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« La critique traditionaliste des régimes part des droits divins et non des droits humains »

28122009

Nasr Hamed Abou Zeïd. Professeur d’études islamiques :

« La critique traditionaliste des régimes part des droits divins et non des droits humains »

Pour le spécialiste des études islamiques, Nasr Hamed Abou Zeïd, le Coran ne peut être interprété qu’à la lumière des événements qui ont marqué l’expansion de l’Islam du vivant du Prophète. L’Islam, en tant que doctrine religieuse, affirme-t-il, porte l’empreinte de l’époque à laquelle il a été élaboré par les fouqaha, les docteurs de la foi. La défense de cette thèse dans ses écrits a valu à Nasr Hamed Abou Zeïd, dès 1993, l’hostilité des intégristes religieux de l’institution académique cairote. Cette hostilité prendra la forme d’un refus de le titulariser dans le grade de professeur. Elle se prolongera, au dehors de l’université, par une plainte réclamant sa séparation d’avec son épouse, sous prétexte qu’il avait déclaré son apostasie et qu’une musulmane, aux termes de la loi égyptienne, ne peut être mariée à un non-musulman. Cette plainte aboutira à la dissolution, par arrêt judiciaire, de son mariage avec Ibtihal Younès. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, en arabe et en anglais. Son livre Critique du discours religieux est paru en français aux éditions Sindbad/Actes Sud en 1999.

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Vous défendez une interprétation non littéraliste du Coran et appelez à n’en retenir que ce qui constitue des valeurs fondamentales. Si on appliquait votre proposition, que resterait-il comme spécificité à l’Islam par rapport à d’autres religions ou systèmes éthiques ?

Il y a des penseurs qui distinguent dans le Coran entre des aspects primordiaux et d’autres accessoires, marginaux. Ce n’est pas mon cas. Ce à quoi j’appelle, c’est à interpréter ce texte et d’autres textes religieux fondateurs, en tenant compte du contexte historique (de leur production, ndlr). Cette démarche est sous-tendue par une conception précise de ce que c’est que la Révélation. La Révélation est principalement une communication, le plus souvent non verbale. C’est ce sens général qu’elle a dans le Coran. L’élément humain est donc nécessaire à son accomplissement. Dans l’histoire de la théologie islamique, toute l’importance a été accordée au divin, au détriment de la dimension humaine de cette communication. Il ne s’agit donc pas de distinguer une interprétation littéraliste d’une autre qui le serait moins, mais d’insérer tout le phénomène (coranique, ndlr) dans son contexte historique. C’est cela qui nous permet de saisir la nature de la communication entre Dieu et les humains auxquels il s’adresse. Car, rappelons-le, le Coran ne s’adresse pas au seul Prophète, mais aussi aux associationnistes koraïchites, aux musulmans, aux chrétiens, aux juifs, etc. Cette multiplicité de récepteurs, et d’autres éléments encore, font du texte coranique un texte riche, pluridimensionnel et si complexe, qu’aussi bien la méthode d’interprétation littéraliste que celle non littéraliste nous paraissent d’un grand simplisme, d’une grande naïveté. Insérer le discours de ce texte dans son contexte historique ne signifie pas en retrancher telle ou telle partie. C’est là la propagande des adversaires de cette méthode. Il faut éviter de confondre l’Islam avec le Coran. L’Islam n’est pas le Coran. Il est l’intitulé d’une époque historique qui a suivi la Révélation. Naturellement, comme la connaissance de l’époque pré-islamique est importante pour la compréhension du Coran, il est important de savoir comment les générations anciennes l’interprétaient. Mais porter sur ce texte un regard historique est plus important. L’Islam des Arabes qui ont quitté la Péninsule arabique (lors des conquêtes musulmanes, ndlr) était ce qu’on pourrait considérer comme un embryon de religion : la foi en l’unicité divine, des principes moraux primordiaux, etc. L’Islam n’a pris la forme qu’il a fini par prendre que grâce à l’interaction entre cet embryon et les civilisations des pays où il s’est répandu.

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Les piliers de l’Islam ne sont pas au nombre de cinq !

4122009

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Texte écrit par : Al Sadek Al-Nayhoum (1937-1994)

Traduit de l’Arabe par : Mohamed LOUIZI

L’une des grosses lacunes du fiqh (jurisprudence dite islamique) est cette obsession des fouqahas (juristes, canonistes) de confirmer obstinément que les piliers de l’Islam sont au nombre de cinq. Aucun de ces piliers ne concerne en outre, la gouvernance politique et la gestion des affaires publiques.

En effet, au nom de la théorie des « cinq piliers de l’Islam », si le citoyen atteste qu’il n’est dieu qu’Allah ; s’il accomplit la prière ; jeûne le mois de Ramadan ; s’acquitte de la zakat (aumône obligatoire purificatrice) et accomplit le pèlerinage à la Mecque, ce citoyen devient « musulman » aux yeux des fouqahas et de leurs conditions juridiques. Et ce, sans tenir compte de ce que pourrait subir ce « musulman » [à cause du régime politique dit islamique en place] ainsi que ce qu’endureraient ses enfants.    

D’emblée, il faut annoncer que cette théorie ne s’appuie, au moins dans sa formulation littérale connue, sur aucun texte explicite du Coran. Elle se fonde seulement sur un hadith rapporté par un compagnon du prophète, surnommé Abou Hourayra. Cette théorie a pu être appliquée et transmise, malgré ce constat, tout au long des quatorze siècles derniers et aussi jusqu’à nos jours.

Certes, pendant cette longue période, des billions de musulmans ont fait la prière, ont jeûné le mois de Ramadan, se sont acquittés de la zakat et ont accompli les actes du pèlerinage, toujours avec prudence et en prenant toutes les précautions évitant tout effondrement de l’un ou de l’autre de ces cinq piliers.

Cependant, le résultat de cette longue expérience historique démontre simplement que l’Islam [originel] lui-même s’est effondré depuis l’ère omeyyade, [depuis exactement quatorze siècles]. Elle révèle aussi que le citoyen « musulman » a vécu « musulman » sous la domination d’une famille féodale et militarisée – exactement comme le sujet du pharaon qui a passé ses jours sous les jougs de son seigneur. La famille omeyyade était une famille tyrannique et impérieuse qui dépensait l’argent public sur les généraux de l’armée, en privant de la sorte, le citoyen ordinaire de ses droits élémentaires à la sécurité sociale et en lui coupant la main s’il vole et la tête s’il ose engager une parole d’opposition !

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