences. Ils confirment, au contraire, que Mohammed, durant toute la période mecquoise, durant 13 ans, faisait sa prière en direction de la mosquée de la Mecque: la Ka’aba, vers « al-Bayt al-Atîq » (البيت العتيق), le Temple antique, cité deux fois dans le Coran.
Mais lorsqu’il est arrivé à Médine, qui connaissait une importante présence juive, contrairement à la Mecque, il s’est mis à faire sa prière, en s’orientant, 16 mois seulement, comme le faisaient les juifs de Médine, vers la direction de «Bayt al-Maqdis» (بيت المقدس), le Temple sacré de Jerusalem — un édifice cultuel qui n’existait plus physiquement à l’époque de Mohammed et qui aurait été construit, il y a plusieurs siècles auparavant, par le prophète-roi Saloman, le fils du prophète-roi David : deux prophètes israélites. Jérusalem n’était provisoirement que la deuxième direction et non la première.
Au-delà de ces divergences qui convergent vers le fait que Jérusalem n’était pas la première Qibla, comme le prétend par mimétisme Nabil Ennasri, ce dernier pourrait lire la sourate 107, surate des Qurayshites, une sourate mecquoise, qui dit, je cite: «[Que les Quraychites] adorent le Seigneur de ce temple [la Ka’ba], qui les a préservés de la faim et les a rassurés de la crainte»[18]. Comment était-ce possible que le Coran puisse mentionner la Ka’ba de la Mecque, et qu’en même temps, les croyants mecquois puissent s’orienter vers une toute autre direction, le Rocher de Jérusalem ?
Par ailleurs, on ne sait pas si l’orientation du prophète vers Jérusalem à Médine était sur ordre divin ? Le Livre Saint ne livre pas de réponse à ce sujet. Ou était-ce uniquement dictée par une volonté de Mohammed de se rapprocher des juifs de Médine, en vue de leurs montrer qu’il adore, comme eux, le même Dieu. Une manière de les inviter à se convertir, peut-être, en s’orientant à la même direction qu’eux. Quoi qu’il en soit, cela n’a duré que quelques mois avant que le prophète, très perplexe, ne s’oriente à nouveau vers la mosquée de la Mecque. Définitivement.
13- Omar, un calife du vivre-ensemble, vraiment ?
On voit bien comment la rhétorique islamiste efface, à dessein, toute cette complexité et promeut une vision simpliste et idyllique du passé qui arrange bien son discours et ses projections futures. Regardez, par exemple, comment Nabil Ennasri, dans ses «idées-force», parle du deuxième calife Omar, je re-cite: «Rappeler aussi la dimension du vivre-ensemble présente dès le deuxième calife de l’Islam, Omar qui avait établi un pacte de respect des croyances non musulmanes. Rappeler par exemple que c’est sous son califat que les musulmans ont laissé les juifs retourner prier à Jérusalem alors qu’ils en avaient été chassés depuis l’époque romaine.»
Ainsi, le calife Omar aurait été, à en croire Nabil Ennasri, un homme du vivre-ensemble qui aurait protégé les croyances et défendu le droit des juifs à retourner prier à Jérusalem. Le politiste ne devrait pas ignorer un document historique intitulé «Le pacte d’Omar aux habitants de Jérusalem» (العهدة العمرية لأهل إيلياء), remontant à l’époque de sa conquête de Jérusalem, dans lequel est écrit ce passage, je cite une traduction: «Ne résidera aucun Juif avec eux [les chrétiens, ndlr] à Jérusalem»[19]. Par ailleurs, et sans parti pris de ma part, des textes, notamment des hadiths, considérés comme authentiques par les sunnites, ne présentent pas le calife Omar comme un homme de vivre-ensemble. Bien au contraire ! J’en cite un, figurant noir sur blanc dans le recueil de Sahîh al-Bukhâri (Les authenticités d’al-Bukhâri):
«Omar ibn al-Khattâb fit sortir les juifs et les chrétiens du Hijaz. D’ailleurs, lorsque le Messager de Dieu avait pris le dessus sur Khaybar (خيبر), il voulut en faire sortir les juifs. En cette période, après la victoire, les terres de Khaybar revenaient à Dieu, à Son Messager et aux musulmans. Et comme le Messager eut l’intention d’y évacuer les juifs, ceux-ci lui demandèrent de les laisser en lui assurant d’assumer les travaux nécessaires à l’entretien de ces terres contre la moitié des fruits. «Nous vous laisserons, leur dit le Messager de Dieu, tant que nous le voudrons». En effet, ils y restèrent jusqu’au jour où Omar les fit évacuer à Téma (تيماء) et à Jéricho (أريحا)»[20] … al-Bukhâry précise: «En effet, ils y restèrent jusqu’au jour où Omar les fit évacuer à Téma (تيماء) et à Jéricho (أريحا)»!
Dans le recueil Sahîh de Muslim (Les authenticités de Muslim), il y a cet autre hadith, rapporté aussi par le calife Omar ibn al-Khattab, lui-même, qui raconte avoir entendu le prophète dire, je cite: «J’expulserai les juifs et les chrétiens de la péninsule arabique et je n’en laisserai aucun autre que les musulmans»[21]. Mais, le prophète ne l’a pas fait. Il a certes expulsé des tribus juives de leur chez eux, au terme de confrontations militaires. Mais, il n’a pas effacé la diversité religieuse au sein de la péninsule arabique. Les juifs du Yémen, les chrétiens de Najrân, n’ont pas été inquiété. Et c’est sur la base de ce hadith, dit authentique, que presque aucun autre compagnon n’aurait entendu de la bouche du prophète — mis à part un compagnon qui était très proche du calife Omar — que ce dernier a «expulsé» les juifs de chez eux, de Khaybar, pour les évacuer, curieusement, vers deux destinations en particulier: Tayma ou Téma (تيماء) et Jéricho (أريحا). Etonnant !
Dans un premier temps, «l’idée-force» selon laquelle le calife Omar aurait été un homme de «vivre-ensemble» se trouve fragilisée et contredite par l’expulsion des juifs de chez eux, par le calife Omar lui-même, vers d’autres destinations. Dans un deuxième temps, au vu de l’importance de ces deux destinations pour les juifs, on pourrait se demander légitimement, s’il s’agissait véritablement d’une expulsion, témoignant d’un refus du vivre-ensemble par le calife, ou plutôt, d’une aide et d’un service rendu aux juifs, pour qu’ils regagnent leurs terres bibliques sous couvert d’un hadith dit authentique. Vers Téma et vers Jéricho — comme le précise al-Bukhâry !
14- Et le calife conduit la reconquête de Jéricho !
En effet, dans l’Ancien Testament, Le Livre de Josué, on parle expressément dans de nombreux versets, relatifs à « a conquête de Jéricho »[22], de «Théophanie» , de «la prise Jéricho», de «Jéricho voué à l’anathème», de la prostituée Rahab, etc. Cette ville, la «ville des palmiers» selon la Torah, est la toute première ville du pays de Canaan, reprise par Josué et les israélites. Actuellement, elle est située en Cisjordanie, à une quarantaine de kilomètres de Jérusalem.
Quant à Téma (ou Tayma), elle est citée aussi dans le Livre d’Isaïe, La chute de Babylone: «Les habitants du pays de Téma sont allés avec du pain au-devant du fugitif»[23] lit-on par exemple. D’autres sources indiquent que les juifs de Téma ont été aussi « évacués », par le calife Omar, toujours vers Jéricho. Une question demeure : pourquoi vers cette ville de Canaan en particulier ? Pourquoi le calife Omar n’a pas choisi une autre destination alors qu’à son époque les conquêtes de son armée couvraient un large territoire califal ? Pourquoi ne les a-t-il pas évacués vers le Yémen qui connaissait une présence juive très significative, vers l’Égypte ?
Ce ne sont pas des questions simples, j’en suis conscient. Car elles sont de nature à déconstruire (ou du moins à fragiliser) de nombreux mythes qui alimentent l’idéologie islamiste, sa haine des juifs et son blocage de tout processus de paix au Proche-Orient, entre palestiniens et israéliens. Plus que ça, l’on pourrait déduire que le calife Omar, par le biais de cette supposée « expulsion » vers Jéricho, cette aide déguisée en expulsion, aurait voulu réinstaller les hébreux, en son temps, à sa manière — des siècles avant Theodor Herzl et son Premier congrès sioniste à Bâle en août 1897 — sur cette « terre promise » de Canaan qui représente dans le dogme biblique l’un des deux piliers — à côté de la circoncision — de l’alliance entre Dieu et le peuple juif.
15- L’énigme d’Omar.
Pour en saisir le sens, il va falloir explorer très attentivement cette piste et sans à priori. Mais avant tout, il va falloir ré-explorer la biographie même du calife Omar loin des récits fantasmés. Car ce personnage clé dans la construction de l’islam politique, depuis les derniers jours précédents le décès du prophète, étonne et suscite la curiosité. On peut remonter même jusqu’au jour de sa conversion à l’islam.
Ce jour-là, selon l’historien ibn Assaker, dans «L’histoire de la ville de Damas» (تاريخ مدينة دمشق), Omar ibn al-Khattab s’est rendu, avec fracas, chez sa sœur et son mari et, passant de nombreux détails violents, il s’est saisi d’un parchemin contenant des versets du début de la sourate 20. Lorsqu’il a lu le verset 8, je cite: «Il est Dieu ! Il n’y a de divinité que Lui ! Et Il porte les Noms les plus sublimes», il a dit: «C’est avec ça Moïse est venu»[24] ! Ce qui laisse supposer qu’Omar connaissait Moïse et la Thora avant sa conversion.
Un autre événement significatif, le jour de la mort du prophète, Omar était dans le déni total et refusait d’accepter que le prophète soit mortel. D’après le biographe ibn Hicham, Omar, furieux, a dit: «Il y a des hypocrites qui prétendent que le Messager de Dieu est mort. Certainement le Messager de Dieu n’est pas mort, mais il est allé à son Seigneur, comme Moise, fils d’Imran, lorsqu’il s’est éclipsé durant quarante nuits. Il est revenu après qu’on ait dit qu’il était mort. Par Dieu, le Messager de Dieu reviendra comme Moise est revenu, et il coupera les mains et les jambes de ceux qui ont prétendu qu’il était mort»[25]. Là aussi, la référence à Moïse et au récit biblique est étonnante.
Plus que ça, de nombreux hadiths pointent l’attirance d’Omar pour la Torah, du vivant même du prophète qui se mettait en colère contre lui. Parmi ceux-là, ibn Hanbal rapporte dans son recueil qu’Omar s’est présenté devant Mohammed, un jour, en portant une écriture biblique qu’il lut au prophète. Ce dernier s’est mis en colère et a dit: «Vas-tu t’y lancer, O fils d’al-Khattab ? Au nom de Celui qui tient mon âme dans Sa main, je vous ai apporté une religion parfaitement claire. Ne les interrogez sur rien ! Car ils [les juifs, ndlr] pourraient vous révéler une vérité que vous démentirez ou vous révélez un mensonge auquel vous ajouteriez foi. Au nom de Celui qui tient mon âme dans Sa main, si Moise était vivant, il n’aurait pas un autre choix que de me suivre.»[26]. D’autres hadiths accréditent cette attirance et décrivent comment Omar ibn al-Khattâb, assistait, de temps en temps, aux cours religieux israélites.
Un autre élément qui interroge : alors qu’aucun verset du Livre Saint ne prescrit la lapidation de l’adultère, contrairement à sa prescription littérale dans la Torah (le Pentateuque), al-Bukhâry, dans son recueil des hadiths, rapporte qu’un compagnon du prophète, un en particulier, a dit: «Je crains qu’après le passage d’une longue période quelqu’un dise: «Nous ne trouvons pas de lapidation dans le Livre de Dieu» et qu’on s’égare de délaisser une prescription révélée par Dieu. Sachez donc que la lapidation doit-être appliquée à quiconque commet l’adultère étant marié, lorsqu’il y a des témoins ou que la preuve résulte d’une grossesse ou d’un aveu. Sachez aussi que le Messager a appliqué la lapidation et nous l’avons aussi appliquée après lui»[27].
Le même al-Bukhâry rapporte que ce même compagnon, en particulier, a dit: «Dieu a envoyé Mohammed avec la vérité et lui a révélé le Livre ; et le verset se rapportant à la lapidation faisait partie de ce qu’Il lui a révélé. Ce verset, nous l’avons récité et nous l’avons bien saisi et compris … Le Messager de Dieu a bien appliqué la peine de la lapidation et nous avons fait la même chose après lui»[28]. Ce compagnon n’est autre que : le calife Omar ibn al-Khattâb. Le Livre Saint serait-il incomplet? Lui manque-t-il le verset prescrivant la lapidation? Ou bien, Omar n’aurait-il pas confondu les prescriptions de la Torah de Moïse et les prescriptions du Livre Saint révélé à Mohammed?
16- Un plan secret à trois ?
Plus que ça, il est curieux de constater comment le calife empêchait des conteurs, tel que Abou Hourayra, de rapporter des hadiths, durant son mandat, et comment il permettait à Kaâb al-Ahbar, un rabbin yéménite qui se disait converti, de tenir une chaire pour diffuser son savoir talmudiste au sein même de la mosquée du prophète à Médine. Dans un hadith, par exemple, cité dans le recueil d’ibn Abi Chaybah (مصنف ابن أبي شيبة), on raconte comment le calife Omar est rentré un jour à la mosquée alors que Kaâb prêchait et diffusait son savoir issu de ses connaissances israélites. Et Omar de s’assoir et de lui dire: «Kaâb, de grâce ! Voudrais-tu bien nous faire peur ? » Et Kaâb de leur parler du jugement dernier, de l’enfer et de ses supplices en s’adressant à Omar: «Et même si tu avais accompli l’œuvre de soixante-dix prophètes, ô toi Omar ibn al-Khattab, tu penseras que tu ne seras pas sauvé!»[29]
Le même Kaâb al-Ahbar — à qui j’ai consacré un long passage dans mon plaidoyer — était le guide touristique du calife Omar à Jérusalem. Et c’était lui, selon les historiens et notamment al-Tabari[30], qui avait montré au calife l’emplacement approximatif de «Bayt al-Maqdis» et du fameux « Rocher » à Jérusalem puisque ladite, «Mosquée al-Aqsa» n’avait pas d’existence physique et que c’était le calife, lui-même, qu’il l’a construite en suivant les indications topographiques de Kaâb al-Ahbar !
Les sunnites surnomment le calife Omar «al-Fârûq» (الفاروق). Ils prétendent que c’est le prophète lui-même qu’il l’aurait surnommé ainsi. Car, selon cette version, sa conversion aurait été un moment clé de séparation du vrai du faux : al-Fârûq voudrait dire, entre autres, celui qui sépare le vrai du faux. Mais il y a une autre version, qui me paraît plus crédible, qu’appuie le récit de l’historien al-Tabari. Celle-ci laisse entendre que ce sont les hébreux, particulièrement Kaâb al-Ahbar, qui l’a surnommé ainsi. al-Tabari rapporte ce propos de Kaâb qui s’était adressé au calife Omar, lors de la conquête de Jérusalem, en lui disant qu’il était «al-Fârûq», annoncé depuis des siècles par un prophète israélite, qui devait apparaître et venir jusqu’à Jerusalem pour la nettoyer, étant donné que les romains avaient transformé le «Rocher», sur lequel on a construit un dôme, en un lieu-poubelle à ciel ouvert.
Certaines sources font le rapprochement de ce surnom au terme biblique «Paraclet» (Paracletus en latin, الفارقليط) — celui que l’on appelle au secours. Dans l’Évangile selon Saint Jean, il est écrit: «Lorsque viendra le Paraclet, que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui vient du Père, il me rendra témoignage»[31]. Ainsi, l’évacuation des juifs de Khaybar, par Omar ibn al-Khattab, vers la ville biblique Jéricho, à quelques quarante kilomètres de Jérusalem paraît ici tel un secours, tel l’œuvre d’un « Paracletus », « al-Fârûq » qui a rendu un service aux juifs de son époque. Ils priaient depuis toujours: «L’an prochain Jérusalem». Le calife Omar les avait entendus.
Par conséquent, deux choses l’une : ou alors ces récits sont apocryphes, auquel cas, il va falloir faire tabula rasa et cesser toute lecture sélective de l’histoire d’un passé lointain. Ou bien, ces récits relatent bien des faits historiques, auquel cas, les islamistes, devraient expliquer pourquoi s’entêtent-ils à reconnaître aux israéliens leur droit historique d’exister à Jéricho, à Canaan, là où le calife Omar, les a installés, durant les premières années de son califat, non sans le concours de Kaâb al-Ahbar et d’un certain Mouawiyah, son gouverneur à Damas ? Le trio Omar, Kaâb et Mouawiyah semble détenir de nombreux clefs de compréhension. Un jour peut-être, je serai prêt à éditer mon prochain essai: «Palestine : les mythes fondateurs» dont le présent article dévoile un aperçu des questions à creuser davantage.
17- Jérusalem n’appartient à personne.
Le 5 octobre 1995, en séance plénière au Knesset, lors de la discussion de l’accord intérimaire, dit Oslo II[32], Benyamin Netanyahou, l’actuel premier ministre israélien, avait «tiré à boulets rouges» — rapporte Charles Enderlin — sur le premier ministre de l’époque Yitzhak Rabin, prix Nobel de la paix: «Votre rupture avec la tradition d’Israël est la véritable origine du comportement de ce gouvernement, pour qui Hébron est une ville arabe, la Judée et la Samarie, la Cisjordanie, et le Golan une terre syrienne. Monsieur le premier ministre, vous avez dit que la Bible n’est pas votre cadastre…»[33]. Et Rabin de répondre: «Soyez précis, ne mentez pas ! C’est vous qui avez renoncé au Sinaï, où le peuple d’Israël a reçu la Torah ! ». Et Netanyahou de poursuivre: «[…] Seuls ceux qui se sentent des envahisseurs étrangers se comportent ainsi envers la terre de leurs ancêtres comme si c’était de l’immobilier, un fardeau dont faut se débarrasser […]»[34]. Cela montre bel et bien comment l’argument religieux est mobilisé sans retenue et comment ce qui peut paraître monolithique, de l’extérieur, cache en vérité des lignes de fractures au sein même du camp israélien, entre ceux qui souhaitent la paix et ceux qui restent emprisonnés d’une vision du monde, ancienne de 3000 ans.
En dehors du Knesset, des manifestants traitaient Rabin de «Traître !» Un mois plus tard, jour pour jour, le 4 novembre, à la fin d’un grand meeting organisé à Tel-Aviv par la gauche israélienne, soutenant les accords de paix, Yigal Amir, un étudiant de l’extrême-droite nationaliste, a assassiné Yitzhak Rabin, et l’espoir de paix avec. A Washington, deux semaines avant, le 23 octobre, les américains adoptèrent le « Jerusalem Embassy Act of 1995″, que Donald Trump a mis en exécution la semaine dernière, démontrant encore une fois, le jeu trouble des États-Unis et son parti pris récurent.
De part et d’autres, côté juif ou côté musulman, côté israélien ou côté palestinien, les récits religieux et leurs mythes bloquent tout et provoquent périodiquement des violences et des guerres. Tant que le paradigme religieux demeure la référence pour tracer les frontières entre pays (ou pour les effacer) ; tant que la Torah pour les uns et les hadiths pour d’autres se substituent au droit international, aucune solution de paix n’est à espérer, ni aujourd’hui, ni demain. Tant que les uns ne relativisent pas leur théorie du «peuple élu» et ses mythes ; tant que les autres n’abandonnent pas leur théorie de la «meilleure communauté» et ses illusions, une paix durable, sur la base de deux états, ne sera hélas pas pour demain. On continuera d’enterrer les morts et de faire semblant de ne pas en comprendre la cause.
Quant au statut de Jérusalem, alors que les blocages sont d’ordre religieux, mes amis juifs, si certains parmi eux persistent à ne pas vouloir écouter, par l’oreille de l’humanisme, la souffrance du peuple palestinien, qu’ils écoutent au moins d’autres voix israéliennes, et pas des moindres, comme celle de Shimon Peres qui a écrit: «Il faut à mon sens abandonner toute souveraineté politique sur les lieux saints pour y installer une souveraineté religieuse. Il faut reconnaître cette zone comme capitale mondiale ouverte dans laquelle chaque religion peut conserver et gérer ses propres lieux saints : églises, mosquées, synagogues»[35]. Quant aux autres zones et quartiers de Jérusalem, il a proposé qu’Israël conserve la souveraineté politique sur la «Jérusalem juive»[36], contenant 10 quartiers. Les 8 autres quartiers, écrivait-il, constituerons «la Jérusalem arabe, al-Qods, capitale de l’Etat»[37] palestinien.
Il faudrait certainement écouter aussi la voix de Tsvea Walden, la fille de Shimon Peres qui avait déclaré en mars 2017, je cite: «Par définition, Jérusalem n’appartient à personne. Il faudra trouver un moyen de rendre cette ville internationale, accessible à toute religion et à toute croyance. Pourquoi Jérusalem appartiendrait entièrement et exclusivement au peuple juif et à Israël ? Pourquoi a-t-on besoin de posséder quelque chose pour en faire sa capitale ? On peut être attaché au pays, à Jérusalem sans en être pour autant le seul propriétaire. Beaucoup de juifs qui ne vivent pas ici considèrent pourtant Israël comme leur pays, leur patrie.»[38]
18- Enfin, …
J’aimerais que mes coreligionnaires et amis musulmans repensent tous ces textes religieux, qui sous-tendent ce conflit millénaire. Tous ces textes producteurs de tant de drames, de tant de violences. J’aimerais qu’ils osent, face à de tels sujets cruciaux, des idées vraies et non pas des idées-force. «Tous les mythes s’appuient sur une idée-force»[39] écrit Alain Rey dans «L’amour du français». Si toutefois, ils ne peuvent pas ouvrir leurs esprits sur le soleil de l’universel, qui ne tourne pas, Dieu merci, sur les textes de références des uns et des autres, qu’ils soient au moins cohérents.
Je me permets, en conclusion, cette remarque-interrogation (de mauvais goût, je l’avoue): Comment peut-on accepter d’emprunter, très volontiers, de la tradition juive la circoncision[40], l’un des deux piliers de l’alliance biblique entre El Shaddaï, Dieu, et les israélites — qui n’est citée nulle part dans le Livre Saint, un peu comme Jérusalem et la Palestine — et leur refuser, en même temps, l’autre pilier, de cette même alliance, qui leur donne le «droit» de s’approprier la terre de Canaan, y compris Jéricho, Jérusalem et toute la Palestine ? La sainte cohérence voudrait que si on accepte le marquage du corps, par la circoncision, tel qu’il est décrit dans le « Cycle d’Abraham » dans « La Genèse », il va falloir accepter d’en reconnaître aussi la contrepartie. Il faut savoir ce que l’on veut. Il n’est pas possible, disent les espagnoles, de «vouloir la femme saoule et le vin dans le tonneau»!
Notes bibliographiques :
[1]-http://www.alalam.ir/news/ -الدفاع-الماليزي–جيشنا-مستعد-للتحرك-من-أجل-القدس
[2]- https://www.congress.gov/104/plaws/publ45/PLAW-104publ45.pdf
[3]- https://www.slate.fr/…/ambassade-americaine-israel-jerusalem
[4]- https://tempsreel.nouvelobs.com/…/obama-jerusalem-sera-la-c…
[5]- http://www.lemonde.fr/…/barack-obama-souhaite-que-jerusalem…
[6]- https://tempsreel.nouvelobs.com/…/obama-jerusalem-sera-la-c…
[7]- http://www.france24.com/…/20120906-convention-democrate-jer…
[8]- https://www.youtube.com/watch?v=EUsgK6V_-yc
[9]- https://www.i24news.tv/…/126736-161001-hommage-peres-la-mai…
[10]- https://twitter.com/RMCinfo/status/939022982067798016
[11]- https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do…
[12]- https://www.facebook.com/EnnasriNabil/posts/1443849059064942
[13]- Livre Saint, 17, 1 : traduction faite par Mohamed Chiadmi, Éditions Tawhid, Lyon, 2004, p.282
[14]- Livre Saint, 17, 89-96 : traduction faite par Mohamed Chiadmi, Editions Tawhid, Lyon, 2004, p.291
[15]- Mohamed Louizi, Plaidoyer pour un islam apolitique : immersion dans l’histoire des guerres des islams, Éditions Michalon, 2017, Paris, p.164-165.
[16]- https://books.google.fr/books…
[17]- Mohamed Louizi, Plaidoyer pour un islam apolitique : immersion dans l’histoire des guerres des islams, Michalon, 2017, Paris, p.37-38.
[18]- Livre Saint, 107, 3-4
[19]- Une traduction de ce pacte est disponible ici : http://www.islamophile.org/…/Le-Pacte-de-Umar-aux-habitants…
[20]- Al-Bukhâry, Les hadiths authentiques, traduction : Harkat Ahmed, Editions al-Maktaba al-A’sriyyah, Beyrouth, édition 2006, volume III, hadith n° 2338, p.284-285
[21]- Lire en arabe, ici : http://library.islamweb.net/newlibrary/display_book.php…
[22]- La Bible de Jérusalem, Les Editions du Cerf, 2008, Livre de Josué, la conquête de Jéricho, 6-1 à 7-26, p.313-317
[23]- La Bible de Jérusalem, Les Editions du Cerf, 2008, Livre d’Isaïe, Oracles sur les peuples étrangers, 21-14, p.1272
[24]- https://books.google.fr/books… فإنه+يعلم+السر+و+أخفى+قال+قلت+بهذا+جاء+موسى &source=bl&ots=xxEWU3oVtg&sig=sLCOQv-sGKfhaaKIM6c_AwjC3-k&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi7nv_K3oHYAhXMDsAKHZ9GBTIQ6AEIJzAA#v=onepage&q&f=false
[25]- http://library.islamweb.net/newlibrary/display_book.php…
[26]- http://library.islamweb.net/hadith/display_hbook.php…
[27]- Al-Bukhâry, Les hadiths authentiques, traduction : Harkat Ahmed, Editions al-Maktaba al-A’sriyyah, Beyrouth, édition 2006, volume VIII, hadith n° 6829, p.224
[28]- Al-Bukhâry, Les hadiths authentiques, traduction : Harkat Ahmed, Editions al-Maktaba al-A’sriyyah, Beyrouth, édition 2006, volume VIII, hadith n° 6830, p.228
[29]- http://library.islamweb.net/hadith/display_hbook.php…
[30]- Lire en arabe ici : https://ar.wikisource.org/wiki/تاريخ_الطبري/الجزء_الثالث…
[31]- La Bible de Jérusalem, Les Editions du Cerf, 2008, L’Évangile selon Saint Jean, 15-26, p.1811
[32]- http://www.acpr.org.il/…/44-Zero-isr-pal-interim-agreement.…
[33]- Charles Enderlin, Paix ou guerres : les secrets des négociations israélo-arabes 1917-1995, Fayard, 2004, p.718-719
[34]- Ibid.,
[35]- Shimon Peres, Un temps pour la paix, un temps pour la guerre, Robert Laffont, Paris, 2003, p.174-175
[36]- Ibid.,
[37]- Ibid.,
[38]- http://www.laprovence.com/…/la-fille-de-shimon-peres-israel…
[39]- https://books.google.fr/books…
[40]- Je recommande la lecture de ce texte, pour comprendre le sens de ma remarque-interrogation : http://mlouizi.unblog.fr/…/le-juste-prix-de-la-terre-promi…/
Je me permets de vous féliciter; M. Louizi, pour la qualité de votre publication.
Vous démontrez, ce qui est capital, que seule la connaissance peut aider à la prise de conscience !
Puissiez-vous ne pas vous décourager dans votre entreprise difficile mais salutaire !
Bonjour, et encore merci pour vos articles que je découvre, hélas, trop rarement par manque de temps, mais dont la lecture, chaque fois que j’en découvre un, me semble essentielle !
En même temps éclairante, tout en restant accessible – et nous rappelant que nous faisons tous partie de la même histoire, celle de l’humanité.
Moi aussi, je joins à ce souhait : ne vous découragez pas ! Les hommes de bonne volonté, comme la vérité et la raison, finissent toujours pas gagner.
« la fragilité de nombreux résonnements » je dirais raisonnements, mais peut-être est-ce intentionnel. Je finirai l’article plus tard.
Bravo pour vos analyses dument référencées, elles sont rares par ailleurs.
Je vous ai découvert récemment en faisant l’acquisition de votre dernier essai, après un article vous concernant dans « Le Point ».
C’est également mon intime conviction, la pratique spirituelle, cultuelle et politique de l’Islam doit être impérativement dépoussiérée, revue et corrigée, sinon le risque, dans quelques décennies (le temps que la fièvre tombe), est de voir s’amoindrir le nombre de musulmans et surtout de pratiquants, ce qui a mis quelques siècles dans les autres religions abrahamiques (n’oublions pas que nous vivons à l’ère où l’information circule à la vitesse du photon).
Encore merci !!!