Non à toute intervention militaire de la France en Syrie !***
14 04 2018Par : Mohamed Louizi.
Lorsque le site de la chaîne qatarie Al-Jazeera (la voix de l’internationale frérosalafiste) s’agite frénétiquement, depuis quelques heures, autour d’une très probable intervention militaire, contre le régime syrien, par les trois régimes américain, britannique et français, cela voudrait dire que les jihadistes que soutiennent le Qatar et la Turquie, depuis le début de la crise syrienne, peuvent commencer à espérer et, pourquoi pas, voir la vie en … vert. Les échanges téléphoniques entre le trio Macron-May-Trump se sont accélérés. Al-Jazeera jubile …
Des frappes aériennes conjointes seraient à l’ordre du jour. La raison mise en avant se résume à la volonté de ce trio de « riposter » contre une récente attaque chimique, attribuée au régime de Bachar al-Assad, alors que, primo, ce régime dément officiellement toute implication directe dans ce carnage et que, secondo, aucune enquête menée par l’ONU n’a pointé, à ce jour, la responsabilité de ce régime. D’autant plus que dans ce bourbier sans nom, et dans son entourage immédiat, nombreux sont ceux qui peuvent en être à l’origine pour provoquer cette réaction et en profiter pour servir leurs desseins et leurs intérêts communs.
Souvenons-nous qu’en 2003, les américains et les britanniques avaient usé de mensonges éhontés pour légitimer la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein. La France de Jacques Chirac avait dit : « Non à la guerre ! ». Le discours historique de Dominique de Villepin avait honoré la France devant le monde entier. Aussi, souvenons-nous de l’intervention militaire en Libye, sous Nicolas Sarkozy, et la situation irréversible dont laquelle tout le Nord de l’Afrique (et l’Europe) ont été entraînés depuis. A la marge de la récente mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l’affaire du présumé financement libyen de sa campagne électorale de 2007, on ne peut que douter légitimement des vraies raisons de cette guerre qui n’en finit pas. Va-t-on assister à une nouvelle manipulation de l’opinion publique pour légitimer une guerre dont on sait au préalable à qui elle va profiter ? Va-t-on reproduire les fautes du passé récent ?
Une chose est certaine : depuis au moins 1989, depuis la chute du Mur de Berlin, à chaque fois les armées américaine et européenne se sont associées pour intervenir dans le MENA, sous prétexte, soi-disant, de défendre le droit international, la liberté et la démocratie, elles n’ont fait que consolider le pouvoir politique des islamistes et plonger la région dans le chaos. Certes, l’intervention en Syrie pourrait conduire, à terme, à la destitution de Bachar al-Assad, tout comme la destitution en 2003 de Saddam Hussein et en 2011 de Kadhafi. Toutefois, la démocratie ne naîtra pas en Syrie sous les bombes franco-britanno-américaines. Comme les Talibans en Afghanistan, ce sont les frérosalafistes de Jaych al-Islam (جيش الإسلام), « l’Armée de l’islam » (voir photo ci-dessous), et les jihadistes de l’ASL (l’Armée syrienne libre), alliés d’Erdogan contre les kurdes, qui prendront le pouvoir et dicteront leur loi. Ils n’oublieront pas, le cas échéant, de venir remercier la France. Leurs émissaires armés viendront exprimer leur gratitude à Paris et en province. Un « président-philosophe » dira non à cette sale guerre aux conséquences néfastes. A moins que …
*** : Billet publié sur ma page Facebook le 10 avril 2018 : https://www.facebook.com/mohamed.louizi/posts/10216324176881985
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